Cette douce rêverie est partagée sur « Glimmer » avec Takumi Uesaka qui use d'une fragile mélancolie lumineuse sur trois pistes voix/guitare/effets. Un split cd japonais, première pièce d'un catalogue naissant qui n'en contient pour l'instant que trois.
Peter Broderick est un très jeune artiste. Il a pourtant un vaste cv et ses collaborations ainsi que ses visites sur différents labels s'étoffent au fil des ans, depuis 2007. Mon premier coup de coeur fut au moment de « Float », la cuvée 2008 éditée chez type.
Parmi ses associations, celle de Nils Frahm qui enregistre sa partie sur « Glimmer », et avec qui il partage le toit du label Erased tapes, ou Hush records.
Nils Frahm, autre néoclassique fidèle, partage l'affiche pianistique sur « Mort aux vaches », le tout nouveau monument classico-ambiant de Peter Broderick / Machinefabriek.
Transition idéale pour présenter ce prodigieux objet d'art édité sur le mythique label à l'attache parisienne. Tant d'artistes ont sorti un unique disque dans cette auberge Hollandaise VPRO.. de Piano Magic à Colleen, en passant par Muslimgauze ou Tape.
Chaque disque est enfermé dans du carton épais, du papier de verre, de la mousse, une plaque en fer, un plastique perforé, le tout tenu par une attache parisienne passant par le centre du support musical. Ici, c'est un carton habillé de papier peint désuet avec les titres à l'encre de chine inscrits sur un scotch de protection pour la peinture en bâtiment.
Quant à la musique, elle est scindée en trois sessions étalée sur une heure..
Tout cela reste très technique et fait contraste total avec la splendeur du son qui s'en échappe, et la maigreur des mots pour définir la quintessence sublime. Plus fort et plus beau encore que leur première collaboration « Blank Grey Canvas Sky » en 2010, les trois pistes sans titres sont d'immenses symphonies de piano pulvérisées par le silence que récupèrent les effets ambiants de Zuydervelt, le plasticien de Machinefabriek. Totalement subjugué, je m'engouffre à travers ces sonates expérimentales aussi belles que Winter Family, ce doux drone évaporé, avec la certitude de tenir ici le disque néo-classique 2011.
Autre maison, autre collaboration, Peter Broderick se rapproche de Rauelsson afin d'ornementer d'improvisations les chansons de Raul Pastor Medall, condensées en deux plages allongées de 15 et 20 minutes. « Replica » se présente sous la forme de deux patchworks tout à fait originaux où viennent se caramboler des airs espagnols d'un Nacho Vegas apaisé ou d'un Fran Gayo, et le néo-classicisme de notre jeune prodige. Absolument décalé, innovant et atypique, ce concept classico-folk hispanisant dépose un romantisme celtique très attachant sur Hush records, label où Nils Fraham a aussi sorti un album avec Anne Müller.
Du Japon à la Suède, en passant par les Pays Bas et les états unis, Peter Broderick agé de 24 ans dépose partout son emprunte au piano et au violon, et aussi ses bribes de voix qui transcende la note. Le génie grandissant de ce classique jazz décortiqué intime et ambiant, est sans nul doute la relève assurée de Keith Jarrett avec en plus le silence, l'expérimental comme complice.
Une autre chronique serait nécessaire pour sa visibilité (Bella Union, Efterklang, North & Western...) en attendant plongeons dans les abysses minimales des arborescences artistiques de ce grand musicien.
-Peter Broderick / Machinefabriek 2011 "mort aux vaches" label : spaalplaat (échelle de richter : 9 - support cd - après 5 écoutes)
-Peter Broderick / Takumi uesaka 2011 "Glimmer" label : cotelabo (échelle de richter : 8 - support cd -après 1 écoute)
-Rauelsson 2011 "Replica" label : hush (échelle de richter : 8,8 - support cd - après 4 écoutes)
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