Petit huis clos,
canape-chaussons et pochette foireuse, titre pas inspiré, ça part
mal c't'affaire.
Pourtant, dès la
première note le charme balaye toutes les premières impressions,
même celle d'une platine qui tourne mou, ondulé un poil.
Des tonnes de
flemmardises et des petits morceaux confortables, complètement
séduisants. Tellement de demos l'habitent, des airs de cowboy
urbain, JJ Cale anesthésié, Nick Wheeldon joyeux, même sur « Five
Eay Hot Dogs » en 2023, Mac n'avait pas eu la force de
chanter.
Oui mais voilà, la magie
Mac opère, imparable, croustillante. Le sens de la mélodie. Merde,
j'ai la flemme de me lever tourner la galette. Touchez pas à la
platine, ça tourne normal, Mac est lui, DeMarco est là. On est
bien.
À JJ-Johanson, on
remplace une pincée de mélancolie par une once de jazz ambiant,
trip hop toujours en sourdine. On ôte un voile de délicatesse à la
voix et joint quelques cuivres agiles, « The Coldest Man
Alive » de Peder Pedersen est un diamant sonore, une
petite merveille d'album, la belle découverte du jour.
Miraculeusement nappé de dorures crémeuses, mais pas trop, une
petite perfection.
Une arborescence d'écoute
m'a menée vers cet artiste danois. Son CV n'avait rien pour
m'attirer. Souvent quand je ne sais pas quoi écouter, je sors un
coffret Nova, de la « haute musique », tout s'est arrêté
sur un morceau, et moi sur cet album. J'vais m'la péter lors de la
prochaine soirée entre amis, ce n'est pas de la musique de fond,
c'est tellement plus, ils vont tous me répondre JJ Johanson, normal,
l'équilibre est parfait et le moment délicieux.
Country alternative du
Vermont. Je commence direct technique car cet album me tombe dessus
et je n'ai rien sous les dents qui puisse mettre en herbe cette
petite dinguerie. Avec le bouquin de Luke Haines, je me suis un peu
enlisé dans ses délires avec l'impression d'avoir visité une
secte, allant jusqu'à écouter ses arborescences musicales,
notamment Peter Buck etc. Je change d'air, sorti de tout ce
« bancal » foutraque radical et narcissique, Greg Freeman
chante son « Burnover », il m'a ouvert les
portes donnant sur un ciel éclatant, populaire avec beaucoup d'air à
respirer.
Comme c'est une
découverte, je cherche et farfouille et tombe sur son premier et
précédent album qui me plaît plus encore. Je plonge dans ma came
Oldham-Lytle-Sparklehorse-etc-etc avec du Molina dedans.
Je reviens sur « Rome,
New York » et je vais me nettoyer les enceintes avec ce
rock outre-atlantique pêchu comme il faut, tendre comme il fait
tiède, De Marco, Kurt Vile, Kevin Morby… à ranger avec.
Fait un peu chaud
finalement, les glands tombent mais pas les marrons, je sais pas
pourquoi je dis ça, y'a plus de calendrier, mais je vois quand même
à peu prêt où on en est avec tout ce merdier. « Curtain »
m'enchante, et je vous laisse sur « Gone... ».
Juste quelques petites
infidélités, un autre ciel discographique de temps en temps, moi je
ne connais Chesnaux que sous un ciel constellé. « Say
Laura » est un instant particulier plus encore. Son
jazz décortiqué, volage et éthéré, l'Epiphone lui va si bien.
Des cœurs d'éponges en douces émulsions de basalte. L'intimité
s'est installée, j'ai arrêté tout ce que je faisais et j'ai
contemplé. C'est comme un tableau qu'on ne voit jamais de la même
façon, un Nick Drake ondulé. Chaque écoute change la lueur et de
lumière. Oblique ou en applique elle prend tout et nous farde, « Say
Laura » plus que les autres, tellement de choses
ressenties.
C'était il y a trois
ans, rien à changé et tout s’acclimate. Juste avant de sortir
prendre la moiteur d'un été au vestiaire, plus beau encore qu'un
paradis alangui, « Say Laura ».
Eric
Chesnaux 2022 « Say Laura » sur
Constellation
La voûte se démantibule,
la cogite s'attise et finalement cet automne de mi-août a son petit
charme. Toutes ces feuilles jaunes tombées sans calendrier, les
mêmes feuilles à terre qu'aux étés de la Saint-Martin, mais
croustillantes ici, cuites en plein vole. Paysage inattendu.
Le sol chips se gausse un
peu des grillons fatigués, les pas saccadés crépitent et rythment
la tiédeur molle, une belle musique anachronique voltigeante voile
la bouillante rondelle jaune, le ciel devient synthétique émoustillé
par les clapotis des libellules qui barbotent. Les vesces se
trémoussent sous mes pas craquants « Est ce que tu
dors ? ».
Ce duo m'enchante, entre
le monde de Burgalat et les rêves organique de Tellier.
Toutes ces feuilles qui
jonchent déjà. Moi, bien loin d'une « Crise
d'aaaangoisse » je danse dedans, il faut se faire à
l'idée, il va falloir écoper un moment donné, je reste dans leur
bulle, je suis accaparé et intrigué. « Maréeternelle »
est un instant fantasmagorique, Citron Citron une découverte.Et quelle pochette !!
Clarinette sur le bilan,
costard dans les graminées, un peu too much le lapin sur le piano.
Aucune fleur bleue dans les hautes herbes, pourtant je le suis à
fond sur cette chanson, depuis un paquet d'années. Pourquoi l'impact
de celle-là ? J'en sais rien, mais elle m'embarque toujours,
flon-flon et re-flon-flon en cuivres gras et petit orchestre pop de
bal musette quand tout le monde est presque rentré depuis quelques
lampées d'une niôle locale qui rend fou. Le jour a beau mettre
minable les derniers lampions qui vacillent et bavassent, tout n'a
pas été résolu.
Pas grand chose à
retenir de cet album, il est d'époque, et y'en a tellement des
« Lucile », peut-être « La musique se
lève à l'ouest ». Je n'ai aucune idée de la répercussion
de Chamfort à ce moment-là, « L'amour tsé-tsé »
.. insupportable. Lui aussi, souvent.
« Mariage à
l'essai », rien que celle-là, Chamfort aux notes, Rivat à
l'écriture. Un vieux mariage, je suis fou, je déteste l'idée des
unions administratives et religieuses, j'ai joué le jeu début 90's,
c'est passé comme on attend son tour pour valider son ticket de
loterie. J'aime bien l'idée aujourd'hui, de cette journée pénible,
ce truc qu'il fallait abroger le jour suivant pour mieux s'unir, ce
vieux bois qu'il faut lasurer tous les jours, ce sentiment d'être un
ancien combattant et d'aimer quelque soit le métal et la pierre. Ce
n'était finalement pas une mauvaise idée.
J'ai une troublante
anecdote avec ce vinyle. Aucune raison au début des 90's, qu'il soit
dans le garage de cette famille-là, immigrée depuis 20 ans, à Lucé
en Eure-et-Loir. Un Johnny encore, ou un Eddy, mais Alain !! Je
n'ai jamais su d'où il venait, pourquoi il était là. Quand mon
beau-père a disparu en 1992, nous avons perdu la trace de ce
33tours. Je demande souvent ce qu'il est devenu, le disque, qui l'a
chapardé, revendu ou gardé précieusement pour la nostalgie. Il
n’empêche depuis, je dors toujours auprès de sa fille avec mes
vieux rêves.
Je viens de trouver sur
Vinted le 1er des 3 coffrets pour autant d'euros que d'années de
mariage pour moi et la fille du garage d'Augusto à Lucé avec dedans
entre autre, le deuxième LP d'Alain Chamfort. Il a disparu avec lui,
qu'est ce qui foutait là.. le disque. J'y pense souvent. J'écoute
uniquement cette chanson de cet album. Elle est belle. Je fais tout pour que la fête continue même si
tout le monde dit qu'on est fou.
On se recroqueville
derrière des cicatrices, quelques chansons belles comme des
amulettes tournent comme les saisons. On repasse tout, je cherche la
faille, je me vautre et lutte contre les amours en fuite. Des leçons
à farfouiller mes déraisons, je me mets des coups de savates dans
l'âme comme on brame le glas, je m'enlise dans le déni.
Spleen de Tristan en
longues heures de tristesse. Je ne m'y ferai jamais.
J'écoute, je me noie, un
morceau m'échappe, il tape dans la poitrine, je vérifie d'où vient
« La prière », mon
streaming chiale et je fouille parmi mes galettes. « Marlène »
appelle à la génuflexion, foutre de crénom. Le flot amer pour quelques notes se
dissipe, comme une nouveauté, j'écoute cette chanson bonus cachée
de Jean-Louis Murat. Lourd comme une âme en peine, grinçant comme
la cruauté, je jubile en triste sujet, il fait un peu plus jour, je
découvre un JLM.
Ma salive en plein
estivage, j'ai le goût de la chaume dans le naseau rien qu'à
regarder la poussière des herses s'envoler. Le soleil est déjà
dans sa descente, la sève à bout de souffle. Les prunus passent à
autre chose.
La chair de guigne est un
souvenir, le noyau attend la pluie. J'écoute « The
Kind » en boucle, toutes mes cellules en transhumance
dévalent sans rien déballer. Je fais de la rétention d'émotions,
j'hésite à dévoiler. Il n’empêche, tout s'est figé et le
Panic-pied-de-coq chante à crête rabattue ses épis plumés de
haute gorge à dévaler sous le vent-là vital et tonique.
Descendre des alpages,
amener en bas l'altitude sous ses paupières et toutes les écritures
d'en haut pour faire un disque. Sommet de poésie.
Bouffée de chaleur sur
les joues, la tempe offensive et les yeux plissés je dévore
« Moisturzier » à moitié urgé. Ça gicle
affolé solidement développé. Je me suis dit dans un premier temps,
ouaih, y'en a des tonnes des groupes ainsi à faire du bruit.
Ce beau brelan m'ébranle, les deux filles ont trouvé trois zicos du
tonnerre, la recette fonctionne, je suis pris au jeu.
L'accroche racole et me
colle au casque. Âpre et sec complètement boumer je me dandine.
J'ai loupé l'apparition
virale de 2022, on me la fera pas sur cette confirmation proposée
aussi en cassette.
10 balles la nouveauté,
rien que pour faire jouir ses baffles et tremper le carrelage. Petit
coup de gingembre dans mon ciel gris, filles caféines, je tiens plus
en place.