Il s'agirait de prévenir nos cœurs fragiles. Opéra pop tragique dans un écrin, la lumière dans le plus bel affolement. Rosalia me propulse dans un autre espace temps émotionnel. Gorge sépia quand mon grand-père écoutait de l'opéra dans une autre langue et que seule l'émotion me muselait le bec. Je voyais la fébrilité sans rien comprendre. Les effets je les avais, il me semblait comprendre en frottant la viscosité des larmes entre mes doigts. Il me reste des ondes lyriques dans le plasma. Sinon, pourquoi « Lux » me fout par terre.
La langue aussi, celle principalement qui sépare géographiquement mon socle de mes amours fraternels.
Je n'aime pas les comédies musicales, et pourtant je la vois chanter et danser avec l'orchestre invisible dans son tourbillon à elle. Cinéma sûrement. Almodovar des grands clochers. Une histoire d'amour dans une hacienda. Des héros, des filles brunes, à peine une petite flamme & Co, la grande héroïne Rosalia, comme une Amalia des contrées de Fundao qui tient un pays debout....Andalousie, collines de la Castilla y Leon, Salamanca le long des arêtes de la Guadarrama... ma boussole s'emballe.
La jugulaire fébrile, « Lux » me traverse, rien pour m'accrocher, ni lutter, je suis au milieu de rien, à travers tout, je flotte et chute, respire à nouveau, avant la petite apnée de son Christ italien qui pleure des larmes de diamant. La note est atteinte, l'opéra vibre. Nous sommes dans les loges.
Et je repars encore, tout dans mon sillon, sans franchir la ligne de Vilar Formoso, je suis descendu vers Badajoz. Marvao et Castelo do Vide sur mon épaule droite, les beaux villages du bout du monde où j'aime aller déposer mon acidité.
Poupée de porcelaine, mon âme safran souffre sur « Memoria », un fado avec Carminho et mes yeux ont pris tous les fleuves de la péninsule, Duero, Tejo qui veulent l'océan aveuglément, plutôt que la mer. Chœurs lointains dans les murs d'une église ou d'un château, je vais me rapprocher de la Huelva et attendre que le soleil tombe pour boire la belle lueur qui incendie l'Algarve. J'irai demain m'échouer plus haut sur Barcelone.
Rosalia 2025 « Lux »

7 commentaires:
Et bien je ne sais pas ...
Je suis un peu circonspect, ayant du mal à être dedans et parfois pourtant emporté.
Faut que je réécoute et peut être apprivoise...où pas.
ça s'explique pas. J'avais pas de souvenirs énorme avec elle, sauf qu'elle a côtoyé Refree.. et puis les conseils appuyés d'un pote pour qui c'est pas son style..me suis dis merde..ça doit être qqchose. A la première écoute je suis entré en euphorie, la prod, le chant, la langue..jusqu'à sangloté sur le fado avec Carminho, mais là je suis pas crédible pour avoir éclusé mes yeux dans les rades lisboètes. Bref, ça accroche grave ou pas.
Je me suis jeté d'abord sur Barghain pour recevoir la claque, un peu too much, mais entendre Bjork m'a fait un drôle de chouette effet. Ensuite j'ai repris l'album qui évite justement le too much, une belle voix et un album tellement différent du précédent qui m'avait bien emballé - un peu comme le Litlle Simz - mais celui ci joue souvent la carte émotion: émotion + arrangement. Bien content de mes temps d'écoute.
En fait, plus j'écoute, plus c'est difficile de le défendre tellement je suis dedans. Au début, j'ai vu Bjork et j'ai dit à mon pote..ouh la la , sans moi, j'me barre. Il m'a dit..nan, tkt c'est juste le morceaux le plus soulant du disque.. et du coup je zappe "Berghain" :) Pour le reste, ça doit être un affect assez perso. J'essaye de trouver pourquoi je fonds, comme j'ai pu le faire avec Zaho par exemple. La résonance, la note, la pierre et la fonte qui va avec ....
"Barghain" c'est pas que pour l'Opéra, quand tu aimes Meat Loaf tu es prêt à tout
Ecouté et même plusieurs fois, bcp de surcharge d'émotions avec cette voix mixée très en avant (normal, culturel et la petite astuce du r'n'b qui permet cette proximité vocale consistant à ne pas mettre la reverb après la voix mais avant, ce qui permet de l'amener et de lui donner ce grain de présence quasi palpable), toute cette electro embarquée pour un orchestre de synthèse et de samples absolument génial.
Bref , une bien belle découverte.
Björk ? anecdotique face à l'ensemble.
merci
Merci Pax pour l'explication technique. Je m'en sors pas avec ce disque, me suis laissé piéger comme un bleu 🤣 bjork, heureusement que c'est marqué ds les crédits. La grâce des choeurs, prod, orchestre,..bref un paquet d'ingrédients parfaits. Le truc spécial pour moi, c'est que je connais rien delle avant ce Lux.
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