mardi 28 juin 2011

Kreng





















Un bordel mou toxique souffle dans mes veines. Ça pulse, ça bleuit. Une tachycardie noie ma rétine de sang, juste avant qu'il ne soit dévié vers le spongieux. « Rouge est mon sommeil »...mou.























Je suffoque à l'idée de ne plus être irrigué. Sang ou cerise, fruit que l'on mord en perle de groseille, pétale de rosa canina en guise de présentation, juste avant les lèvres coquelicot. Bistre ambiant solennel, l'aigre airelle accroché à sa dentelle m'invite sous un violoncelle abyssal. Les touches de piano sont des larmes de sang qui chantent quand elles touchent le sol, et la voix soprano furtive se dessine en orgasme qui transcende le trouble oxydé du drone papier peint.
Le cœur réduit à n'être qu'une glande qui suinte, palpite, et plus rien ne me retient. Je suis happé par un fantasme sulfuré, un rêve de cinabre de limule coagulant au moindre danger, un gel de tanin tiède. Et sans pouvoir bouger, j'avance et me dirige dans le désordre le plus total, sucé par l'appel oxydé d'une lumière rouge diable. Aucun désire de marchandage pour le commerce de l'eau, je prends deux jerricanes de cyprine pour m'immoler.


« Ventre affamé n'a pas d'oreille », je suis tendu, j'ai faim, lourd comme une épave gorgée de sucs et enivré de canneberges, je suis mûre et griotte sans noyau. La saignée urge. Le sambucus me surine à gorge déployée.. et j'avance, je vais vers ce verger humide de cassis tumescents pour m'empiffrer, me salir la bouche. Des airs médiévaux d'un opus d 'Arcangelo Corelli transporte, avec des arborescences à n'en plus finir. « La vie n'est que mouvement, sentir le rouli sous nos pieds », et pourtant nous n'aspirons qu'à « figer ce bonheur dans une morbidité ». Je suis figé et roule vers cet antre brûlant sans savoir si j'en reviendrais.


Kreng sort chez miasmah son deuxième album, un voyage mystérieux dans le monde du rêve. Ambiance ensorcelée, les collages classiques se noient dans l'ambiance cryptique. Nils Fraham est au piano, incarne un Satie ou Chopin fantasmagorique. Labyrinthe sonore pour ramper dans cette expérimentation visqueuse et théâtrale. Svarte Greiner est le tenancier du label expérimental, Kreng se faufile entre Jacasczek, Greg Haines entre autre, et surtout Elegi, dont le superbe album m'a plongé dans le blanc cette fois-ci, il y a deux ans.









Pour « Grimoire », c'est le gris de la pochette, mutant immuablement vers le rouge via une photographe sublime Kristamas Klousch. Ricochets artistiques surfant des mots vers la peinture en passant pas la musique et l'image.
Mutant vers le rouge, ou plutôt vers La Rouge, du fauvisme verbal m'a embarqué sur ce disque, comme sorti d'un rêve étrange, assit sur le divan rouge. Ça hurle, c'est volcanique, c'est beau et douloureux, cru et raffiné..ça fouette. En boucle à boire les mots, a écouter ce disque, j'ai accepté l'invitation.



Merci La Rouge pour ce magma.


Kreng 2011 « Grimoire » label : miasmah
www.miasmah.com
www.myspace.com/krengmusic

échelle de richter : 8,6
support cd
après 6 écoutes.

http://ellachambrerouge.blogspot.com

http://kristamas.net/home.html

1 commentaire:

charlu a dit…

Bahhh.. je suis hyper touché... à mon tour. Guillaume avait mis le feu à mon village, toi tu as soufflé dans mes artères.
Je suis une épave, convalescent. L'huile n'a jamais été une pulsion aussi forte pour moi, alors que je pense que c'est comme cela que ça marche.
De la nourriture c'est sûr.. de la viande autour comme tu dis si bien. Je scrute souvent Volcano et je ne suis qu'à la surface !!! quel magma enfoui la dessous ??!! un gouffre...

J'ai essayé de remettre une photo pour qu'elle devienne cliquable (j'ai rogner un peu les bords sur ordi .. c'est peut être cela ??)..mais rien n'y fait. Je suis pas doué avec ces trucs... Tu sais , c'est hyper dur de capter la peinture rouge en photo... trouble, contraste, lumière reflet... j'ai usé des 10ene de clichés numériques. Un casse tète. Et ce qui est bizarre, c'est quelles changent avec la lumières du jour. La nuit, elles sont différentes ..le moindre rayon de soleil fait gicler le cadmium rouge en vermillon..le soir, c'est du carmum, du cramoisi, du noir... Quel trouble cette couleur, quelle fuite, quel jus.
Merci mille fois pour cette dissection, j'ai la carcasse éventrée à mon tour.

Je t'embrasse La Rouge

Thomas Köner 1993

  La croûte gelée se ramollit, ventre flasque et tiède respiration. Le ciel se charge de l’halènes des Steppes, le silence gronde. Notre ...