samedi 26 novembre 2022

Andrew Bird - 2022


 

Dès la première note, Andrew Bird. Un certain bonheur météorologique. Sa voix confirme, ses airs, son sifflet qui embaume l'écriture.

L'élégance pop ne l'a jamais quitté et les six minutes d' « Underlands » introductif insuffle un bonheur qui ne vous lâche plus. La discographie s'allonge et depuis « Weather Systems » la joie d'écouter un opus du Bird reste inébranlable. Allègre et radieux, une petite joie palpable illumine ces compositions là. Plein de subtiles morceaux de styles bâtissent la nouvelle virée d'Andrew Bird.

Discrètement au sommet d'une année surpeuplée de nouveautés.


Andrew Bird 2022 « Inside Problems » sur Loma Vista

vendredi 18 novembre 2022

Roger Eno and Brian Eno 2020

 

C'est l'apocalypse des temps nouveaux, la kyrielle de couleurs. Roger et Brian ont crée un nouveau nuancier.

Ça plane un max chez les frangins, des myriades de nuances, il suffit de passer le couloir laiteux de la Manche pour décoller dans le vaisseau Eno. Toutes les altitudes sont permisses, on peut très bien raser de quelques mètres des plaines verdoyantes quittant les falaises de craie, prendre de la hauteur et noyer les landes brunes dans une brume ouatée, aplanir les teintes, monter encore, prendre la verticale pour laisser flamboyer l'horizon et se noyer dans le nacre pastel d'un haut ciel vierge. À peine quelques étoiles apparaissent. Tous les paliers, toutes les dimensions, plus aucune échelle, des apnées, des dilatations, de lentes et profondes respirations.

Un globe se dessine, du néo-classique est peint avec les machines, les claviers palpitent, les continents défilent, on caresse le duvet des champs juste avant de replonger dans les abysses.

On connaît leurs destinations, juste fermer les yeux, aucune empreinte carbone, kaléidoscope moelleux, palette calfeutrée et fauvisme dilaté. « Mixing colours » c'est le marbre des océans et l'eau du ciel, des notes suspendues sur le drapeau des vents.


Roger Eno ad Brian Eno 2020 « Mixing colours expanded » label : Deutsche Grammophon

mardi 15 novembre 2022

Warhaus - 2022

 


La journée colle un peu aux cuisses, odeur d’échauffourée dans les sinus qui persiste, réunions plénières un peu partout, même dans la rue, des fatigues à pleuvoir qu'il faut récolter, y'a qu'à tendre les bras. Ce lundi va laisser des ecchymoses.

Ça bataille dans ce troupeau d'imbéciles. Faut un truc pour se faire du bien, éteindre le brouhaha, couper leur son, une pommade à la maussaderie. Se soustraire. Laisser les humeurs rager. Quelques cliques, une grande respiration, une vague idée, la récompense, on ouvre la fenêtre, on est kidnappé.

Des bouts de Baltazar viennent soulever le loquet. Il est pourtant question d'une rupture dans ce disque, c'est peut-être ça inconsciemment, cette rancœur avec le genre humain.

Rien pour le crâne en tout cas.. le corps et la cage thoracique réclame du groove, la chaloupe, beaucoup d'élégance. Warhaus comme une saignée .


Warhaus 2022 « Ah Ah Heartbreak » (PIAS)

mardi 8 novembre 2022

Benjamin Clementine - 2022


 

Benjamin me retombe sur la couenne par surprise, avec « A tell a fly » en 2017 il avait dispersé ma passion fulgurante que j'avais eue pour « At least for now ». 2014 et cette fulgurance, ce tourbillon bouleversant. Plus de miracle, plus de déception, la tète bien vissée sur les épaules je déguste ce magnifique album comme une évidence. Comme si j'avais toujours su qu'il reviendrait.

Je disais un peu ça à l'époque.... C'est un artiste qui fait des merveilles avec nos émotions, le retour de Benjamin Clementine.


Benjamin Clementine 2022 «  And I have been »

dimanche 6 novembre 2022

Alexis HK 2022

 


Et voilà, ça y 'est elle a 18 ans. Dans son art majeur, mon amour, ma princesse. Je la kiffe comme pas possible. Je les kiffe comme pas un. Déjà ses aînés, ma reine Charlotte et mon roi Julien ont fêté leur 18 ans il y a une bonne poignée d'années.

Pauline ma princesse donc a eu 18 ans hier, jour pour jour. Rien ne change en vérité, rien n'est inébranlable, tout est indiscutablement cellulaire. C'est juste symbolique, comme ça en passant un petit coup derrière la casquette, ils sont beaux, elle est belle, tout ce qu'elle frôle vaut le détour, sa force, sa portion d'amour, une part du cœur et un gros morceau de mon cerveau.

Bin voilà, l'orage est passé, j'ai encore la tronche dans le sac, quelle fête mes amis !!.. compenser de boissons les larmes perdues n'est pas chose facile.. mais l'osmose fut là avec la puissance tellurique des gens qui se touchent et se prennent dans les bras.

Ma puce a 18 ans, ça y est...


Alexis HK 2022 « Bobo Playground » sur La Familia

mercredi 2 novembre 2022

Shearwater - 2022


 

Je me suis perdu au creux du « Chemin de la vallée ». Tout du long, guidé par les peupliers laissant chacun à leur pied un rond jaune flamboyant comme des lampadaires.

Des heures perdues me soignent, je pars du silence, je m'offre le luxe du déshabité et je m'entortille à travers ce vallon joufflu qui avale la flèche du village, l'église St.Vincent d'en haut à peine dévoilée. De grands arbres roux les pieds dans l'eau narguent le clocher et tentent de leurs cimes de voir l'horizon. Le petit bourg enfoui, c'est Voise, la source. J'aime plus que tout ces heures qui flottent, 11h en semaine, extrait du trafic, pas âme qui vive, des véhicules dorment, les autres sont partis depuis des heures. Je fais le tri dans mes pensées, je farfouille tout ce que j’aurais pu oublier, tout ce qu’il me reste à faire. Je tente de tout accorder. Je me réunis.

Plus haut la plaine quadrillée de départementales laisse glisser un vent de caractère qui s'engouffre et m’accompagne. Pas de musique, que le chant des houppiers, le drone du vent. Pourtant, une poignée d’albums viennent à la surface, toujours des pochettes, des airs d’hymnes à la nature et le son en fond comme une résurgence.


Encore engourdi d'un lourd sommeil d'automne je serpente et me nourrit, épouse La Voise qui prend source au creux de ses dômes de limon. Plus loin, nous sommes rejoints par la petite vallée de Saint-léger-des-Aubées et nous fondons sur Roinville. La Bonde en halte claire où je croise deux personnes, je ne suis pas seul pour quelques minutes.

C'est à la naissance d'autres heures mortes que je rejoins le dédale de ruisseaux où se perd mon ruisseau, des disques dans ma tête s’affirment, je les convoquerai à mon retour.

Je tente de garder le débit mou de son flot visqueux, je me pose à nouveau à Angle, puis au bas creux du Gué-de-Longroi. Déjà la nationale et l’autoroute gronde un peu plus haut, il suffirait de gravir cette côte raide de Longreau pour revoir les artères nerveuses et surpeuplées. Je préfère passer sous le pont et changer de vallée. Je sens au-dessus de moi vrombir L'Océane, un drone de soupapes enragées. 14H30 perdu encore au fond d'une journée décharnée, je passe près du Petit Trianon de Catherine, j'ai perdu ma Voise, la vallée s'est élargie, les trembles sont moins anxieux, des aulnes leur tiennent compagnie, les chemins s’estompent et la rue Du Font Matou se dessine devant moi.

Tout semble baroque, grave, je suis détourné du chemin par un panneau fluo « Attention danger, exploitation forestière ». La dévastation donc, des troncs de ligneux ancestraux sont allongés. Pour qui et quelles raisons ? Plus j’avance, plus de grandes parcelles sont ravagées. Quelques musiques certaines se détachent, j’ai ma petite idée déjà. Dramaturgie des paysages, la nature sombre dans la désolation, bruit des forêts, isolement.


Plus loin, au pied de mes pénates, en contrebas de mes étagères à musique, je retrouve ma rivière, plus grosse, plus large, tout aussi molle, ambitieuse, fermement décidée d'aller rejoindre l'Eure sous les arcades de Maintenon, cette idée folle d'aller mourir dans la Seine et rejoindre la mer, se troubler des eaux parisiennes pour aller longer plus tard les quais tintamarresques du Havre.


Sur les hauteurs d'Honfleur, je me suis accoudé au bout de la rue Charrière de Grâce. Tout en bas, la plage du Butin, j’imagine toute ces fortunes de mer échouées là depuis des siècles. Estuaire est laiteux, dessus flottent des navires de toutes tailles. Les vieux dockers en face défigurent le paysage. Il n’y a plus de vent, un slow-core de vase glisse sur le relief. Je surplombe d'autres peupliers, un monstrueux navire de croisières repart et se laisse emmener par un tout petit morceau infime et dilué de La Voise.


Je sais définitivement quel disque je vais écouter. Après « Le Monde Réel », « The Great Awakening » comme un esprit de paradis.. « Quel animal fermera le bal, s'éteindra le dernier ? ».

Shearwater 2022 « The Great Awakening »

mardi 1 novembre 2022

Black Midi 2022


 Abasourdi par l'anthracite tombé comme une enclume, je prends l'automne comme une grosse baffe bien mouillée. Ce midi encore le soleil comme un vieux pote avait sa main chaude sur mon épaule. Dernier jour d'octobre. Mon train s'enfonce dans la nuit, une pluie soutenue flagelle les vitres, nuit noire sur les quais sur lesquels les parapluies remplacent les ombrelles. Voyage dans le temps .. Je me souviens d'un autre Black Midi, l'époustouflante révélation. Puis d'une "Cavalcade" fauve. Free-jazz déjanté, folie furieuse sous les cranes. Grande excitation.

Changement d'heure, nuit à grande vitesse, la saison tire le rideau, terminé la rigolade, la tète dans le sac pour quelques mois, dehors des créatures de toutes sortes s'agitent de danses macabres. Sang carmin sur orange vif, dents affamées, l’œil livide et souffle putride. La mort dégouline et amuse, les cimetières sont en fêtes, des plateaux bariolés de bonbons parfument la nuit guimauve.

Dans mon casque « Hellfire ». Il fallait bien ça pour mettre en musique cette soirée plombée aux visages maquillés. Une nouvelle fois la pochette parle, le son est raccord, des odeurs en tout genre. Le démoniaque Black Midi est de retour, les dents vont claquer.. tremblez pauvre petits mortels.


Black Midi 2022 « Hellfire » sur Rough Trade

Thomas Köner 1993

  La croûte gelée se ramollit, ventre flasque et tiède respiration. Le ciel se charge de l’halènes des Steppes, le silence gronde. Notre ...