jeudi 2 juin 2011

Bill Wells & Aidan Moffat

Après s'être évadé vers quelques pistes électo-ambiantes sur le label Melodic sous le nom de Lucky Pierre ou L.Pierre pour trois albums, Aidan John Moffat a récité et chanté sur deux disques sur Chemikal underground. Ici, il arrive au jazz via un compatriote scotch pur malt Bill Wells. Et ça lui va très bien.

Malcolm Middelton lâchant sa gueule de bois sur trois albums solo de très grandes envergures, Arab Strap, ayant fait ses adieux sur l'ultime album compilatoire « Ten years of tears! », s'éparpille prodigieusement.

Des tronches à n'en plus pouvoir de naufrage, une mélancolie proche des récifs exsangues, cette association nouvelle offre un album prestigieux, sombrement dantesque.

Je me souviens de « direction of strong man » sur « Elephant shoes », dessinant les prémices d'une dépression prenant tout son ampleur sur le très lourd « The red tread » en 2001, mon préféré. Je me souviens aussi des nombreuses apparitions de Bill Wells, ce cerveau jazz expérimental, éclaboussant quelques collectifs comme Geographic disparu, ou Tzadik , le cultissime label new yorkais aventureuxde John Zorn au catalogue opulent.

Une petite sortie discrète ici, des tronches volontairement abîmées en croquis sur fond blanc, l'intérieur vif et fauve comme pour contenir la rage, un ange qui passe au milieu de tout ça et Isobel Campbell use de ses cordes à violon sur « (if you) keep me in your heart », tubesque. Un instant de grâce. Ces deux là se connaissaient avant, ils ont dû se croiser, se côtoyer il y a quelques années, avant que la visibilité ne s'empare de leur parcours.
Ou alors « Everything's getting older » est une connivence culturelle écossaise, un coup de sang (froid) opportun. Un flash inspiré.


En tout cas, quelque soit l'origine de cette collaboration, le résultat est une œuvre riche, un terrain d'essai où viennent se percuter deux mondes pas si différents que ça.
Bill Wells toujours aussi efficace, maîtrise ses notes comme s'il s'agissait d'un disque piano bar de Tom Waits.. alors que Moffat s'habille en Shane McGohan qui n'aurait plus le pieds marin, et qui se morfond sur ses chansons comme un vieux bourlingueur qui témoigne. La viole pleurniche, le piano illumine, la voix s'ennuie, la trompette se noie dans la brume, les légères programmations effleurent à peine le jazz modéré et les verres se vident.

Movietone sur Geographic, même auberge culturelle que Bill Wells, transition idéale pour aborder ce grand moment qui peut palier au manque de ne plus voir apparaître des albums d'Arab Strap au rayon nouveautés.

Bill Wells & Aidan Moffat 2011 « Everything's getting older » label : chemikal underground
http://www.chemikal.co.uk/
http://www.aidanmoffat.co.uk/




chronique multi média ici
échelle de richter : 8,2
support cd
après 3 écoutes




















5 commentaires:

Francky 01 a dit…

J'ai découvert Bill Wells & Aidan Moffat grâce à un très récent post chez l'excellent blog Le Noise.
Très belle découverte, pochette somptueuse (j'aime bcp ce style de dessin croqué mais précis). Cela fera 1 pochette de + pour la série "Pochette avec visages barbus" (j'ai commencé, j'en suis à 26, qu'avec des visages en gros plans, enfin presque)......

A +

Benoit a dit…

quasi même note et même conclusion pour cet album plein de charme.

charlu a dit…

Oui, assez étonnant même ce charme provenant d'un duo alcoolico-choc..je m'attendais à une bande annonce loch ness pub écossais en branle. C'est assez épuré, aéré même si la voix d'Aidan injecte le gris habituel.

Floyd013 a dit…

Ils seront en concert le 4 novembre 2011 à la Flèche d'Or... En attendant un hypothétique retour d'Arab Strap.

charlu a dit…

Merci pour le tuyau Floyd de marseille... tu crois qu'ils vont se reformer ?? les chemins ont l'air d'être partis dans des directions radicalement opposée .. endehors de la tiz..peut être autour de qq pintes alors.
Bienvenu ici Floyd.
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