Il y a donc eu un nouvel
IDAHO. Les 13 ans d'absence auraient dû décupler ce beau retour
embruiné, quelque soit la distribution. Les californiens ont fait
les beaux jours de mes 2000's (auprès de Grandaddy, Spaklehorse, Low..
dans le genre) et un peu plus encore.
Un an qu'il est sorti !!,
personne ne m'a rien dit... c'est ma came pourtant, ce sec son en
poisseuse lenteur qui me traverse. Je vais réserver tout le reste
pour me focaliser, ça tombe bien, une chaleur inattendue nous tombe
dessus alors qu'avril met son jaune crucifère à terre. L'ombre d'un
arbre pour ne pas me cuire le casque, peut-être les gambas au
soleil, le nouvel album d'Idaho tout le laps de temps qu'il faudra,
il est tout pile-poil comme j'aime, doucement, le strict minimum.
Rien à voir avec un
confinement. Je me souviens très bien encore il y a cinq ans et ce
recroquevillement, le cul dans l'herbe à souffler, à fouiller
l’alentour de proximité, approfondir les quelques encablures.
C'est finalement le seul moyen qu'on ait trouvé pour stopper les
guerres et les avions. Je me souviens d'entendre souvent mes
grand-parents afficher cette phrase qui me sidérait.. « il
leur faudrait une bonne guerre... ». Peut-être je sortirai
bientôt une même idée à la con.. genre « Il leur faudrait
un bon confinement à tous ces cons.. ».
Rien à voir avec le
confinement mais je suis bloqué à l'étage de mon toit, pour cause
de travaux. En bas c'est le chantier, l'odeur de plâtre, le vacarme,
la cloison qui tremble, là-haut, c'est la mansarde, la lumière
oblique, le cocooning tuilé, seul étage où personne du dehors n'a
le droit de monter. Les vinyles, les livres et les Compact-Disc y
sont soigneusement déposés. Le rocking-chair s'y balance, les
canapés sont racoleurs et le son délicieux. L'ordi éclaire la
sous-pente blanche, les disques laissent passer la profondeur prune
de la peinture murale. Le parquet grince et je laisse le grésillement
des galettes me bercer.
Oui, pourquoi je vous
raconte ma vie comme ça, je suis en fait tombé sur un album oublié,
comme tant d'autres, comment peut-on tout écouter nos pépites si
tous les jours il faut laisser le confinement dans le confins des
souvenirs !! Je suis isolé en haut avec Catherine Lara et son
premier album. Remugles d'émotions pétrifiées. Au moment où la
rockeuse inondait les ondes, je revenais avec sous le bras « Ad
Libitum », totalement improbable (Je crois que j'ai le même
problème avec le premier Lenorman).
Ses chansons en
coquelicots crépons sont éditées par April Music, la poésie est à
son comble (aménagé). Boublil à l'écriture, elle aux notes. C'est
une jolie époque pour plein d'artistes qui sont devenus autre chose
après. Je sais pourquoi maintenant j'aime tant Marissa Nadler des
forêts. Il y a un vinyle de Joan Baez rangé pas loin .. comment
j'ai classé tout ça moi ? Pochette noire, visages en
clair-obscur, avril c'est surtout la mort d'Orion. Pas évident de
mettre Catherine Lara sur la table, qui la connaît ainsi, juste
avant le petit jour, le cœur à découvert ?? Un quatuor
acoustique habité, Denise Glaser en onde protectrice, « L'étranger »
religieusement qui me fait penser à « La veuve de Joe Stan
Murray ». Tout coule au gré de son chant et des
enjolivures la vêtant.
Quelques heures confiné,
je n'aurai sans doute pas retrouvé Catherine à l'étage, la Lara
land des beaux jours, la mienne cet après midi sous la pente, « Ad
Libitum ». D'un autre temps.
J'avais sûrement besoin
d'une nouvelle peau. Un instant magique. Je zappe musique dans le
vide depuis quelques jours, j'écoute de vieilles choses qui me
réconfortent certes, mais en décalage total avec le foutre
pollinique des nouvelles lumières d'avril.
Sur nos abris,
l'indécence des branches, le fécond même la nuit, et au bal des
couleurs sucrées à butiner, la liste est longue. L'opéra des
oiseaux, la course des feuilles, et le silence débourré entrelardé.
Je fouille sans espoir déterminé, je picore la croûte, il me faut
un truc qui gigote et s'entortille. Et puis à travers ma cave à zic
(et un souvenir Magic!), l’arrêt net sur cette petite grenouille
et la boucle qui démarre.
C'est une écoute
raccord, l'accord parfait avec l'air qui jute là juste alentours et
même au creux des rhizomes enfouis.
C'est un signe pour moi,
cet album séminal en boucle et cette respiration profonde sous mon
Cercis éclaté par le haut soleil dans l'axe. Dès la
troisième chanson « Line Back 22 » j'ai squatté
pour ne plus rien lâcher. « How long can you keep up a
lie ? » et un clavier qui se mêlé au tronc... « 10
Ways.. » et son petit accès de fougue sur « Exhaust
the topic »... « Puddle.. », je ne
connais absolument rien d'elle, je suis vulnérable, comme j'ai pu
l'être très souvent avec Kazu Makino.Et puis tiens, la pochette plombée est très jolie.
À peine émergé du pavé
« Turn the Beat Around » de Peter Shapiro,
je tombe sur cette remise à zéro de Francis. Un album à bousiller
toutes les soirées blind test; qui, quand, où ?. Steve Dahl
doit s'agiter la paillette dans sa tombe.. il est pas mort ??
bah le disco non plus. Il n'a jamais mouru, il s'est même glissé un
peu partout des zazous à bien après qu'on ait cru l'avoir tué.
Inferno, Moroder, HI-NRG, penthouse musical, Studio54, politique,
Chic, social, Paradise Garage, freak, de la cave au dance floor.. et
les Maxi Extended Remix à la sauce dancing machine sur à peu près
tous les groupes de rock qui n'en répondaient pas, même Led
Zeppelin.
« Need you
again », « Back it up », « Broken
Glass » du Francis et le corps se laisse aller.
Les vinyles inondent à
nouveau, comme c'est bizarre, tout revient et les abeilles gisent,
même Barry.
Johnny à Pantin 79
jouait le jeu, se pinçant du disco sur le final « Le bon
temps du rock'n'roll » de Bob Seger qui a discoté lui
aussi .. « lewok'n'roll est là pour rester» qu'il
a hurlé le Jo, presque touchant. Trois
ansaprès ce live
avec le costume du King qui a discoté lui aussi, il chantait son
« Veau d'or Vaudou ».
Bref, dans ma chambre au début des 80's, il y avait adossé à cette
prise mythique du Pavillon de Pantin, le « Main
Course » des Bee Gees,
l'aube d'une erre nouvelle pour les frangins. Et moi, tout m'allait,
King, Gees ou Pantin quand on avait plus rien à Smet.
Shapiro
et son fleuve sur « L'histoire secrète de la
Disco » bu, je me
laisse embarquer par le nouvel album de Neal Francis avec sa tronche
Jagger qui a discoté lui aussi, comme plein d'autres, comme moi,
comme ce grand sapin sans cône du quartier de Buttes aux Cailles
complètement vêtu jusqu’en haut d'une écharpe de Glycine mauve.
Je arpenté la Rue Gérard à l'écoute de ce disque improbable. J'ai
dû faire un tour entier sur moi même quand « Back
it up » est passé en
plein pavés. Le conifère lui tanguait sans cesse sous le vent
couloir infra basse pas loin des Cinq diamants, avec son écharpe Sly
violette au parfum Nil Rodgers.
Quelle
coïncidence ces pages et cette musique, quelle évidence.. le disco
..il est là pour rester.
Viens là mon petit
bichon, ils disent plein de saletés sur toi, papa est là, on va se
remettre un petit coup de « Negative earth » dans
le cornet, la version live 74 en plus, histoire de bien leur arracher
une larme de résipiscence à ces mesquins.
Il faut défendre la
chose et rendre justice. Alors, va falloir choisir la bonne pièce,
le bel argument et pas se vautrer le papillon avec un « Turn
of the Tide » ou « River of Dreams »
et tendre la batte aux hyènes.
Juste après ce qui est
sûrement leur sommet studio unanime (« Everyone Is
Everybody Else » 1974), sort la même année le « Live
74 » qui rivalisera avec « Live Tape 77 »
pour les aficionados. Cinq albums à mettre en scène, un premier
bilan, Lees est barbu, Les est toujours chevelu, l'inspiration est au
sommet, cette prise londonienne est dorénavant une référence.
Certes il y a le « Mockingbird » pour le final,
mais il n'y a pas le « Child of the Universe »..et
ça, faut en profiter. J'avoue à la décharge des détracteurs, au
même titre que le mur du Roger ou la biquette du Brian, que le
groupe s’appuie beaucoup trop depuis des lustres sur ces deux
morceaux piliers récurrents.
Y a t-il des madeleines
pour l'adolescence ? Quand la musique diffusée est de son
propre choix. J'étais doux, réveur en retrait de tout après
l'enfance, je me laissais vivre au fil des saisons et les punks
étaient des aliens, qu'est ce qu'il m'a pris de me réveiller au
sortir du collège, j'étais bien moi avec mes vinyles sur mon
Grundig sous la mansarde à contempler la plaine sans rien faire
d'autre, sauf peut-être chevaucher ma bécane pour aller vinyler
chez un disquaire ou une bibliothèque. Je me souviens exactement des
choix de celle de Chartres quant aux disques à papillons proposés.
Le « Live Tape », j'en ai claqué ma
mitraille pour le mettre dans le caddie de Rallye. Et encore à sec
en carbure avant les prochains, « Face to face »
et « Victim of circumstance » en cassette. Ça se
méritait un album à l'époque bande d'ingrats. Et puis la mollesse
du « XII » sur les rochers de
Perros-Guirec, pendant les vacances de Pâques 1985 à boire le
celtique de « The closed shop ».
La madeleine est pleine
comme une huître, une perle dedans, ce «Live 74 »
tombé bien longtemps après, quand l'affect récurent s'est déplacé
vers les débuts, laissant l'adolescence sur la grève des échouages
« Gone to Earth », « Welcome to
the Show » qui restent recroquevillés dans le dos du
gâteau pour mes contemplations d'un autre temps. Calmez-vous, je les
aime encore ces opus, tel « Octoberon » en
drapeau comme des aile, il est juste question ici de défendre son pain.
Bref, un live à écouter
pour les live, et pour le groupe, pour ceux qui ont encore un doute,
aussi pour refaire le lasure d'un vieux mur ligneux qui craquelle. En
tout objectivité, c'est un grand disque :)
La belle Osmanthe en haie
parfume le chant du merle, il n'en faut pas plus pour imaginer la
journée autrement, son haleine de fruits tièdes aux ondes de jasmin
mets en ébullition quelques idées que je cherchais jusque-là. Il est très tôt, pas
impossible que je relativise beaucoup de choses aujourd'hui jusqu'à
mon prochain passage ici. Les fleurs oléacées aiment se faire
remarquer, j'ai pas l'air con avec mon Bel-ami sur le paletot.
Le jour apparaît au bout
de la voie ferrée, dans quelques minutes le festin du nectar et la
haie se pavane. Mes yeux prennent l'aiguillage, les petites fleurs
blanches courent le long de la tige et montrent du doigt la
direction. Le temps repartira quand le haut de la plaine passera au
vert, pour l'instant l'incendie prend, le ciel m'écrase et je
cherche une musique à écouter.
L'Osmanthe a susurré son
âme albumine, c'est tombé comme une haleine fleurie, de buisson en éveil, « Toi là-bas ». Le pointillisme
colza jaunit l'étendue, dans quelques temps je valserai à nouveau
avec les lilas.
J'ai trouvé la bande son
pour démarrer le potron-minet, l'hameçon. J'ai vu les 100
prochaines années sur scène, y'avait « Ma gueule »
déjà, c'était beau et doux, délicat comme le lourd parfum
silencieux des petites fleurs crèmes du jeune matin. Plus mélodieux
que jamais, une embellie, le feu s'éteint, il n'y a plus que du vert
partout..il va falloir y aller.
Albin de
la Simone 2025 « Toi là-bas » sur Tôt ou Tard