Avant-hier, sur le seuil du big-bang, la densité de l'univers naissant était telle qu'un son mélodieux circulait. Cette musique a catalysé la genèse, la berceuse. J'aime l'idée que nous sommes là grâce à elle. L'onde fertile, ma croyance. La musique sauverait l'homme donc... sans déconner.
Apparemment il ne l'écoute pas assez. Plutôt que de l'entendre ramoner, ramenons toutes nos émotions sur la note et l'harmonie. Captons. Table rase avec cette portée d'oiseaux qui chantent, ces notes sinusoïdales sur les branches parallèles qu'un vent hydrogène fait tanguer.
Loin des mitrailles sulfatés, la portée sur le vitrail de l'histoire mets en champs la création, le chant de bataille et chaque pensée à condition qu'elle soit à disposition pour laisser la peau frissonner sur un accord.
Il suffit de lever les yeux pour voir le ciel beau, puis le regarder avant de le contempler. Sucé et adsorbé près du Sun Ra. C'est ici, là que le nuage commence à fredonner et les feuilles chanter. Une fois au sol, elles deviennent douces percussions de verre sous nos pas syncopés, semées sur un sol de ciel absorbé qui a gardé le silence de son chant reculé, juste au dessus de nos tètes retournées.
La menace de l'horizon est un roulement de tambour, les rives ordinaires frissonnent à peine, les mots sont emprisonnés, peu importe la musique est toujours là, muette, mais sûr d'elle, de nous avoir rendu possible la vie avant-hier. Le silence dans un liquide amniotique avec ce brouhaha lointain ouvre les yeux et la respiration fait valser nos cellules. Les tablatures surgissent comme un sens exact, un acte naturel inépuisable. Lourd de vitalité, accoucher la programmation du plasma.
En bas de chez moi le ruisseau chante, plus loin un moteur toussaille, le portail municipal en fer graillonne avec la bourrasque, le Kronos Quartet va lancer son opéra rock, un houppier oscille et grince tout en haut avec son voisin, un moteur de clim d'usine ronfle au loin à peine perceptible, trois petits oiseaux et le vent dans leurs gorges s'emballe, les instruments sont là. C'est la fête.
Kronos Quartet 2024
« Outer spaceways incorporated Kronos Quartet & friends meet Sun Ra »
5 commentaires:
Tes chroniques, tu en fais autre chose, une sorte de musique dans la musique. C'est un peu l'idée du philosophe François Jullien qui parle du pays dans le paysage. «Emprunté du bas latin chronicus, dérivé du grec khronos, « temps. »» Alors tu vois, Les Kronos Quartet vont bien avec tes chroniques. J'ai vu leur spectacle il y a quelques années, celui qui expliquait le but de leur existence qui est de mettre en partition la musique de notre temps pour les générations futures. Ce fut un spectacle passionnant à tous les niveaux. - ICI - https://50ftf.kronosquartet.org/
Le monde est harmonie ,comme la musique, un équilibre parfait improbable et précaire, et l'homme le facteur chaos, qui sème l'improbable dans le pire et le meilleur. Mais que serait la perfection sans la surprise, sans l'inédit ... le meilleur des mondes d' Aldous Huxley ? Un bonheur insoutenable d' Ira Levin ? Le monde est une utopie qui irait mieux sans nous, pour une fin à la Matheson dans Je suis une légende, disparaître parce qu' apparaît un nouveau monde qui n'est plus le nôtre ? Tu me donnes envie de relire "mes classiques" d'adolescent ... Ton texte attire le texte. Merci
Oh merci à tous les deux. Et merci aussi pour ces liens, le monde très ouvert des Kronos, et et des lectures, classiques et philosophiques. Je me relis après vos retours, je suis flatté, et je dois dire que je ne m'en rend pas compte. Je sais juste qu'au début de ce blog, je me mettais au service de la musique pour développer qqchose sur tel ou tel disque. Après le gros coup de mou du blog, j'ai vu un autre point de fuite, et je raconte plus ce que la musique déclenche, je me sers d'elle, elle se servait de moi avant..sans aucune prétention. Faut-il que je me débarrasse de la musique et juste gratter le papelard pour mettre à plat qq petits textes ? On verra, en tout cas merci pour votre fidélité.
Hello, je viens regrouper des commentaires sur le dernier papier. Je rejoins mes camarades sur le plaisir de lire tes textes. Ils sont très forts imagés comme le peintre et photographe que tu es par ailleurs. Ils forment un drôle de préambule aux disques prétextes, parfois même ils collent complètement comme une bande écrite au son à écouter. Mis bout à bout, ce que j’ai fait avant d’écrire ici, et j’obtiens un superbe panoramique, comme un spectateur privilégié.
DU coup parler d’écoutes des albums choisis ? Surtout que le temps ne m’a pas permis de m’attarder suffisamment sur les deux Quartet qui réclame davantage d’attention, pour le Hard c’est évident alors que Kronos laisse croire une écoute ambient possible mais j’ai un doute.
Brigitte, je la découvre stupéfait avec « Comme à la radio » retour arrière période « il pleut », aujourd’hui j’ai beaucoup de mal sur son parlé ssanté. Je décroche trop vite par paresse.
Enfin Bird & Cunningham m’ont enfin ouvert l’écoute à l’original, en alternant les titres j’ai finalement opté pour la production datée.
Je reviens à Kronos… je comprends que cette fois ci le texte décolle de la terre.
Merci m’sieur
Rare que je vienne commenter, pourtant je viens souvent te lire, car c'est bien le truc souligné ici, te lire...
A partir de là on entre dans les musiques et musiciens, artistes que tu chroniques d'une façon autre, indirecte qu'à l'accoutumée - tu abordes avec une forme poétique et imagée unique l'accès à la musique et à la découverte d'un album, d'un-e artiste, d'un univers.
De là, on pense pouvoir partir et se faire sa propre "lecture" de ce que tu proposes.
Parfois même, si le temps de l'écoute est remis à plus tard tu réussis le truc incroyable de se "contenter" du texte qui en lui même finalement pourrait se suffire.
Donc ici, pas ou heureusement rarement de trucs/commentaires subjectifs du genre tels album c'est le meilleur, je préférais machin avant qu'il ne fasse ça, bref de pierres jetées n'importe où sur un édifice sans lui apporter grand chose...
Qu'apporter de plus à de tels textes présentant la musique... ?
"Polémiquer" face à tes présentations s'avère inutile, d'autres lieux et espace savent très bien prendre cela à leurs comptes et s'en réjouissent et même s'en délectent.
Ici, du ressenti et pour le lecteur l'envie à partir de cela.
C'est une vision à laquelle même si l'on n'adhère pas à tout, on doit admettre et surtout apprécier l'originalité et la différence - et c'est tellement important par ces temps où on a besoin sans trop le savoir, mais au fond de nous mêmes, d'autre regards que le normatif, le superficiel ou la vindicte.
Kronos quartet c'est l'ouverture artistique, d'esprit, et musicale ainsi que le haut degré d'exécution instrumentale au service de la modernité, sans barrières, sans limites apparentes, juste la capacité de mettre un immense savoir faire au service de l'artistique, sans aucune barrière esthétique.
Ca fait et a fait école, et c'est heureux.
Ca fait se croiser des mondes, ça les fait se rencontrer, partager et se respecter - c'est une forme de tolérance et d'universalisme prônée par des musiciens qui, par le niveau requis, sont de fait indiscutables et cela incite à respecter, écouter, apprécier et accepter leurs choix.
Ca rend la musique encore plus universelle et au cœur des cultures, des humains et de leurs identités.
Cet album parmi l'imposante discographie de cet ensemble qui reste unique en son genre et précurseur en direction artistique est fascinant avec tout ce qu'il propose d'actualisation, de textures, d'univers ajoutés et tuilés. Après le premier ressenti je sais que je vais me pencher comme pour tous leurs autres albums et projets, sur ce qui, une fois le premier choc passé, fait "le truc".
Merci.
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