mercredi 9 mars 2011

REM



Difficile de trouver un temps mort en ce moment. Je ne sais pas où donner de l'esgourde. Lundi, je suis parti au charbon l'air serein avec la certitude d'embarquer dans mon panier à course le nouvel opus de REM, sans aucune crainte de déception, ni de révolution d'ailleurs.

Pas envie de bousculer le monde donc (quelques galettes de début d'année ont déjà travailler à cette tendance), je suis allé chercher une galette d'Athens comme un rencard avec un vieux pote.
Une petite valeur sûre pour ressasser la même philosophie artistique, histoire de tester les repères. Pas de chimère ici, mais pas de futilité non plus. Un très bon disque et des remugles d' « Automatic for the people » avec « Überlin » ou « me, marlon brando, marlon brando and i », un poil accéléré par « discoverer », « all the best », et des bouts d'esprit punk qui ont fait le socle du groupe avec « mine smell like honey ».


Michael Stipes vit près de McCartney, Andy Partridge, Brian Wilson. Il est aussi un génie du couplet/refrain simple et implacable. C'est un perfectionniste depuis 15 albums. Les mélodies fidèlement ciselées ont sans cesse gardé une évidence, une simplicité déconcertante (énormément de tablatures guitares en mineurs facile pour un autodidacte).
J'ai découvert ce groupe grâce à Antoine DeCaune, fan assidu des premières heures et présentant évidemment « Losing my religion » en 90 sur le plateau de nulle part ailleurs. Le groupe à l'époque flottait ici dans l'indifférence la plus totale. Ce fut le déclic, mais le meilleur restait à venir. Aussi , je devais fondre littéralement sur « Monster » (et sa face B « New adventures in Hi-Fi » construit sur de très beaux restes de « Monster »).. l'album le plus atypique. « Green » avait déjà lancé les hostilités avec l'apparition du Ukulélé devenu depuis incontournable. Avant « Green », c'est l'époque punk (ou chevelu) avec des indispensables comme « Murmur », « Reckonning » qui viennent d'être réédités en version Deluxe.
Autre étape importante, le départ du batteur Bill Berry pour raison de santé en 97. L'âme fidèle du groupe fut sentimentalement ébranlée, il devait en jaillir « Up », leur opus le plus profond, flippé et sombre. Un autre chef d'oeuvre.
C'est assurément le groupe indispensable que je passe le plus souvent, un REM pour la route, naturellement. « Around the sun » est le disque le plus easy listening que je connaisse, et les deux doubles albums live de Dublin sortis en 2007 (au point depot) et 2009 (à l'Olympia) sont de véritables cadeaux instantanées au track-listing impressionnant.



« Collapse into now » démarre à toute berzingue comme une transition au précédent « Accelerate » que j'ai beaucoup apprécié à contre courant des critiques unanimes. Puis on plonge avec « Überlin » et « Oh my earth », la magie envoûtante, fidèlement interprétés par le timbre sublime, l'ivresse d'une petite houle qui tangue. La magie opère, dans le lyrisme mélodieux et le celtique, la fibre et le fil conducteur de toutes leurs plus belles chansons. « Blue » termine sur une touche expérimentale, avec un récit de Stipes, un chant de Patti Smith et un tempo lancinant sombre comme un morceau de « New adventures in hi fi ». Les dernières notes de guitares revient sur le thème initial de « Discoverer ».


Pour les fans inébranlables.


REM 2011 « Collapse into now » label : warner
http://www.remhq.com/

échelle de richter : 8,5
support : cd
après 4 écoutes

Les vidéo chez Les frères du son.

mardi 8 mars 2011

Thiefaine / Souchon





Petite transition noir et blanc d'inspiration de pochettes croisées. Deux styles différents mais deux langages cruciaux pour l'histoire de la musique d'ici.
En ce qui concerne les albums, j'avais 16 ans et je confondais obstinément les deux pochettes dans les bacs.
Si je ne suis Thiefaine que depuis cette époque, j'avais Souchon dans ma pile de disques depuis que la p'tite Bill elle était malade.
Ceci dit, je suis resté avec l'idée associée de ces deux opus, dans la forme et le fond (et le son).
Découverts en même temps, je me repasse nostalgiquement ces deux disques avec un trouble palpable, surtout pour « Meteo für nada » qui ébranla pas mal ma discothèque d'alors (« affaire Rimbaud » ma préférée). Mairet atteignait ici les vapeurs sombres d'un Robert Fripp période Discipline (« Bipède à station verticale »).

La seule différence est que le millésime Thiefaine 86 est ma préférence pré-tentation du bonheur, un véritable chef d'œuvre osmotique, et que Souchon 87 est celui que j'aime le moins, ce son là ne lui sied pas.

Hubert Félix Thiefaine 1986 « Mété für nada » label : CBS
http://www.thiefaine.com/

Alain Souchon 1985 « C'est comme vous voulez » label : virgin
http://www.alainsouchon.net/




Un petit ajout de pochette similaire soufflée par David qui me chante Thiefaine au téléphone. Un autre cabochard que je connais beaucoup moins, ce disque en tout cas.

François Béranger 1989 "Dure-mère".
www.ramdam.com/bio/francois-beranger-biographie/

dimanche 6 mars 2011

Noir dimanche : Smog; Veirs; Songs:ohia; B"Prince"B


Thiefaine est arrivé sur les courbatures de « Let England shake » (pochette noir et blanc aussi). Convalescent, j'ai repris une méga dose de fébrilité en version spleen.

Pour reprendre une allure à peu près potable au milieu du débit humain qui m'attend demain, j'ai passé mon dimanche à fuir Thiefaine volontairement et à regrouper des pochettes noires cultes de mon coin musique pour ne pas trop m'en éloigner non plus.
Ces quatre albums préférés d'artistes fameux qui sont sortis à l'encre noire, me sont apparus comme une évidence, comme leurs meilleurs finalement. Ils sont passés à la postérité des folkeux les plus renommés. Je les adore, et comme « Suppléments de mensonges » m'a rendu très bavard, voici lâchées sans développer, ces quatre pochettes de mes monuments dominicaux qui pourtant mériteraient chacun une chronique.

Assurément mes préférés discographiques pour chacun d'entre eux : Noir dimanche post-thiefaine.

Smog 2001 « Rain on Lens » label : domino
www.myspace.com/smoggertone


Bonnie « Prince » Billy 1998 « I see a darkness » label : domino
http://www.palace.free.fr/

Songs:Ohia 2000 « Ghost tropic » label : secretly canadian
http://www.magnoliaelectricco.com/


Laura Veirs 2004 « carbon glacier » label : bella union
http://www.lauraveirs.com/
Un petit clin d'oeil à Francky qui aime le graphisme des pochettes.

samedi 5 mars 2011

HF Thiefaine (3 ème et dernier volet)





Enfin vient l'heure des chimères, il est temps de vouloir refaire le monde solennellement. Les têtes raides ont montré le chemin, Thiefaine va achever d'injecter à l'heure qu'il faut la sève spleen, le carburant délétère pour « rêver d'avoir été », et « finir par tomber » encore un peu plus. Et si le jour se plombe, la démission s'évapore pour des rêves imprudents, c'est l'heure de trafiquer le soupirail, d'en faire une verrière ouverte vainement sur nos orages.
Si Kanche vient soumettre mon désespoir de n'avoir connu Léo Ferré de son vivant, Thiefaine vient , discrètement consanguin, tenir la flamme, brandir l'oriflamme. C'est un peu l'heure d'être un bipède à genou, athée en prière... un peu tard pour commencer, un peu tôt pour mourir un peu plus.
Les noisetiers lâchent leurs poussières fécondes et la canneberge attend son tour. Ces haies inutiles d'Ericaceae couvertes de chiendents nous parfument tout autant. Et si l'arbre majestueux de Dole n'a plus sa reine claude, le tronc envoit la sève comme jamais depuis qu'il a perdu ses fruits et que le bonheur l'a tenté. Je lâche prise, je glisse, je léche le zinc, et suce la pompe à bière pour me souvenir de nos « ruelle des morts », et malgré les tendons fébriles, je reste debout à hurler quelques hymnes farfadets et vouloir « donner son âme à un clown » pour ne plus voir cet « étranger dans la glace ».

Léo Ferré de qui il chipa la solitude à son zenith. La solitude, et le silence, cette nouvelle jouissance de rocker meurtri, ou plutôt ce luxe incommensurable happé par les artistes consciencieux. Le silence, cet instrument qui à coup sûr à recardé un art fourvoyé par le marasme et le flip.






Un coffret récapitulatif, une récréation avec un des plus grand guitariste d'ici (Paul Personne), un disque écrit dans l'anthracite et perdu dans le composte discographique (« Itinéraire d'un naufragé »), et au bout, un « Suppléments de mensonge » qui arrive sans crier gare.. et nous, complètement fébriles et pas loin du fond non plus, on invoque. Thiefaine, c'est ça, plus viscéral qu'épidermique, en souterrain à collectionner les disques d'or.

J'ai déjà avoué ma frilosité à parler des auteurs français à la langue bien chargée. Le Thief en est un, il en reste peu, on s'accroche avant qu'il y en ait plus.. Il est coincé entre un Léo Ferré en pétard, et un Bashung populaire. Et pour preuve, on parle de ce disque comme sa « Fantaisie militaire » à lui. Il ya même du "Bleu pétrole " et "tant de nuits" encore. Et la pochette ?!! c'est pas de "L'imprudence" noire ?? A défaut de recevoir en soin palliatif cet itinéraire volatilisé, on garde espoir et on reprend un peu de mensonges .. en supplément puisque « Les étoiles n'ont plus de discours ».






Les musiques arrivent d'ailleurs, puis les mots dégoulinent sur les notes avec sa verve opulente habituelle. La musique fraîchement moins rock dans la forme se prend des teintes de Calexico dans la maison tellier, acoustique. Normal, Armand Melies, JP Nataf, La Casa y trainent leurs airs magnifiques. La voix caverneuse se dilue. La nostalgie pointe le bout de son clocher. Trop rare pour ne pas le remarquer..le Jura, Dole et la ruelle aux morts, des framboises que l'on suce et qu'on dévore.




Il faut vous dire que je ne suis pas un Thiefaine pure
souche, je suis entré plein pot dans ses mots avec « pulque mescal y tequila » en 88 (c'est un peu la même chose d'avec Bashung.. je l'écoute depuis Novice seulement, mais avec une force terrible). Mairet, son double, tournait dans la sphère du Thief pour la dernière fois. J'ai déjà avoué aussi ma fascination des collaborations, des duos mythiques. Celui-ci en est un, mais je suis un enfant de leur séparation. Les forums actuels ne parlent que de ça, je n'étais pas là, et je n'ai toujours pas fouillé dans son passé, les dernières balises ne sont toujours posées chez moi, j'ai reculé jusqu'à la zone chaude de la môme, pas plus, juste un album avant.. Il n'empêche, depuis deux décennies HFT est un artiste récurent à mes heures les plus intimement secrètes, quand on a pas envie de se sentir trop seul au fond.
Je me souviens ado des fans irréversibles qui se revendiquaient du Thief. Et puis David ma « favorite », mon frère d'âme invoqué au deuxième volet l'aime plus que tout, depuis belle lurette. Il aime les individus comme personne d'ailleurs. Il écrit des romans sur les hommes entre eux, sur les êtres qui vibrent, des histoires d'amour. Mairet dans son calepin, il me raconte et moi je plonge, j'écoute goulument..et je glisse.

Il est déjà demain, ça fait combien de fois que ces mensonges passent ? Je ne suis pas dupe, et pourtant je suis encore éveillé à y croire.



Hubert Félix Thiefaine 2011 "Suppléments de mensonge" label : sony
http://www.thiefaine.com/

quand on aime : léo ferré ; bashung
échelle de richter 8,9
support cd
après 12 écoutes ( et plus pour 1,2,3,5,6,7)



vendredi 4 mars 2011

Les têtes raides (2 ème volet)



Le soleil est déjà bien bas, il ne persiste pas encore des masses à cette époques même s'il lutte sous les chants nouveaux des merles. De toute façon les après midi claires ne servent pas à grand chose, une transition à, un creux à attendre que le jour décline et que l'inspiration vienne. Ou alors c'est moi qui suit à l'envers.
« Ode à la nuit » en attendant qu'elle arrive pour pouvoir commencer, commencer la journée avant « l'an demain ». Les Têtes raides débarquent avec leur cargaison de frissons et ce passé épidermique d'humanité. Et voilà, c'est parti, « fulgurance » vient donner le feu vert pour une journée presque achevée qui commence. « L'an demain », comme « Je chante » sur gratte poil appelle aux larmes dès les premières secondes. D'ailleurs, cette apparition 2011 est la meilleure depuis « Gratte poil ».

Charluzinc en masque c’est pas pour rien. Pas trop skyzo, plutôt intro. Vous ne vous êtes jamais demandez pourquoi Charluzinc ?? Charlu c’est perso, mais pour le zinc on devine facile cette attirance pour la musique de bistrot. Accordéoniste, cordes sèches, pintes, textes anards et rencontres pour refaire le monde; métissage de textes et de bal musette représenté dans les hauteurs par les Têtes raides depuis 88. « Je chante » en drapeau (noir), la discographie du collectif métropolitain reste assez époustouflante. On aime ou on déteste. Nous on aime, je dis nous, ma tribu, Charlo Juju et les autres. Et puis des wagons de zinc ont chaloupé mes pintes depuis deux décennies, Debout sur le Zinc, Les Ogres, Les hurlements de Léo, Loic Lantoine, et puis les moins connus, Rue de la muette, Padam, et plus près encore, David mon âme soeur, à la tète de La Brinche ...
Cet étourdissant manège de mots, de cuivres, de vents, de cordes et de fraternité revient en force avec ce groupe puissant. Il faudrait des pages entières pour raconter.
C'est pas nouveau, ça fanfaronne, ça milite comme d'hab, mais c'est très bon, beaucoup plus aéré. Seule la pochette change, elle n'est plus des Chats pelés, mais de Richard Dumas pour la photo , la tronche de Christian Olivier à défaut de son graphisme partagé.

Les têtes raides 2011 « L'an demain » label : tôt ou tard/mon slip.
quand on aime le zinc
échelle de richter : 7,9
support : cd
après 2 écoutes

jeudi 3 mars 2011

Hubert Mounier


Il faut bien se rendre à l'évidence qu'ici sur l'hexagone, la récolte 2010 fut un poil maigrichonne. Deux mois ont passé et déjà quelques remouds viennent me dérober le sol. Voici, au fil de la clarté, la longue descente sentimentale d'une journée, trois découvertes au rayon chansons françaises:

Il y a du soleil dehors, sûrement depuis longtemps, une grasse matinée bien épaisse m'a déjà privé de quelques heures radieuses, alors pour prendre le train en route, je décide de m'atteler à la découverte du nouvel opus d'Hubert Mounier. De toute façon, après la caféine c'est la platine.

« La maison de pain d'épice », comme une légère prémonition à l'ensoleillement soufflé par la pochette sucrée et l'appétence du gars à œuvrer gaiement. Une tranche de pain au miel parfumé de cannelle et de girofle pour la petit dèj de midi avec un café xxl, le troisième, noir comme la pochette. On connaît tous Hubert sur sa chic planète, mais c'est le réveil qui est batte ici, une collection de chansons dans le sens du poil, idéale pour l'anticyclone qui éclabousse. La voix dévie vers Sheller, l'ambiance Beatles est maîtrisée par Biolay et l'esprit pop français frôle le dernier opus de JP Nataf que nous avons adorés en 2009. « Rien de mieux à faire » que de laisser couler les instants gracieux et légers.
Hubert Mounier 2011 " La maison de pain d'épice" label : naïve
quand on aime : sheller, jp nataf
échelle de richter : 6,9
support : cd
après 2 écoutes

mardi 1 mars 2011

Wooden Wand



James Jackson Toth est un autre trublion psychédélique acoustique. Sous le nom de Wooden Wand, il a autoproduit une grande quantité de cassettes et Cd-R avant de sortir deux superbes albums sur différents labels. « Harem of the sundrum and the witness figg » en 2005 chez sotf abuse, puis « Second attention » en 2006 chez Kill rock stars, un peu plus électrique et sous le nom de Wooden Wand and the sky high band. D'obédience Zimmerman, Ben Chasny et In Gowan Ring, Wooden Wand se perd dans son country-folk apocalyptique, un song-writing traditionnel barré et étincelant.
On se rapproche de la lumière avec son dernier ouvrage « Death seat ». Un fois de plus Michael Gira ouvre ses portes, accueille et intègre. Son art se purifie sous les éclairages tamisés de Young God records.
James Toth est l'alias de beaucoup de noms, dont le plus connu en présence de sa compagne Jessica Toth, Wooden Wand and the vanishing voice. WW nu est accompagné ici des restes du Cerberus Shoal, œuvrant chez Gira sous le nom de Fire fire.

Ce disque est somptueux, clair, affecté, toxique, bouleversant comme un Birch Book. Sa voix comme contaminée avoisine étonnement celle de Gira (on dirait que c'est lui qui chante sur « sleepwalking after midnight »et "servant to blues"), Dylan par moment et Nick Cave quelquefois (le superbe « Ms Mowse »). La présence d'une multitude de musiciens fait déguerpir la rugosité rustre de ses productions habituelles. Une très belle orchestration acoustique opulente aux arrangements limpides et prestigieux.
Voici donc un admirable virage opalescent qui j'espère va propulser sa visibilité vers une carrière plus méritée.
Un petit séjour dans les profondeurs des bocages normands m'aura suggéré quelques écoutes, les plus boisées du moment.

Wooden Wand 2011 « Death seat » label : young god
www.younggodrecords.com
www.myspace.com/woodenwand
quand on aime : birch book; michael gira, bob dylan, six organs of admittance

échelle de richter : 8,75
support : cd
après 3 écoutes.

le petit bijou du disque :

Chronique multi-média ici.

James Yorkston and Friends 2025

  L'ombre pyramidale s'allonge sur les asters. L'aulne au dessus de ma tète a déjà montré ses chatons avant de pioncer pour quel...