mardi 29 octobre 2024

The Hard Quartet - 2024

 


Un paquet d'étiquettes viennent s’engouffrer dans ce quartet irrésistible. Le truc qu'on aurait pu dire qu'il s'agissait d'un nouveau groupe de petits branleurs en herbe à la sauce revival comme il y en a à la pelle. Le délire a pour noms Malkmus, Sweeny, White (en Jim) et Kelly, s'il vous plaît. Du coup, on déchire les étiquettes de cette vieille fringue chopée en circuit court, et on se mange ce brûlot pop à la casquette rock bien trempé et vice versa.

Vieux branleurs donc et un batifolage total, une grosse addiction guette quand on chérit tout ce beau monde qui gravite et s'entrechoque autour des quatre vieux garçons dans l'avant. Toujours aussi frais .. si si, ou alors c'est moi, nous, eux, ne pas vieillir. Mûrir ouaih tant qu'on nous emmerde pas avec le « O » du même mot, « Kill by death ».

C'est une belle petite saloperie qui tombe du ciel, un truc parfait pour se foutre de presque tout, d'aller pointer, de la raideur de ses lombaires, du gris du ciel qui s'installe pourvu qu'on n'ait plus la flotte, des magasins qui dégueulassent les citrouilles de boules et de guirlandes à sapin, des actualités et de mon transat que je n'ai toujours pas rangé couvert de mousses et de moisissures.

Les étiquettes arrachées jonchent mon lopins de boue, elles gigotent au milieux des feuilles mortes à l'appel. Non je suis pas vieux, The Hard Quartet aurait pu être des gamins à rétroviseur en manque de super son de tout temps, genre les troublants The Lemon Twigs pour ne citer qu'eux.

Super groupe qu'ils disent.

Très très bon album en boucle infernale.

Mûrir oui, mais sans le « o ». 

 


The Hard Quartet 2024 « The Hard Quartet » .. disque de l'année.

dimanche 27 octobre 2024

Jethro Tull - 1988

 


La brume mange la moitié du paysage, à cette hauteur de château d'eau on ne voit pas à 100m. Il faut redescendre à hauteur d'arbuste pour voir s'allonger devant soi les parterres de cyclamens. Le brouillard va si bien à la chlorophylle qui se barre, la pluie dégueulasse est d'une lâcheté. Brouillard, brume et bruine, un vrai petit temps à explorer la discothèque.

Et ça tombe bien, je viens de recevoir un coffret 5 vinyles, un truc que j'ai mis plus de 20 ans à me rappeler que je n'avais jamais pu mettre la main dessus. À l'époque, souvent des champs de batailles pour aller pécher des sorties, des sous à trouver pour de beaux objets rétrospectifs. Aujourd'hui, s'ajoute au streaming, les sites d'échanges où l'on peut quasiment se démerder entre nous. Vinted des fringues ?? pas que. Qui m'a conseillé ce site pour compulser les vieux disques ? Pour quelques kopecks je clique des coups secs jubilant, secoué de petits soubresauts compulsifs et vieux toc d'acheteur d'opus que je croyais disparu.

En 1988 je n'avais pas encore découvert Jethro Tull. Lorsque je mis la pogne dessus, les « 25th anniversary 1968 - 1993 » sortaient dans une boite à cigares. Obligé, je lorgnais sur la grosse compilation sortie 5 ans auparavant. Je venais de jeter au feu mes sapes de bidasses avec dans le fond des poches la volonté d'y jeter du morlingue dès que possible. Tant d'années après, Vinted depuis quelques semaines seulement pour moi et l'idée utopique d'y trouver « 20 years of Jethro Tull ». Loin des cotes, la foire à tout, on veut se débarrasser. Une aubaine. Venez à moi la décote, une demi-molle rien qu'avec la rétine. 

En ce week-end maussade du ciel, je m'enferme avec mon adolescence pour causer un peu avec mon impatience d'alors, ma frustration de jadis, ma faim de naguère. La folle flûte en transe pour me souffler qu'il est mieux appréciable aujourd'hui. D'ailleurs les 2 derniers opus CD sont là aussi avec toute la discographie, mais il est question de 20 ans aujourd'hui, de ma puérilité guillerette très mature (du coup) à tenir dans les mains un objet que je n'avais même jamais vu en rayon, promontoire ou moult brocantes maintes fois visitées. Mais je cause, j'ai encore 3 galettes à écouter avant de ressortir la boite à cigares pleine de CD.


Compact Disk pour les 25 ans, la version vinyle pour les 20 donc, et ces inédits, surtout celui-là, le « Part of the machine » très construit, à la limite du heavy celtique et du prog médiéval.. bah l'étiquette du Tull en fait. Et du coup, j'en découvre d'autres à jamais n'avoir osé le peer to peeré, « Coronah » par exemple. Un truc d'ancien, les Anderson's guy ne soulèvent plus beaucoup d’intérêt depuis pas mal de temps. Balec, je ne lâcherai rien, je jubile sur une patte.


Tiens, il fait nuit plus tôt aujourd'hui, le ciel retombe de plus belle, une purée sans nom. Les salauds, ils ne m'auront pas, la buée sur les vitres, à moins qu'il ne s'agisse du brouillard, de la bruine ou de la brume, je patauge dans mon Tull comme on danse sur les pointes ou fabrique sa moustiquaire.





Jethro Tull 1988 « 20 Years of Jethro Tull » sur Chrysalis

jeudi 24 octobre 2024

Neil Young 2024

 


Les canards ont envahi les champs. Les maïs ont les pieds dans l'eau. Anatidés tout étonnés de zigzaguer entre ces graminées.

La terre est endolorie, comme une noyée qu'on a sauvée, étendue sur la berge, le teint blême, les cheveux plaqués, toutes les fringues lessivées. L'ultime averse de pluie a fait déborder l'évasé.

Mon paysage est un rescapé, l'automne est tiède et tout embué. On respire mieux en haut du coteau, on voit les canards qui flottent sur ces nouveaux lacs. Les champs s'étendent et brillent de ces milles morceaux de verre cassé éparpillés qui reflètent. Le limon soiffard cuve comme il peut. Va falloir sevrer tous ces angles et soigner les lopins avant la prochaine douche.


À quelques traits de ciel d'ici, un autre déluge fait frémir la surface de l'eau. Quelle frustration pour une goutte de pluie de tomber dans la mer. Quel gâchis, à quoi bon. Un coup rien, la corde raide dégringole dans l'immense flotte qui ondule, découragée, disparaître et attendre à nouveau un autre tour pour remonter là-haut, un autre plongeon pour un bourgeon, poussé par le vent. Se faire déguster par une cellule, pousser la floraison, se faire butiner, s'envoler puis planer pour remonter sur un courant d'haleine chaude.

Hier, j'ai acheté une nouveauté, « Fuckin'up » de Neil Young.

mardi 22 octobre 2024

Dominique A - 2024


 

Sacralisé, sacré Graal. Une telle évidence.. « Au revoir mon amour » sonnait déjà comme cette chose haute en émotion. La mémoire est intacte, avec en plus une couche par dessus, l'envergure, le platine, la grande maturité déracinée pas piquée des pâquerettes.

Le noir bleu intense est resté accroché au monde réel. Un rayon sur le crane, entre de beaux bouleaux verruqueux, la chemise s'est nappée d'un beau vert-olive, et la lumière tape. Une nouvelle. Le tout en haut, tout condensé en cinématographique, pas le droit à l'erreur, l'envergure, l'acoustique, l'émotion. Tellement évident.


Dominique dans les grandes plaines, au pupitre, intime et symphonique, sur les ondes, le grandiose, chevauchons l’histoire. Indélébile comme l'encre. Se permettre, s'oxygéner, rétroviser comme sur un écran géant à voir défiler. En cascade depuis des mois, Memento, Rezvani, Gabriel Auguste, H-Burns, Hugues Pluviose...partout, constant.


Consécration, je suis totalement remué d'émoi. Ébranlé. Les beaux reflets du monde réel, on grimpe un peu plus dans le flagrant. L'éclatante ballade de Domnique A.


Dominique A 2024 « Quelques Lueurs » sur Cinq7

jeudi 17 octobre 2024

King Crimson 1971

 



Tous les bovins de la prairie se sont abrités sous le grand saule. Le Salix est seul à régner au beau milieu du carré vert. Ses longues branches larmoyantes semblent caresser l'échine blanc poilu des taures immobiles. Elles sont soyeuses d'ici et la lumière les encercle.

On entend le vent qui s'engouffre dans le houppier qu'octobre a cuivré. Un son mélancolique de sax ondule jusqu'aux orées.

On dirait une île que berce le son d'une basse flûte volage ou d'un hautbois endormi. Une trompette solennelle les fige, avachi sur ma barrière je les observe sans être pour autant écorniflé par l'idée du Cow-boy. Lassé sans lasso je laisse les bêtes accrochées à leur île, je rebrousse chemin, l'air des Crimson dans la tète, un nuage de voix lactée dans le sifflet.


King Crimson 1971 « Islands » sur Island records

 

mardi 15 octobre 2024

Max Richter - 2024

 


La baume n’a pas suffi la pluie est venue jusqu'à moi. Gouttant et ruisselant dans ce mince abri j’ai vu la plaine se mettre à l’envers. Du cobalt dans la chaume, l’abscisse désordonné et le gris argenté qui fait trembler les peupliers. J’ai laissé passer la nuée longue d’une demie révolution. Le vernier a perdu son roulement, je n’ai plus l’échelle du temps, tout s’est enraillé et ma cachette s’est immergée.

Le débit des eaux a pris mes jambes à son coup, de la crème dans les flaques, un généreux café au lait coule dans le lit, tout est clapotis, gorgé et saturé. Mes pensées boueuses se diluent, la moindre envie est endormie.

À mes côtés, la Picride fausse-épervière me murmure de douces mélodies jaunes, tout est doux et tiède, j'attends la dernière goutte pour sortir, sûrement au petit matin.


Max Richter 2024 « In a Landscape » sur DECCA

mardi 8 octobre 2024

David Toop - 2006 - "Ocean of Sound" 1995

 


« L'ambiant est la musique sans rythme, allant de Terry Riley aux interludes des disques de hip-hop ; une musique tribale où les tambours lointains se superposent aux bruits de la forêt, au sonore ambiant, où les cris d'animaux distordus se mélangent au grincement des insectes nocturnes ; c'est une trame qui s'inscrit, comme les chansons des tribus aborigènes, dans le paysage, avec la nature. Un circuit tracé comme un cri, qui se répète en boucle de sampler, déformée et granuleuse..... L'ambiant comme fourre-tout de la musique intelligente, provocante. Une musique anti-club à jouer dans les clubs, comme transition, comme épice, comme acte de résistance et de subversion, un défi. »


Une fois n'est pas coutume, je propose ici les mots de Raphaël VALENSI, un bout de sa préface pour « Ocean of Sound » de David TOOP. Ce recueil sur la musique ambiante est une fantastique épopée, une immersion totale dans le genre, un témoignage sur ce son qui a ondulé depuis plusieurs décennies, avec des creux, des hauts, des retours en force dans les années 2010 avec des couleurs et des lumières différentes. J'ai eu ma grosse période ambiante dans les années 2000, je flottait en haut de cette vague, TRAXX ou TSUGI sous le bras. Je louais tout, achetais les opus conseillés et je me laissé happer par tous ces field recordings, ces tableaux sonores allant de l'insecte à l'orage, les nappes sous les drones, les crépitements sur les claviers, ces tranches de vie dans les micros, les oiseaux dans la neige de Watson, le bruit moléculaire d'un matériau...

J'ai une caisse de galettes avec tout un univers chantant sans mélodie, je sors des trésors de rêves de tout horizon, le « Texture in glass tubes and reed organ » de Minoru Sato ; le « Seven year silence » de Ronnie Sundin ; le témoignage sonore de l'exploration polaire de Simon Turner Fischer « The great white silence »; l'intrusion forestière d'Aaron Martin « Worried about the fire », l'abrasif Thomas Köner sur Type « Nunatak – Teimo - Permafrost » ; Eno dans son aéroport ; « Musique pour statues-menhirs » chez les anciens Arbouse recordings ; les ouvres d'Eleh ; Fabio Orsi et tous ces confrères italiens ; ou encore le « travail sur la visualisation du son et l'oscillation des ondes sonores en relation avec les forces de la nature... le son et l'imagerie des phénomènes naturels tels que les mouvementz du soleil, des nuages, de lamer et du vent » de Ducan Nilsson-Pinhas et Per Svensson (sur Galerie Jeune Creation Edition en 40 exemplaires). A nouveau d'autres mots inscrits au dos de ce dernier opus :

« Le son d'une mer en furie couvre la totalité du spectre sonore : c'est le bruit blanc, addition de toutes fréquences. Cependant ce spectre semble changer constamment ; parfois les vibrations profondes dominent, puis ce sont les sifflements aigus. Lorsque la mer se fait inoffensive, le rythme remplace le chaos. Elle expire enfin à l'horizon dans un murmure, se mêlant au plus douces musiques ».

C'est un monde fantastique qui s'ouvre sur des mots, un mouvement inépuisable qui prend ses racines chez Debussy, infini. Allia édition aussi sait en témoigner : « L'art du bruit » de Luigi Russolo ; « Modulations, une histoire de la musique électronique » de Peter Shapiro ou encore « La révolution digitale dans la musique, une philosophie de lamusique » d'Harry Lehman. Des océan de mots sur des ondulations. De quoi s'armer pour passer l'hiver.


Il est question d'un livre à la base. « Ocean of sound », puis d'un monde discographique qui dégringole, étourdissant. De mes écoutes je me concentre sur Toop du coup et j'aurais pu vous parler de l'abyssal « The shell that speaks the sea », ou du musical « Apparition paintings », du parlé « Field recording and fox spirits », mais je suis resté ankylosé par le chamanique et planétaire « Sound body » enregistré en 2006 lors de son passage chez David Sylvian et Samadhisound. Instruments, voix et machines. Expérimentations, collages, flûtes et oscillations, textures et délicatesse. Hypnotique, contemplatif les yeux fermés, un voyage surdimensionné. 

 

David Toop 2006 « Soud Body » sur Samadhisound

lundi 7 octobre 2024

Samana 2024

 


Rebecca Rose et Franklin sont venus ensorceler ma soirée d'octobre au coin du feu. Toutes les flammes les plus diaboliques pour assécher la sueur des yeux et le crachin du ciel. Samana est une découverte impromptue, des airs de Yorke - Perry Blake - Other Lives au coin du feu quand l'automne qu'on ne désire pas s'invite en chien.

Le buée sur les vitres est une distillation lacrymale, la chiale alambiquée qu'on foule avec des bottes, à défaut de prendre une grosse allevasse dans la trogne. La cloche sonne en bas du bourg, les fusils résonnent dans les plaines, il va falloir passer l’hiver. Toute est goutte, le sauvage imbibé gicle comme on bave devant la beauté du monde. « Into the wild » qu'ils disent. « An album that explores notions of ceremony, the transposing of grief, the subconscious mind and the philosophy of dream-time » qu'ils disent aussi.



Samana 2024 « Samana » sur

https://www.samanaroad.com/music

https://samana.bandcamp.com/

samedi 5 octobre 2024

The Walkabouts- 2000

 


Françoiz et Dominique pour tirer ma charrue. Glitterhouse aussi, et surtout Carla et Chris.

Au début, l’œuvre aurait dû s'appeler « Songs from Continental Europ ». Des reprises, et ce chef d’œuvre s’appellera « Train Leaves at Eight ».

Des guests et le groupe. The Walkabouts, s'il vous plaît. Outre Atlantique d'ici à la sauce Americana, « Cowboy in Sweden », les Calexico avec Amor et Thomas, cet album est une pépite.

Lo-Fi sec, un régal, y'a même du Brel dedans, en blind test pour des soirées éventuelles. Inépuisables de Seattle découvert pour moi avec « Ended up a Stranger ».

Je viens de survoler quelques frontières, cultures et couleurs, plaines et massifs, nord et sud, vertes et cuites, toujours les mélodies qui nous relient et des groupes qui les relisent.


The Walkabouts 2000 « Train Leaves at Eight » sur Glitterhouse

Thomas Köner 1993

  La croûte gelée se ramollit, ventre flasque et tiède respiration. Le ciel se charge de l’halènes des Steppes, le silence gronde. Notre ...