mardi 17 août 2010

Hildur Gudnadottir


Une mouette dans un paysage d’Utrillo comme les cordes graves d’Hildur Gudnadottir sur mon chemin Saint-Sulpice. Elle existe cette mouette, elle est bien là au dessus de moi et tournoie et crie dans le ciel de zinc, légèrement en avance sur l’hivernage citadin. « Without sinking » dans les oreilles n’est pas un rêve non plus, et pourtant, tout danse comme le dos de l’océan anthracite qui vacille et gronde sous la menace. Le bleu cobalt est noyé dans les gris; l’asphalte, le zinc, la pierre, le ciel et la pochette du disque… Le plomb aussi est en avance sur le planning, il est au dessus de nos tètes, sur les visages, les longues jupes assombries et dans mon casque. De longues vagues épaisses de cordes gonflent leurs poumons avant d’expirer vers des creux silencieux. La musique respire, souffle comme un drone céleste pleurant sur des archets. elle évoque une intimité artistique aux ambiances classiques. Elle invoque les abysses par des pluies cendrées chassant l'écume. Aucun espoir titané à la surface, le déluge de cordes caresse la mer de suie léchant ses récifs charbons.
C'est beau et majestueux comme la nuit sur l'océan, voire un matin crachin de chagrin qui n'en finit pas de poindre et traine ses larmes de viole pour chanter les pleurs du goéland qui plane au dessus de la métropole aux avenues d'encre.
Mouette, goéland, viole, violoncelle, tout est manège, et la menace sélacienne argentée culmine sur « opaque », les notes n'ont jamais été aussi graves et les remouds troublants.
Il semble se profiler un jeu solitaire derrière ce chef d'œuvre, mais trois invités viennent discrètement prêter leur instruments en dentelle et gravitent en sourdine autour ce cette force naturelle imposée par Hildur Gudnadottir (Skulli Sverrisson ; Johann Johannsson ; Gudni Franzson), ce jeu puissant, religieux, achronique.
Bruno, Serge, Edwidge et Narcisse, que faites-vous là à l'Assomption ? Les mouettes sont plus belles sur les remparts malouins.
Hildur Nudnadottir 2009 "without sinking" label : touch records
quand on aime : esmerine; le mer, la nuit, tous les matins du monde... l'automne en août....

Aucun commentaire:

Thomas Köner 1993

  La croûte gelée se ramollit, ventre flasque et tiède respiration. Le ciel se charge de l’halènes des Steppes, le silence gronde. Notre ...