Lessivées par l’orage, les graminées dansent lourdement, abasourdies par le déluge, les grandes pluies d’été. Elles dansent quand même, mollement, le jeune merle sautille, le Pinson des arbres observe et les moineaux picorent. Doux festin partagé. Puis l’étonnement des petits volatiles provient d’un quartier de pomme jeté entre les trèfles et les pâquerettes. Quelques coups de becs dans cette pulpe sucrée puis retour vers le pain mouillé balancé lui aussi. Le ciel se couvre un peu.
Tout semble respirer l’ordre des choses, c’est un bel instant matinal pourtant déjà bien éloigné de l’aube. Plus encore du crépuscule. Dustin O’Halloran s’installe parmi ce cours ordinaire, son piano distille l’apaisement, il n’est pas impossible qu’il ait lui aussi bu à plein poumon ces grands parfums de foin à venir, l’haleine de cette marée d’herbes sauvages.
« Silfur » chef d’orchestre du jour.
Dustin O’Halloran 2021 « Silfur » label : Deutsche Grammophon