C'était mieux maintenant. Les textes défilent et rien ne changent. Les belles histoires d'amours figent la plaque. La plus belle de toute dans les douceurs les plus troublantes. On traverse depuis des millénaires, passe à travers, ou pas. Faut pas contracter sinon ça pique, se cramponner aux affections, sucer l'ardeur.
J'ai marché au bord de la Remarde ce matin, il faisait encore frais. Le ru entortillé m'a accompagné mollement jusqu'au ruisseau. Cortège d'insectes, opéra d'oiseaux, le vent faisait frissonner les hautes herbes. Un talus de canches ondulait, juste quelques vulpins des près à la danse timide restaient raides. Plus le soleil montait, plus le lit s'élargissait, trois libellules ne lâchaient pas l'ombre. Je suis passé à côté du terrain de tennis abandonné. Deux belles pommes sur l'asphalte mousseux semblaient attendre le nylon tendu. Juste derrière une fontaine aguichait quelques guêpes nerveuses. En fredonnant « La traversée », je me suis arrêté au café tout près de l'église de Saint-Martin-de-Bleury. J'ai pris un bock avant de rentrée chez moi. Quelque part loin d'ici le long des rivières et de la baraka, faut éviter le mortier. Quelques grenades sur un terrain de tennis en ruine.
Brigitte Fontaine, Arelski Belkcem « Baraka 1980 »
« De Baltimore à Bab El Oued
J'allais bramer dans les
bastringues
Avec un buriné bipède qui bandait pas pour le
burlingue
Dans ce bar branché bipolaire
À faire basculer les
belles-mères
J'allais besogner le brouillard avec un tambour de
bazar
T'allais baver pour les babas et les
broutards à boucles blondes
Des petites bulles de baraka (et des
bonbons pour les James Bond)
Baby, boum-boum, baby, boum-boum, faut
faire un break
Y en a ras l'bol de ces blancs-becs
Qui bandent
que pour le bazooka, pas pour la bagarre et le branle-bas
...
Ils s'braquent à bloc sur l'baston,
des barbes bleues bardées de bronze
Des cow-boys bourrés de
béton, des zombies bidons et des bonzes
Qui leur balancent une
blanquette à écrabouiller les banquettes
(À vous briser les
roubignoles, à vous faire barrer d'la boussole)
Pendant qu'tu brûles de la banquise,
braconnant le bonheur sans but
Et me baignant aux quatre bises
avec les boucs de Belzébuth
Baby, boum-boum, baby, boum-boum, faut
faire un break
Y en a ras l'bol de ces blancs-becs
Qui bandent
que pour le bazooka pas pour la bagarre et le branle-bas
(branle-bas)
…....
Ras l'bec de brouter du bitume et
d'barjotter dans une bagnole
Ras l'bec de branler de la brume et
d'barrater des branquignoles
Pendant qu'les barbeaux du business
qui nous bastonnent des bassesses
Biberonnent des bourbons dans
leur buick, j'bosse par peau d'balle et crotte de bique
Tu vas broyer tous ces bouchers qui se
font bronzer la baudruche aux Bahamas
Avec ton blé (pendant
qu'j'balise dans les balluches)
Baby, boum-boum, baby, boum-boum, faut
faire un break
Y en a ras l'bol de ces blancs-becs
Qui bandent
que pour le bazooka, pour la bagarre et le branle-bas »