jeudi 29 février 2024

Marion Rampal 2024


 

Elle tombera amoureuse de moi un jour, c'est pas possible autrement. Ou alors l'amour gerbé sert à que dalle.

Je le sais, c'est chanté, quitte à qu'on me l'avoue sur mon lit de mort, l'aveu pour mettre un terme à ses douteuses respirations. Les chœurs au fond, le chant à s'y perdre, toutes ces mélodies qui planent, les douces notes de piano comme des baisers discrets en rafales de petits oiseaux volages... c'est de la petite bière peut-être ?

Je n'ai pas couvert ma toile de lin avec du orange vif et du rouge lumière pour rien quand même. Le Prunus lui aussi s'est fardé du même rouge juste par delà de notre chambranle.

Cette touche de cramoisie n'a rien à voir avec mes doutes, c'est juste ma mélancolie empierrée, celle que tu connais pourtant. Tu peignais tes ongles ainsi, tes paupières pas loin, moi j'étais cramoisi. Tu le sais pourtant, que je ne suis pas My Bloody Valentine plus que ça, c'est une coïncidence. Le Shoegaze me fout dans le gaze, moi je voulais juste peindre le bout de tes mains. Te dire que je te longe malgré toi, mais tu ne vois rien.


Personne ne capte que dalle, c'est pas faute de hurler à la mort, d'où elle sort la Marion qui me trouble les artères depuis quelques jours ? Ça tangue au bord, je veux bien danser tous les dimanches, un de ces dimanche de tendre jazz folk chanté avec des mots d'ici, des canards, des zoiseaux, des constellations.. « Tangobor » me tue.

Je rumine tout bas plein de petites choses, entre les taies j'ai mêlé en boule nos pyjamas si jamais on se faisait cambrioler, il y aura flagrant des lits. Il y aura des traces absolument partout, comme cette musique que je badigeonne dans l'air. 


J'écoute en boucle Marion et je peins comme on change de vie, de palette. Matthis Pascaud à la guitare dans la plus lumineuse des délicatesse, aux manettes aussi. C'est une recette merveilleuse.

Je regarde son parcours, je visite, j'écoute avec intensité et insistance, peut-être vais-je rendre jaloux. Il y a quelques joyaux qui sortent en ce moment, je le garde près de moi adossé à la Cabane brûlée. Les rivières souterraines pour ne rien arranger. 

 



Marion Rampal 2024 « Oizel » sur Les Rivières Souterraines.

vendredi 16 février 2024

Nick Wheeldon 2024


 

Nick à pleurer, et tout commence dans un chant de douleur.

Le premier pas dans ce jour nouveau à peine allumé est tout chargé de pas grand chose. Il fallait bien cette grâce sidérante au bord du désespoir pour en mettre un de plus. Comment c'est possible de telles sublimes aurores, de douces ténèbres à peine essuyées soutenant les lourdes premières gorgées d'air. Moi qui voulais jouer les traînes-savates, c'est gagné, je vais rester ainsi à danser sans toucher le sol, éviter les tuiles essentielles.

Chaque chanson est une nouvelle louchée de larmes, « Waiting for the Piano to Fall » me tient par les baloches. Aucune trêve, jusqu'au bout ce disque me fige et « Gift » sonne encore dans mon crane.

Hymne des matins miraculeux, le fantastique dehors des paysages qui se dévoilent, je vous assure qu'il est possible de ne faire qu'écouter et contempler. Emballement des émotions, trémolo dans la voix, mélodies lacrymales, je vois des douleurs, des blessures et milles rayons de soleil. Le pou effiloché, prisonnier des routines je dévore la fragilité.


Les nacres ont disparus, quelques ombres font de timides apparitions, seul un merle semble jouer avec. J'entends un nuage de passereaux sans les voir, à quelques pâté de fossés d'ici la nuée cherche un lopin de champs pour affronter le vent toujours pas levé. Deux nuages rosis sortent de la brume, va pas faire un temps radieux aujourd'hui. Peut-être que le ciel aussi écoute cette musique qui enchante mon matin.


Nick Wheeldon 2024 « Waiting for the Piano to Fall » sur Modular ecords

mardi 13 février 2024

Bill Rider-Jones 2024


 

Sûrement l’histoire d'une pochette. L’œil s'est posé et tout s'est enchaîné. Un moment précis, en biais sur cette rue pavée, juste en face de ces murs chaleureux.

Je connais la chorale, Bill aussi, ici, du Sparklehorse dans ses veines, du moelleux de Granddady, des frères Nourrallah, un maquillage Elliott Smith... et cette petite fumée blanche pour montrer au soleil d'hiver que les murs luttent.

C'est un moment de plénitude cette balade dans ce village perdu vanille fraise aux ombres épaisses. Je vais faire le même tour en sens inverse, remettre l'album. L'oblique aura changé, les pavés vont suer la journée et il faudra rentrer avant que le vent mauvais nous grignote le naseau.

La trouée cobalt a ravivé les façades, et le chambranle ciel accueille.

Demain, ce sera pareil une nouvelle fois, comme d'habitude. Je repasserai comme tous les soirs par cette rue pavée avec en face les mitoyennes vanille fraise avant de redescendre vers la maison cachée de "Christinha" que j'aime retrouver quand elle le veut bien, quand elle m'invite pour prendre un café chaud et parler de rien à perte de vue. Elle a le visage anglais, on a dû valser sur « How beautiful I am », pas sûr. Déjà pas mal d'albums solo, toujours aussi envoûtants.Cette fois-ci, je reste de longs moments devant la pochette.


Bill Ryder-Jones 2024 « Iechyd Da » sur Domino

dimanche 11 février 2024

Felicia Atkinson 2019

 


Des axes, juste un point de fuite, la tronche qui batifole, une belle idée de mettre le quotidien en son.

Les cycles infinis et le rouge au flan des cimes empourpre la joue des montagnes. Tout tourne, demain soir l'accord aura pris du carmin sur la corde, une onde de cramoisie en plus, et toujours les reliefs se fardent.

La voûte cosmique de mon plafond bave de résonance, la réverbération sur tous les matériaux, cellules et minéraux me renvoie des voix fantomatiques, des soupirs agrippés à l’ellipse. Je tourne en rond, le son me balade, je suis avalé et j'écoute sans bouger.


Je me souviens du « Point de côté » de Dominique Petitgand, des bouts de phrases chapardées sur une marée de silence. Félicia aussi. Prononcer, psalmodier, murmurer à peine, juste histoire de guider le son, les effets et les nappes de notes lymphatiques comme des plaquettes tectoniques. L’œuvre de Félicia Atkinson est un monde parallèle, strictement réservé à l'écoute qu'on peut lui offrir à un instant précis. Abstraction du corps, lucidité des battements, contrôle des respirations, la veine en lombric et l'artère palpite.


C'est une amie qui s'invite dans vos rêves les plus endolories. Une ambiance, une couleur, « Un ovale vert » « L'après-midi », fermement ce coucher de soleil sur quelques chose qui perce l'horizon.

Les roches chantent, je me souviens aussi de la « Musique pour Statues et Menhirs » d'Arbouse Recordings en 2009. Les ciels aussi causent, les horizons bavassent, le jour qui tombe chuchote. Stephen O'Malley est venu avec Félicia parler « Des pierres ». Tous ces conteurs par le son.


Pax vient de se fendre d'un billet fantastique sur l'artiste. Elle est de par chez nous, plongeons, immisçons-nous dans l'univers de Félicia Atkinson. « The flower and the vessel » tourne en rond sans cesse dans mon acôlve et sur ces mots.


Felicia Atkinson 2019 « The flower and the vessel »

vendredi 9 février 2024

The Smile - Wall Of Eyes 2023


 

Mes touches de clavier tremblent, un flot de paroles dégoulinent depuis des jours sur la toile, tout est dit, débattu, dégluti et vomi, quoi écrire devant ce mur d'yeux perplexes prêts à bondir. A qui le tour.

Le travail sur le premier The Smile avait duré un moment avant que j'en devienne accroc. Cette fois-ci tout me brûle instantanément, toutes ces belles ondes qu'on lui connaît, qu'on leur sait, et même les guitares King Crimson de « Read the room » ou de « Under our pillows » m'attaquent le bulbe. Petit jazz en remugles Radiohead jamais autant mélodieux, je me suis assis subjugué. Pour écouter, puis déguster, subir et encaisser, adorer puis suffoquer quand « Bending hectic » a vrombi. Éjecté de mon siège, quand elle s'est arrêtée, je crois bien que je hurlais.

Recouvrer mes esprits sur « You know me ! ».


Quoi qu'il arrive, quoi qu'on en dise, ne boudons pas, ne négligeons pas la boucle, fine ou vulgaire.. tout ses yeux en abondance perpétuelle dans mes oreilles. Déjà tant de débats, des flots dans l'eau. Cet album restera.


The Smile 2024 « Wall of Eyes »

samedi 3 février 2024

Cabane 2024


 

Je me farde au pollen blanc du cyclamen. Un larsen grignote ma salive et le jour qui tombe embarque avec lui l'odeur de ma vitesse. Les pâleurs s'installent avec les ombres appuyées, j'ai dans l'idée la Soldanelle des hauteurs qui fait pleurer la neige de ses chaudes cellules. Et si un disque pouvait ainsi mettre minable une lamentable sauterie d'aigreurs. La décrépitude des milliers de visages déglace les accotements gris détrempés. À peine deux sourires tortueux et mon pas s'allonge. Grand écart sur les gens, je me faufile robotique et imperméable. Déjà la brûlure m'embrasse et la « Brûlée » me chiale la respiration. Mon crane est un édicule de Cabane, tout m'étrangle et plus je respire.

Plus aucune verdure, le noir a mangé les épines et la chlorophylle des murs. Seules les giclures d'électrons font briller des bouts de murs.

Tellement de promesses posées sur ces pièces noires de monde, des artistes à tire-larigot, elles sont tenues. « Brûlée » va me tenir des marées et des lunes, et plus encore. Thomas Jean Henri commet son deuxième chef d’œuvre. L'hyper beauté en rareté, un bijou à se procurer urgemment.

https://cabanemusic.bandcamp.com/album/br-l-e

Cabane 2024 « Brûlée » sur Cabane Records

Thomas Köner 1993

  La croûte gelée se ramollit, ventre flasque et tiède respiration. Le ciel se charge de l’halènes des Steppes, le silence gronde. Notre ...