Tu préfères Bowie ou les Pixies ??
de « Cactus », la reprise ou l’original ??
Impossible personnellement de me prononcer. Puis RED arrive, enfin,
DER et un nouveau cactus, celui en question. Je suis dans le RER et
j’écoute le der de DER enfin la nouveauté d’Olivier Lambin,
alias RED que je suis depuis le début du nouveau siècle et son
« Felk » irréversible.
Des collaborations, des omniprésences,
des scènes qui tremblent, et puis mon chevet avec dessus tout le
temps son « Social Hide and Seek » .. mais je ne vais pas
ressasser, sauf peut-être pour rabâcher et redire que le
dithyrambique et la visibilité pourraient quand même le choper au
passage de ce nouvel opus Lo-Fi merveilleusement sec et fou. Red is
not dead, Der is here, et mon rocking chair me brûle les reins,
super son dans ma tête.
Je reformule ma question .. de
« Cactus » des Pixies, tu préfères la version DER ou
BOWIE ??
DER 2022 « Supersound »
label : Beast / Bisou records.
Beaucoup trop de lumière couve les
œufs, Pâques au balcon, juin au salon. Les rayons aux volets tapent
dur, dehors c'est aveuglant, dans les jardins c'est chocolat, à
l'ombre des arbres, a-t-on déjà vu fondre une cloche aux creux des lourds sillons d'une grasse matinée ?
J'ouvre mes volets, je tire la
persienne, le café diffuse. Ce n'est pas que le radieux me rebute, non,
bien au contraire, me lever aux horreurs sera pour après demain.
J'ai mal aux yeux, mes pensés de granit alourdissent mes savates,
mes gestes sont volontairement ralentis, je suis ébloui.
Cerné d'illuminations, je prends une
belle bouffée d'air frais à l'ombre de la marquise. Des parfums de
prunus, de lilas et d'humus trempé connectent mes circuits lymphatiques.
Immédiatement je me dirige vers
l'étagère « Geographic » du collectif, une envie d'ondes pastels me
saisit, nacre huileuse et brise délétère, je respire à pleine
gorge.
Dehors c'est chocolat donc, beurre de
cacao mêlé aux effluves de colza. Derrière moi c'est caféiné.
Les écossais de The Pastels
m'accompagnent. L'album, celui illuminé sombrement par les teintes
de chocolat au lait, blanc, et mon petit serré qui coule. Je plane
vaporeux, une pop lumineuse me cajole à l'intérieur, alentours et
au dessus de pas mal de choses. Je suis tendrement injecté par leur
intimité, par les frileuses guitares planantes, à peine froides.
Conquis à nouveau, subjugué une fois de plus, je vais laisser
traîner cette matinée de printemps estival au son sublime de leur
illumination parfaitement bancale, fragile et touchante.
Pastels pascal chocolaté, comme la pochette pleines de
lueurs.
The Pastels 1997 « Illumination »
label : UP/Domino/SubPop.
Perforé au flan, un point de côté en
plein spleen, je marche plié en deux, « The ballad of .. »
me fait mal, j'émerge et pleure la levée du jour. La bouée Lo
garde la tète de Pete hors de l'eau et c'est beau, on touche au
sublime, on tangue, la magie opère, on croit couler mais on flotte
et glisse sur cette huile tourmentée à peine philharmonique.
S'il n'y avait que celle là, à peine
la joue sèche, le fantôme Syd Barett se pointe avec le poignant
« Yes I wear a mask ».
Même dès la première note, Pete et
Fred nous attirent à travers la fraîcheur visqueuse de ce
bouleversant disque noir et blanc... « The ballad of.. »
j'y reviens et retourne comme le ressac.. c'est sûr le manoir sous
le ciel cendré est à quelques enjambées du littoral.
La combinaison est parfaite, la fusion
troublante, Lo'Do et je me demande pourquoi cela a moins fonctionné
avec Bill Pritchard, "Rendez-vous Streets" était pourtant pas mal.
Deux albums solo pour chacun d'entre
eux. « Hallelujah! » le dernier de Lo est passé inaperçu
et pourtant on devine l'écriture, le sens de la mélodies et des
harmonies. son CV est tout chargé de collaborations et
d'arrangements, quant à Do, on ne revient plus sur son passé.
Je l'ai vu un peu partout,
dithyrambique il part comme des petits pains, un certain succès
s'est accaparé de cet opus miraculeux. J'en suis, 12 chansons, entre
2 et 3min50, plié, insolent, talentueux, racé, mélancolique, 37min
tout séché, romantisme à la française, élégance à la british..
in the pocket ou plutôt dans la Manche.
Peter Doherty & Frédéric Lo 2022
« The Fantasy Life of Poetry a Crime »
Voilà une autre belle chose
extraordinaire qui valait l'effort. L'objet fantastique qui m'a
plongé dans le manque d'écrire et de donner envie, transmettre dans
ma sphère, proposer. L'automatisme d'écriture à chaque écoute
s'est envolée et à l'écoute de ce Parcels les phalanges m'ont
démangées. Et puis je suis resté engourdi à le ressasser pour
comprendre, sans écrire à sa sortie. Comprendre comment il était
encore possible de créer de tel chef d’œuvre musical alors qu'au
fil des ans, j'ai l'impression que tout a déjà été inventé, la
surprise devenue obsolète. Et bien, nenni, certes, les étiquettes
s'accrochent en guirlande autour de ce clair/obscur lumineux, mais
sous ce « Day / Night » jouissif j'ai l’impression
d'être bien ailleurs, un poil au dessus de tout, avec cette
plénitude, cet espace totalement rempli, du planant, du disco, du
prog, du groove, de la fraîcheur, de l'harmonie, du jazz, des
remugles Daft Punk, du Steely Dan avec la voix de Sinkane, une épopée
mélodieuse, un double album cinématographique. Subtilement
complexe, évidence solaire, Owen Palette aux arrangements.
Je sais, il est déjà caché des
vitrines, rangé des bagnoles cet album important, mais il faut quand
vous dire qu'hier il a neigé sur le colza en fleur, blanc saupoudré
sur le jaune à peine pétant, comme un œuf mimosa qui réveille les
papilles.. alors avec quelques larges lopins et vastes arpents
devant mon vis-à-vis, je reviens sur ma frustrations à l'achat de
ne pas avoir eut le courage d'écrire et de vous poser là, sur mon
zinc, cet opus complet, ce double album définitivement adopté.
J'ai l'affligeante impression qu'il est
déjà digéré, assimilé et régurgité ce disque. Pas plus mal du
coup de pouvoir en parler des mois après les ondes médiatiquement
dithyrambiques. L'éphémère du plébiscite, l'ingratitude des
applaudissements quand tous à peine silencieux passent à autre
chose et pourtant il résonne encore.
Ils sont très jeunes, ils sont
australiens, « Day / Night » est leur deuxième album,
comment se retenir de déambuler joyeux et sérieux sur les avenues,
sentes ou autoroutes à l'écoute ce grand bijou.
Parcels 2021 « Day / Night »
label : Because music