vendredi 24 mai 2024

Beth Gibbons - 2024

 


Tiens, un boîtier plastique à « l'ancienne ». Sobre.

Du noir mate dessus avec des lettres en cuivre doré, comme le lin cuit. Comme la pièce de monnaie de la pochette Villagers. Noir et lettres cuivrées et je pense au sublime « Sensual Word » de Kate Bush, un autre amour d'un autre temps. Ça part dans tous les sens et lie toutes mes écoutes.

Tant attendu, tant annoncé, rousse chevelure, comme le chien au pieds du tabouret, guitare nylon posée sur l'herbe cuite, travelling des visages comme pour couvrir des ères de vides entre ses deux chef d’œuvre, 2002/2024.


Et je me dis, le front collé à la vitre embuée d'eau salée, que c'est un album hors saison. Ou peut-être à déguster au plus plombé d'une nuit estivale qu'un gras orage printanier aura empourpré l'astre froid cuivré et flou tournant là haut à grande vitesse ralentie.

De toute façon il y a des violons. Et des sons extraordinaires, le lin va cuire sur les nuit cuprifères à venir. Toujours, et je me répète.


Des guitares « Animals » d'un Floyd féminin viennent m'enlever la moitié du cortex alors que je commençais à m'imbiber et me détendre. « Lost Changes » en valse apocalyptique. C'est foutu, je suis perdu. Je connais mes faiblesses, je savais que ma fébrilité allait m'enlever la jugeote.


Tellement prévisible.. jamais je n'ai eu de rencard avec les émotions. Du cuit d'avance.

Et je me suis rué dessus, à cause des autres, des médias, des océans qui peuvent te mettre un vent en une seule vague, se noyer en plein voyage. Noyage. Mais peu importe, j'y serai allé.

L'impression d'être resté là des semaines entières, mon âme fort sale, et alors .. Et puisqu'on nous prive de soleil je vais plus encore m'enliser dans ce voyage. Mes billets étaient réservés depuis un bail déjà.

Tiens, je dors je crois, quelque chose dégouline sur moi, un hydromel tiède que j'avale par petite gorgée.. l'amour chuchote et je flotte. La fin du monde tellement de fois annoncée, le bug de l'an 2000, Yellowstone, les hautes crues qui guettent, l'astéroïde n'est pas pour demain.

Vendredi dernier, le deuxième album de Beth Gibbons est sorti. Je ne sais pas où je suis.


Beth Gibbons 2024 « Lives Outgrown »

4 commentaires:

DevantF a dit…

Lente écoute de la dame. Je fais découvrir à ma dame PORTISHEAD.
(Une parenthèse sur l’album public le titre SOUR il faut bien prendre la version de 5 minutes avec la sortie de route finale : https://www.youtube.com/watch?v=37TWUopJD_E&pp=ygUVc291ciB0aW1lcyBwb3J0aXNoZWFk
Mais pas la version vidéo – une autre soirée ? – plus sage.
https://www.youtube.com/watch?v=CZ_Z0Zfvsj0&pp=ygUVc291ciB0aW1lcyBwb3J0aXNoZWFk)
Trente ans entre les deux disques !! Et moi qui n’arrive toujours pas à concevoir la vraie durée des années après l’an 2000, j’ai l’impression d’une accélération temporelle.
Ecoute lente je disais, en lisant ton texte je comprenais à quoi s’attendre si je me lançais dans une écoute continue. De quoi s’absorber, s’y perdre. Il y a beaucoup de musique dans la dame. Sur quelques titres j’ai eu l’impression d’entendre des échappées à la Tom Waits (au fait il en est où ?).
Je me souviens m’être plongé dans sa participation à la symphonie n°3 de Penderecki. « Tiens, je dors je crois » tu sais ce genre de musique qui te donnes l’impression que tu ne seras plus capable d’écouter autre chose.
Je garde le texte pour une prochaine écoute … différente.

charlu a dit…

Avec un peu de recul.. il manque un peu de "légèreté"..je veux dire que c'est tellement un concentré d'émotion que je vais pas l'écouter tous les 4 matins. 1 peut-être, des gris comme celui d'aujourd'hui. Je suis déjà passé à la Françoiz qui parle d'écologie, de gazon et d'asticot dans la plus belle des légèreté sérieuse.

sorgual a dit…

Cela fait du bien de retrouver le net après cette longue panne suite aux terribles inondations dans l'est. Curieux et éprouvant de voir l'eau entourer ta maison alors que tu es loin de toute rivière, simplement par ruissellement des champs tellement labourés qu'ils en deviennent imperméables, déjà saturés par un mois de pluie.
Enfin bref, c'est pas le Gibbons qui remonte le moral même si je reste sidéré de la force et l'émotion de son feulement merveilleux. Ce qui pêche je pense est plutôt de la monotonie et du manque de puissance de la musique. C'était à mon sens déjà le défaut moins marqué de son premier opus. On ne retrouve pas l'équilibre de Portishead où la musique savait surprendre et prendre le devant.
Sorgual

Charlu a dit…

Ouaih..de saison le Gibbons. Jamais vu autant de flotte. J'habite en hauteur et je vois ruisseler. En bas c'est la marmelade. Ça pourrait marcher aussi avec du Portishead... Ou le dernier Dominique A. 😌 Merci pour tes visites régulières Sorg.

Thomas Köner 1993

  La croûte gelée se ramollit, ventre flasque et tiède respiration. Le ciel se charge de l’halènes des Steppes, le silence gronde. Notre ...