mercredi 17 juillet 2024

Bob Dylan - 1979



 

Je suis resté sur le pont, quelques passages de nuages à guetter le TGV. J'ai toujours eu une affection particulière pour le train. Au fond du jardin de mon grand père cheminot les Paris-Le Mans passaient. À cet endroit ils commençaient à avoir un élan assez bruyant pour habiter mes nuits en vacances chez eux. Ma vie d'étudiant, mes décennies professionnelles, toujours le train pour y aller.

Mes vadrouilles sur deux roues de par ici, toujours je zigzague autour de la même ligne celle qui longe la vallée de l'Eure. Ce matin comme chaque fois que le vent est au sud, c'est la ligne TGV que je côtoie, celle qui longe l'autoroute A10 soulignée par une chaîne d'éoliennes. Sur un pont, non loin de Saint-Léger-des-Aubées, je fixe mon ravitaillement en haut et j'attends qu'une chenille métallique à grande vitesse me passe en dessous. Je rumine ma compote et je me souviens des descentes à grandes enjambées vers le fond du jardin de mes grand parent pour voir le train corail passer, celui que je prends encore très souvent pour gagner Montparnasse.

A pomper ma pomme en bouillie un seul pied à terre, je contemple la plaine, le panoramique des grandes largeurs qu'un printemps plus que maussade a laissé gorgé de vert plus qu'à son habitude. Les disques de mes freins font de petites mélodies d'harmonica quand je bouge doucement d'avant en arrière. Quelques faucons m’observent alors que les corbeaux ont fui ma présence. C'est un doux filet de musique qui grince sous ma pédale. Je tente une harmonie, une boucle histoire d'accompagner ce vent fort qui va me pousser dans quelques minutes. Je suis grisé par mon field-recordings diatonique, je joue un peu avec les freins histoire de travailler les tonalités, les rafales se succèdent alors qu'au loin, dans l'autre sens, je vois le museau pointu d'un nouveau bolide qui se dessine.

Rassasié et contenté, j'accroche ma deuxième pédale et repars arpenter mes chemins herbeux. Des marées de graminées n'arrivent plus à boire toutes ces pluies, saoules elles dansent jusqu'à plus soif. La terre grasse est amoureuse, je laboure un peu, je moissonne avec mes pneus, les bruits ont changé, je foule une marée d'herbes folles, des nuances de vert, le bleu ciel me toise, des grosses masses de coton dedans, tout est frais, venteux, je respire comme on s’enivre. Les alouettes dansent je vais rejoindre les hirondelles du centre bourg et m'éloigner de l'acier en rails.

Je vois au loin la flèche de mon bercail. Je vais la contourner encore un peu avant d'aller m’asseoir haletant et vidé pour écouter cet album que j'affectionne « Slow Train Coming », pas uniquement pour le train qui avance dans l'histoire d'un continent, mais aussi pour cette chanson qui gamin me fascinait, dans mes souvenirs mon entrée chez Bob ; « Man gaves name to all the animals ». Mark Knopfler est aux manettes, un album de haute tenue, des trains partout.


Bob Dylan 1979 « Slow Train Coming »


5 commentaires:

charlu a dit…

Il a produit qq opus à l'époque.. Ferry, DeVille.. un petit son de gratte au fond.

DevantF a dit…

Une de tes plus belles scènes, j'ose à peine commenter davantage. Bryan Ferry? Ça je ne le savais pas, je vais chercher juste pour l'oreille, entendre le son Mark est toujours un plaisir.

Echiré79 a dit…

Un bien beau texte que tu nous offre là
et je vais me replonger dans cet album avec plaisir en te relisant
Paps

Charlu a dit…

Yes..pour Ferry c'est le sublime "Boys and Girls".. il est dedans et cause sent ..sur "Valentine" notamment.

Charlu a dit…

Merci Pap's 😜

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