mardi 30 septembre 2025

Jacques Bertin -"Le Chant d'un Homme"


 

« Petite chanson, bien mieux qu'un gros livre ». Des pour « aider à vivre ». Des beaux poètes comme on écoute un Ferrat, Ferré, Fanon ou Ferrand, aller un peu plus loin. De Bérimont à Félix Leclerc, cercle sans cesse. Je le farfouille depuis bien longtemps le Bertin. Homme de scène, baladin des bords de Loire, la géographie a une certaine importance je trouve, un terroir, et je vais souvent paisible le long de ce grand fleuve, des chemins sableux, et dans le fredonnement « La permanence du fleuve ». La permanence. L'éternité des chansons.


Des années j'ai arpenté des buttes et des quartiers pour me procurer les vinyles de Jacques Bertin. Une rencontre avec un accroc comme moi lors d'un récital de Lenny Escudero et un échange de disques rares enregistrés sur cassette audio. Des soirées à discuter, « tiens, tu devrais aimer Bertin ». « La Blessure sous la mer », « Hotel du Grand Retour », « Le grand Bras, les Îles », c'était du pain béni pour moi. Engouffré. Tout le reste avant, puis j'ai longé après, comme on suit le courant lourd et perpétuel sur les berges de Blois. J'ai toujours secrètement voulu « une fête étrange et très calme ».

Il vient de paraître le troisième volume « Le Chant des Hommes ». Intégral sur 15 CD, d'un bloc, moi qui ai arpenté des buttes et des quartiers pour me procurer tout ce qu'il y avait à prendre. Je jubile, je me réale et barbote, un flot d'inédits, et cette merveilles « Chansons sauvées des eaux », inédits 2022. Alvarès, Le Chant du Monde, et puis son Velen. Il aura fallu la passion de Christian De Tarlé pour que tout dégringole. EPM musique à Châteauroux, l'intégral Bertin.


https://leschroniquesdecharlu.blogspot.com/2013/06/jacques-bertin-2013.html 
https://leschroniquesdecharlu.blogspot.com/2012/11/jacques-bertin-99.html 
https://leschroniquesdecharlu.blogspot.com/2012/10/jacques-bertin.html 
https://leschroniquesdecharlu.blogspot.com/2019/10/jacques-bertin-2019.html 

Jacques Bertin « Le Chant d'un Homme » vol1.2.3 sur EPM Musique

samedi 20 septembre 2025

Jeb Loy Nichols 2017 / 2022


 

Je reste dans le retro et trifouille mes lacunes. Chuck les potes, et comme un grand magasin avec des caisses automatiques, mes algorithmes me suggèrent. Certes il faut souvent l'aide d'une hôtesse pour valider ou approuver, et c'est là que vous intervenez.

Depuis quelques jours, sans me souvenir du chemin parcouru pour la découverte, je suis bloqué sur la discographie de Jeb Loy Nichols.

Terrain favorable, être bien dans le monde JJ Cale, Piers Facini ou Shane Murphy, Shawn Mullins avec une voix soufflée SRV cool de rocking chair Ben Harper. Voilà pour mon aiguillage hasardeux.

Alors pourquoi « Country Hustle », Bah c'est comme ça, à biner et labourer, je me suis surpris à réécouter cet opus 2017, l'époque de l'autre monde d'avant.

« The United States of the Broken Hearted » avait pourtant ma faveur, juste avant l'écoute de l'autre. Sûrement le soleil dehors, et ce plomb de septembre qui sue et sent la moisissure d'un talus en pleine succion. Rythmique chaloupée, moelleuses percussions, idée de moiteur, mosaïque porto-américaine. Et puis merde, il fait nuit tôt, dans une heure je passe à l'autre. Depuis 2002 le gars, à défaut d'y aller encore plus, et de devoir trancher bêtement sur un coup de mercure qui ne fera que quelques heures sa crânerie avant extinction, je découvre Jeb Loy Nichols et je suis coincé entre 2017 et 2022.

Il a enjambé l'Atlantique mais en sens inverse de Rod Stewart. Atterri au pays de Galles. Est-ce que ça se sent dans sa musique ? Y'a du folk, à sa sauce et pas que. Je sens le bougon dans la douceur, l'americana sur les coteaux gallois, un blues chlorophylle sur de la country de ciel gris. Chaloupé comme une basse pression de canicule britannique. Le reggae danse aussi sur les prés salés. Calexico des Cornouailles.

Au choix, deux Jeb Loy. 

 


Jeb Loy Nichols 2017 « Country Hutle » - 2022 « The United States of the Broken Hearted »

mardi 16 septembre 2025

Chuck Prophet 2002


 

Remettre à César.. à force de salves récurrentes récurant les lacunes ou quelques négligences, venues de part et d'autre du voisinage éclairé, ils se reconnaîtront, des Roger-bontemps en général.

En accord oui, mais sans me vautrer pour autant. Alors c'est assez et je plonge vraiment.

Après midi réservée, laps de temps bloqué, je pose mon pavé de Thoreau flottant 7 jours sur le fleuve et je m'imbibe. Embarcation ready, amarres basses rompues, étendard hissé haut, c'est parti.

C'est comme on rame en traversant toute l'histoire des berges, les lits et les plaines fécondes, le train qui avance avec les rails, la coque en muscade boisé et mon cul sur un chaland, des anciens habitants en molles bourgades peintes dans des ocres héroïques. Tous me regardent dans ces contrées inconnues tellement familières. Sans cesse des tempêtes et toujours ce fleuve mou qui bourlingue.

Eels Beckisé en Petty, tous les orchestres à la merci de Chuck. Le fleuve fume, la barge fend la buée, c'est juste le débit qui sue. Pas un poil devant et pourtant les arbres se penchent, pile poil Devant pour son billet prophétique, c'est maintenant ou jamais. Alors je choisis et bloque, « No Other Love » me plaît énormément.


Plus beaucoup de miracle à mon age.. ah si, je vais bientôt être grand-père. Va falloir que je tienne bien mes étagères de disques. Si si, dans 15 ans y'en aura encore. Les disques à papy. Je rame et pagaye assis et hilare, ou plutôt heureux dans mon imbécillité évidente que seule la libellule bleuté peut comprendre. Je ne décale rien, je prends tout, j'envie la vie d'un sage. L'âme lisse je décâlisse loin des dompes en épiderme et des frasques à schlingue. Le blues des clapotis, la hargne des démons sous la flotte j'avance entortillé sur ce serpent plombé en sobre considération. Faudrait pas non plus virer sur l’ordinaire, que la rivière soit droite et limpide. À fouiller ainsi juste après la belle averse, regard à l'ouest, je scrute les formes de la beauté et me dis que l'art lutte, peut-être un jour il fera fasse en explosant cette admirable clôture. Goûterais-tu ma liqueur la belette ?

Le tantôt est là, les bras brûlent et les copeaux flottent, j'ai trop ramé, je ne connais aucune prière pour ces canopées. Tout est si naturel, l’évidence a la brûlure d'un jour insipide.

Loyalement loin des glaces figeant le lac, je trouve un bivouac au pied d'un bouleau en chaton, histoire de respirer l'aviron sifflotant, la poussière féconde dans le blase, à toute berzingue sans haut fracas j'ai la sagesse dans le biceps et des consignes de paysans dans l'os. J'avance, j'écoute Chuck, presque une révélation, « No Other Love » est mon obsession du moment, la nouvelle, ma lubie d'ici à défaut de mon Homère d'alors, depuis le temps. Et c'est qui cette « Elouise » ?

Un orage tonne quelque part, fanfare de fin d'été, râle rauque des nuages. Esprit cauteleux « Comme un avion », les premières gouttes sont parfumées, j'avance comme je veux, je ne suis pas allé très loin. L'oseille crépue caresse la rame, quel jour on est ?

Dorénavant et à partir de maintenant, qu'est ce que j'aime ce disque, pourquoi arrive t-il maintenant ? Merci d'avoir insisté. Je me dandine frais comme un lardon sur "That's how much I need your love", merci les Césars.


Chuck Prophet 2001 « No Other Love »

samedi 13 septembre 2025

Satie: Uspud (de Leeuw)

 


Mes pensées divaguent aux alentours du Butin, cet endroit opale reculé me charme. La plage du même nom avec aux abords tous ces trésors promis. Les vieux bains de mer sur la plage du Butin, la jetée de Honfleur, la plage du Ratier, Louis Alexandre DUBOURG.

Comme mon ciel du matin est diaphane et que le soleil ne peut rien contre la rosée, je sors le beau livre d'Eugène BOUDIN. C'est une jolie rencontre, le père de l’impressionnisme, le dehors de ma fenêtre et les mots de Christian WASSELIN sur Erik SATIE. Tout est sur la table et dansl'air.

Envie de croquer, d'huiler mes brosses, d'aller me balader sur la côte de Grâce avant de me faufiler sur le chemin des bruyères.

MONET, DEBUSSY, tout voltige et se mélange.

La maison du pianiste, le musée du peintre, les ardoises reluisantes et la mer laiteuse en bas des reliefs. Il y a des endroits où le gris est joli. Finir le bouquin, feuilleter le livre, découvrir l' « Uspud » et m’imprégner jusqu'à la vase de l'estuaire avec le parfum du pays d'Auge.

Remonter la Seine jusqu'au Chat Noir et le Lapin Agile. Les balbutiements d'Utrillo et les « Vexations ». La grande Suzanne est passée par là.

Des « heures vertes » avec sa fée et dans le silence entendre le ruissellement glacé de l'eau sucrée. La soirée dégouline de Montmartre au Mont-Joli, les hydropathes anartistes incohérents, un cercle d'âmes étoffées de « distance, élégance, intelligence, humour, ironie, secret : tout un art de vivre. »

Eugène a mis des nuances sur les notes d'Erik. Je suis tourbillonné. Le juste accord. Épicentre opalescent.


Erik Satie (par Reinbert De Leeuw 2011) « Uspud »

mardi 9 septembre 2025

James Yorkston and Friends 2025


 

L'ombre pyramidale s'allonge sur les asters. L'aulne au dessus de ma tète a déjà montré ses chatons avant de pioncer pour quelques mois. Faut se dépêcher, le sommeil est pour demain. Les humeurs se pourchassent et les rondins s’amoncellent. Tous les soirs je vois la forêt mûrir et j'entends le lièvre craindre le plomb. Le bosquet de sapins se fout de tout, son vert restera.

C'est une journée bien fraîche, marée basse sur mes champs, le vent n'est pas revenu, ma haie se repose, c'est moi seul qui la vois chagrin.

Avaler les confins, marcher le plus possible malgré la lointaine embouchure, imaginer le sel sur la peau et l'horizon s'inverser, bleu outremer en bas, ocre-gris en haut, Nina et Johanna à nos côtés. The Cardigans et First Aid Kit convoquées.

Je me balade souvent avec James. Je l'ai connu avec ses Athletes, « Tender to the blues » est toujours aussi à vif dans mon esprit, avec cette pochette western des côtes écossaises.

Tandis que je cherchais un coin pour fuir cette mer imaginaire sur laquelle je sifflotais, le réconfort est venu de ce trio opportun, un acoustique pour mon huis clos chatoyant.


James Yorkston and Friends 2025 « Songs for Nina and Johanna »


vendredi 5 septembre 2025

The Apartments 1985

 


Freak c'est pas branleur ou alors y'en a aussi dedans. Un bouquin, une mine que dis-je, un gouffre.. La culture musicale british par le bout des freaks. Loin d'en être un, je pioche et picore les brides de ce qui m'aurait plu d'être, ou pas. The Auteurs, The Jam, The Go-Between, Gene Vincent.. et je comble mes manques, je connais et puis pas trop finalement. J'écoute tout. Même The Shadows, les premièrs amours de Luke Haines.


Et je tombe sur « The Evening Visits.. », The Apartments. Il y'a quelques semaines je parlais de Guy Blackman et sa fragilité bancale à ravager le chant par l'émotion ou la défonce. Troublant comme un Daniel Johnston chialant, je suis resté fébrile « All the bithdays », revigoré, confiant et dubitatif. Démissionnaire et orageux. Un pan s'écroule sur le flan de mes lacunes, envie de boire fort et de me barrer sobre au plus lugubre des caves de mon sombre gourbi. C'est beau et dégueulasse, ça sent mauvais la spirée de sublime caniveau. Ça sent pas le fric, plus aucun freak par chez moi, je ne suis ni l'un ni l'autre, je n'ai pas le choix, ou l'envie, et vice et versa, il n’empêche, pour une soirée, une lecture, une plongée en apnée extraordinaire dans le Londres barge underground imbibé et acide avec en plus l'âme de l’hallali qui hurle en alarme étouffée.


Les pages défilent, et « Someone Else's wife » débarque. Les Go-Between. J'archive tout dans un coin de mon désespoir, au cas ou il me viendrait l'idée de vriller sur mon age, ça aurait pu, ou pas, je ne suis pas freak pour un rond .. pourtant merde.. « The Clarke Sisters »....


Je lis Luke Haines, je prends tout, écoute n'importe quoi. Un bouquin comme ça il y a 20 ans c'était 10 bibliothèques et des jours à courir pour tout écouter. Là je suis avachi comme un vieux boomer qu'a jamais bossé et je crowle sur le stream pour combler. Je me régale ou pas. Je patauge. « What's the morning for ? » amoché. Je suce des roues, je suis en dilettante et méritant, je me dégoutte des fois, j'ai quelques idéologies, plus utopiste qu'hédoniste, j'aime bien le sport et sortir en short l'été.. ouaih nan je n'en suis pas.... j'ai rien d'un bohémien, ni intello branché..et puis j'ai rempli ma besace avec tout ce que j'aime. Ça pèse son poids de fric ce truc. J'écouterai pas tous les soirs, mais ...

On s'en fout des tiquettes, et puis des « sectes », groupes, meutes ou autre revendications pour s'extraire et cracher dans le potage, il se le répète un peu trop souvent le Luke que freak il est .. allez, un petit foot, un clash, une claque sur le zob puis un autre The Apartments.


The Apartments 1985 « The Evening Visits..And Stays for Years »

mardi 2 septembre 2025

The Montgolfier Brothers 1999/2025

 


Brutal coup d'automne sur le coin de la gueule, une cinglante sape sur les guibolles et le retour de la meute. J'imagine que mon wagon s'est empli, je n'y suis pas allé ce matin, je suis resté près de cet ampli à chercher l'onde musicale qu'il faut. Un indice, un objet bilan sur les frères Montgolfier vient de paraître. Voilà, j'ai trouvé malgré la vitesse des nuages. Quigley & Tranmer, pas sûr de prendre de la hauteur.

Orion se redresse et laisse tomber l'aube en feu nacré, avant de disparaître sous la voûte et les trombes à flagelles. David Gilmour et sa fille chantaient « Between Two Points » il y a un an. Je me retrouve là, flanqué sans arme à farfouiller au plus profond des étoiles à relier, comme les points au crayon sur les cahiers d'exercices scolaires pour les vacances.

« Seventeen Stars » me dilatent, m'éparpillent, le torchis est détrempé, festin des sols craquelés. Les rampants rempilent et les arbres pensent à la démission.

Le son des accords comme sur l'image, le clavier aussi, tout s’arrête, le ciel canadair a éteint mes champs incendiés, si les wagons se remplissent comme des oies, les barques fatiguées flottent sur une mer reposée. Balayer les fantômes, ratisser la plage ou laisser la houle bodybuildée faire le travail. Quelle tristesse. Des tonneaux de crèmes solaires déversés sous l'écume et les quais croulent à nouveau.

Enfin, j'imagine, je n'y suis pas allé ce matin. J'ai remis The Montgolfier Brothers 1999, histoire de laisser le crachin faire son malin, avant que l'été revienne sur mes plaines. Ou pas.


The Mongolfier Brothers 1999 « Seventeen Stars » sur Vespertine

Jacques Bertin -"Le Chant d'un Homme"

  « Petite chanson, bien mieux qu'un gros livre ». Des pour « aider à vivre ». Des beaux poètes comme on écoute un Ferrat, Ferré, Fanon...