Dimanche 27 janvier :
Hangover sound
Grand jeu sans frontière des bloggers mangeurs de
disques
5eme
édition
C'est pas la messe, c'est
pas du bronze, c'est pas du marbre... c'est pas du toc, c'est pas d'la tarte,
c'est pas donné, c'est pas d'l'amour non plus... mais alors qu'est-ce que
c'est... je vous l'demande... bah, c'est une grosse gueule de bois! (Dimanche
matin enclume, ça craint, un disque pour soigner les gueules de bois.)
Dans mon armoire à pharmacie, il y a
des disques de Paul McCartney, un en particulier. Le dimanche, alors
que le troupeau est rappelé à l'ordre par les cloches, je sors du
cageot avec les cheveux lourds comme la lune, des poils qui ne sont
pas à moi. J'ai encore ces cris de joie, ces sourires de baleines
aux haleines sucre de canne de la veille. Des mains sur l'épaule,
des discussions utopiques, des aveux en aparté, des regards qui en
disent long. Une longue descente dans le grisé.
Paul a 64 ans quand il sort « Chaos
and creation in the backyard », "When i'm sixty four", c'est ici,
son plus beau disque. Comme si un jour il avait pris rendez-vous avec
lui.
George Martin lui présente Nigel
Godrich. Jamais personne ne lui avait parlé comme ça, bousculé,
Paul adore, il jouera de tout, comme en 70 et 80, jusqu'aux tubulars
bell d' « English tea ». Tout remettre en question,
comme un dimanche matin d'enclume, la gueule percutée par un
bulldozer, la pantoufle caterpillar.
Cette fois-ci l'insolence n'est
pas pour l'icône. Il est confronté à la franchise, malmené, il
sortira le meilleur. Pour la première fois depuis les Beatles, Paul
aura la voix de son age, l'intimité qu'on lui veut, il assumera le
temps dissimulé, les années condensées, amassées, il va cesser de
se faire passer pour l'éternel jeune homme. Une pause à la
gaudriole crane, la noblesse d'un jeune homme qui a vieilli. Du coup,
le disque n'est pas sombre, mais mélancolique, nostalgique. La
preuve, la guitare sur « How kind of you » est la même
que sur « Paperback writer ». Certaines mélodies (« Too
much rain ») ont le sourire de « We can work it out »,
« Yesterday » « The long and widing road »,
« Maybe i'am amazed ».. du romantisme Polo à l'état pur
en nappes fantomatiques trainent sur le mur de cet album. « Jenny
Wren » a les ailes du « Black bird ». Jenny en
pastille Rennie pour l'estomac. « A certain softness »
berce mes sténoses avec son paracétamol slow. Des arabesques
mélodiques jamais égalées, de la dentelle harmonique. Un sachet de
smecta pour neutraliser les acidités, « Riding the vanity
fair » quel breuvage doucereux. Une plongée dans l'intime,
loin du brouhaha de la veille, des airs surannés comme il aime,
mielleux « honey pie ».

Tous ces médocs me soulagent, je
regarde à travers la fenêtre, cette mini-cour face à la salle à
manger. Des visions grises, Michael le frangin qui capte en clichés,
Liverpool.
Quelle gueule de bois !!
Un citrate de bétaine pour mon lobe
hépatique... merde, y'en a plus.. tant pis je vais faire bouillir un
citron et boire cette infusion.. « English tea ».. limon.
Dommage pour ceux qui assistent à mon
apparition post-matinale, je mets pour la énième fois « Chaos
and creation in the backyard »..oui je sais, encore et encore.
Mon armoire à pharmacie est vide. Je ne participe pas à l'essor
charognard des industries pharmaceutiques.. il y a juste ce disque
pour moi.
Lustral, de l'aspirine à prendre par
les oreilles. Tellement familier ce chant, si rassurant, je tiens
debout, miracle, j'ai honte, pourquoi infliger une telle souffrance à
la mémoire de nos cellules ? Le cytoplasme bat les tempes, je
prendrais bien une Mc Ewan's !!!
« Follow me »....... allez,
j'ai des stouts plein de frigo....
Paul McCartney 2005 « Chaos and
creation in the backyard » label : mpl
Tout le monde a déjà Chaos !! alors
prenez le temps de regarder cette heure de grande maitrise
artistique.....