Complètement happé par
la pochette, elle me renvoie aux grandes heures du Cerberus Shoal et du
Big Blood. C'est au chapitre rock-prog, un autre projet de Steven
Wilson. Porcupine Tree main dans la main avec Opeth (Mikael
Åkerfeldt). Le résultat est stellaire, vaporeux et minéral. De
belles lumières sous des filtres clairs.
Nappes, moments
acoustiques comme Gowan Ring,une grande maîtrise dans l'apaisement
mystique.
Aucune grande envolée
tellurique, ou presque pas (« Hag »), le sanguin
amorti, une kyrielle de personnages engourdis défile et « Happy »
approche le monde inspiré de Thom Yorke.
Nylon des cordes, étendue
des claviers, le dessin des écritures est paradisiaque à sa façon.
Un bancroche éden. Je suis dans le prog jusqu'au coq.
Au détour d'une
réédition vinyle, je découvre cette autre face cachée de Steven
Wilson, histoire d'un seul album, singulière bambée à peine
déroutante.
Incroyable, fallait oser,
jusqu'au look Ozzy, je n'en demandais pas tant, des jeunots du fin
fond du phare-ouest paimpolais, je joue le jeu et plonge comme un vieux
diable addict au rock psyché heavy prog. Les nappes de synthé
affolent le couchant. Le batteur annonce la tempête dès l'intro.
Affolant.
Un papier lu (R'n'F), une
écoute accroche, et les infos tombent. Une réédition de Uriah
n'aurait pas autant déclenché d’enthousiasme chez moi, ça vient
de sortir, c'est Moundrag et j'ai les poils.
« The Caveman »
mon Dieu, dommage que je ne puisse plus me laisser pousser les
cheveux. Les étiquettes pleuvent, normal, ils côtoient le Deep
Purple, les touchent du doigt, ont fait un soir leur première
partie, il y a de la mélodie en plus et surtout un jeu à deux. Du
vivier plein les bras, une prouesse.
Je reprends mes esprits,
les frères Duvivier ont commis ce « Deux »
brûlant de jeu, de passion et d'histoire. L'est où la gratte ??!! on dirait pas mais rien du tout (j'ai pourtant
commencé à « Air guitarer » comme un bleu), un batteur,
un clavier, et un bassiste pour cet opus. La voix est raccord, l'onde est
fantastique.. King Emerson Ghost etc. Tout y est à deux .. Deep
Paimpol.
Quoi d'autre ? Bah
la pochette, absolument dans les cordes, magnifique. J'ai commandé
l'opus disponible qu'à distance pour l'instant, histoire de le
présenter à mes enceintes et de brandir bien haut cet incendie du
genre. Beau et infernal. Venez mes enfants, papa a un truc à vous
faire écouter, c'est une nouveauté, nan c'est pas british, presque,
après vous faites vos valises, on se à Quimper.
Si c'est pas du pif
sablonneux ou de l'addict subliminal ça, juste pour me dire d'aller
faire un tour de ce côté-ci, de Howe, parce qu'il se trame un truc
dingue qui vient juste de paraître. On pourrait appeler ça un super
groupe comme on a pu voir s'amuser les Travelling. Howe Gelb, M.Ward
et McKowski en toute humilité viennent de commettre un petit album
du cru, solaire et poussiéreux.
Lézarder au clair de
lune.
Il y a quelques années,
durant l'un de mes exodes chez mes frères lusitaniens, j'ai vu figé
au dessus du frigo sur le mur blanc du sous-sol, um lagarto, un Gecko
hagard. Je l'étais aussi, moi le beauceron gris éberlué. Je n'ai
rien dit, ni alarmé. Il y a un irlandais chez ces americanos
chaleureux, Mark McCausland, l'alias de McKowski. J'aime l'idée des
projectiles outre-atlantiques qui peuvent faire par exemple de
Fleetwood Mac un autre groupe (ne cherchez aucune ressemblance).
Bref, il y a une semaine
je replongeais dans OP8. Une soirée entre amis avec une playlist
Calexico et hop, l'alterégorithme.
Et puisque nous sommes
tous sur écoute, voici la dernière proposition qu'on me propose. Je
cède, je prends, je craque et j'accepte. La main tendue invisible.
Je l'adopte. Et « Black diamond » me cisaille la
veineuse.
Je veux longer les
interstices, me faufiler à travers les entre-côtes, observer figé,
embrasser les adventices, et grailler quelques insectes morts à
défaut d'aller ouvrir le frigo, juste en-dessous de moi. Plages
instrumentales assommées (« Scoundrel »), humide
balade cuivrée (« River song »), plomb texan totalement
liquide (« Botas negras »), retour à la pedal
steel (« Blame it on the ocean »).. Je suis collé
au mur blanc, pourvu juste que l'on ne m'ait pas vu.
Il a un lourd cursus en
arme bétonné. Je suis allé explorer en écoutant ce brûlot
insolent d'histoire et de facilité talentueuse.
J'avais le dernier Curtis
Harding en écoute et dans la discussion, « Déjà 2 chroniques
dessus » me dit mon pote avec qui je partage depuis des années
les nouveautés (merde, depuis 25 ans). « Écoute plutôt ça »
prenant le pouvoir sur ma Mega-Boom en surchauffe. Étonné par le
bourrichon de son geste qui pourrait passer pour du barbare, je
laisse l’énergumène agir. Il est branché Télérama certes, mais
se pique souvent de quelques fulgurances, voire de bons conseils.
« Big Money »
de Jon Batiste.
L'exalté sur mon
fauteuil en face de moi m'a tué. Plus aucune place pour le
contemplatif qui me traîne les veines depuis des semaines et que
j'ai essayé de rompre avec le super Curtis Harding 2025. Le
bucolique dans le tiroir, je me suis laissé entraîner avec
l'étincelle joyeuse d'une discographie et un monde à découvrir.
Demi-heure épatante, les 9 plages ont défilé comme on déguste un
documentaire sur l'histoire de la musique de la Nouvelle-Orléans. Le
mec invite, partage, Andra Day, Randy Newman (cette chanson!!!!)...
Son, jeux.. délicieux. Sorti en août dernier?! pas étonnant,
désolé Curtis. Je reprendrai la contemplation un autre jour,
« allez, rends-moi l'enceinte vieux, on va explorer Jon
Batiste ».
Des choses fondamentales
se diluent dans les absences, des petites perfections aux oubliettes.
Il est passé des jours entiers cet OP8, revenu ouvertement sans affres ni doute, puis dilué dans les moult écoutes au fil des ans.
Calexico augmenté. Lisa chez les garçons. City Slang, 4AD, Howe
Gelb, tout un monde.
Un point de fuite, le
pile endroit des idées qui se longent. Puis l'impact, le temps d'un
album, la magie de tout un monde qui s'abouche. On dirait un couple,
une histoire d'amour dite, le chant des inspirations regroupées.
Et mes enceintes avec
cette moue crâneuse tout en tapant la membrane, « bah ouaih
mon gars, combien de temps que tu n'as pas écouté ce chef d’œuvre
?!!! ». Émotions de très haute fidélité.
Mon rock-in-chair et mon
chapeau de paille, vous allez vous balancer à nouveau dans le plus
bel embrasement. « Perdre sa vie à chercher l'or d'un
cœur ».
La profonde couleur
bleu-nuit des bouteilles de fleur d'oranger m'a toujours apaisé. Le
contenant d'abord, ce vitrail trouble de rayonnage, et aussi le
parfum qui s'en dégageait dès qu'on dévissait le bouchon à vis.
Je faisais souvent ça quand ma mère s'adonnait aux pâtisseries, je
restais là à observer le protocole en aidant dès que je pouvais,
une pesée, garder la pâte en mouvement pendant qu'elle battait le
blanc des œufs ou tranchait la motte de beurre. Renifler la fiole de
cocagne. Quelle belle idée d'associer ce bleu avec le parfum des
oranges en fleurs, orange bleue comme la Planète. Ce petit flacon
allumait mon imagination.
Plus tard pendant mes
études de laborantin, je suis tombé sur le même verre bleu avec un
bouchon à vis, dedans c'était de l'éther. Nous nous en servions
pour endormir les souris d'élevage juste avant de les décortiquer.
Je passais les cours de biologie animale à moitié endormi avec ce
réflexe nostalgique de respirer le contenu suave de ce flacon bleu
nuit joli comme un vitrail, un autre bleu moi qui suis de la vallée
de Chartres.
Cette petite bouteille
apaise quoiqu'elle contienne, rêveries orangées ou anesthésiant
éthéré, j’aime énormément les flacons de verre de ce bleu-là,
voilés de nuit le ciel parfumé. L'épaisseur cérulé gras pour
conserver et protéger des lumières, garder intact à tout prix
cette effluve qui dompte le cerveau. Un masque bleu, ajuster le
crépuscule.
La météo dans les
dents. Avec le recul, je réalise son influence permanente sur mes
écoutes, l'envie musicale accrochée aux couleurs des arbres. Mon
humeur à la merci, aucune volonté, Orion debout, brume matinale,
alignée de peupliers jaunis, la lumière qui se nacre, j'ai ce qu'il
faut en rayon.
Conseil d'un ami, il fait
très noir dehors. L'heure avancée installe une buée grise
argentée, l'horizon se trouble et le vent s'est couché. Mais c'est
quoi cet album !!
Exactement comme je
l'avais envisagé, la matinée est flamboyante et fraîche. Il a
fallu que le vent lâche sa grasse matinée pour chasser le
brouillard. Tout s'est incendié. Mon arbre boule de neige est rouge
sang et ça tombe bien, j'ai rendez-vous avec « Blight »
de The Antlers. Je me langui et le café gargouille. Le carnage dans
mes douces émotions mélancoliques. Mise en scène. Inconsciemment,
la veille j'ai presque tout programmé. Ce n'est en tout cas pas un
hasard. Je suis assis dans ma verrière à contempler dehors le
nuancier qui chante comme un bouquet final avant extinction des
lumières et le règne interminable des gris.
Les petits bonbons
violets de mon Callicarpe s'allument un par un, le soleil montre le
lierre qui s'adonne aux derniers butineurs d'octobre. « Blight »
distille, c'est une merveille, c'est tout ce que j'aime quand les
champs fument et que les toiles d'araignées sont parées de perles
brumisées. Plus tard j'irai explorer ces gars-là. En attendant je
déguste.
Folk carotène, un Musée
Mécanique Low Eliott Smith qui sent le bois de chauffe. Les jours
raccourcissent certes, mais il fait tiède sur les palissades, des
britanniques dans le désert. Des voix canons, des accords clairs et
distincts, il pleut sur le sable. Quatre dans le minimum pour des
belles tranches de chansons lentement chaloupées. Cosy, bien isolé,
les feuilles emmènent le orange par terre, doux et moelleux, c'est
un acoustique chanté qui réconforte comme un vieux poêle à bois,
avec dessus une gamelle qui fait fumer la soupe, et éventre les
châtaignes. Fredonner calmement en joie avec la mousse qui renaît
et le pissenlit Larousse.
Modern
Nature 2025 « The Heart Warps »
sur Bella Union
Piégé par la pochette,
moi !!?? Oui et non. L'hameçon mordu, j'ai voulu me débattre,
intérieur joue blessé à me morde, mais la mâchoire s'est vite
détendue. Loin de me noyer, je me suis posé, et comme un vieux
gigot rescapé sur la berge j'ai gigoté, retrouvant ma respiration
sans broncher, dandinant comme un dadais, eh ouaih, j'écoute du rap
les gens, que j'ai dit à mes préjuger graphités de bourru.
Alors, calmez-vous, j'ai
dit ni oui, ni non, pas dupe non plus, et les puristes du genre
étiquetteront-ils ce bel objet de rap ??
Bref, ma rétine a
crocheté un sublime album de RAP, mon corps à danser ankylosé, et
mon cœur a flanché sur la petite madame SIMZ. Déçu il y a
quelques semaines par les nouveaux projets de BUCK 65, j'ai failli
définitivement lâcher l'affaire. « Lotus »
m'a sauté dessus.. Oh l’entourloupe qui n'en est pas une, oh la
belle bassesse des somptueuses hauteurs, bien joué la pochette ..
sublime, comme le disque.
Impossible d'être
tranquille 5 minutes à siroter du psyché Freak sans être sifflé
du casque par quelques priorités. BLACK LIPS totalement barrettien
balayé par un Feu ! De Dieu. Le retour des Chatterton. Puis
SOLAR EYES, monstrueux album de rock cosmique psyché de voyous
bariolés sauvagement bâillonné par le monumental triple chef
d’œuvre de Jeff Tweedy.
Les fauves à la cave,
« No rider on the horse » à l'écurie, obligé,
« Love is for love » s'installe à fond la boucle
pour un moment. « Twilight Override » va me
faire l'automne.
Comment dire …
Les vrais héros ne
passent pas en boucle sur les réseaux, aucune de leur trogne sur les
écrans. Très peu de chose à emporter sur le dos quand on part
sauver des âmes. Le poète héroïque tend sa fêlure de la motte au
nuage, ses douleurs comme un mycélium, et tous ses défauts pour
nous tendre la main. Vulnérable plus que maudit, la seule
consolation à l'idée d'être un animal raté comme les autres.
« Twilight Override », une trinité.
La gloriole planétaire
est pour les ânes, le troubadour patauge et sauve des vies. La toile
d'araignée est un danger pour l’œuvre, comment après des siècles
de mélodies trouver l'étincelle et enquiller la triplette des
belles vies comme celle-ci.
Comment dire …
J'ai dévalé quelques
chemins ce midi après une nouvelle écoute, il fallait un instant de
recul. La glandée bat son plein, rares ceux qui deviendront un
chêne. Pourrir ou se faire bouffer par les cochons, les cycles sont
les mêmes pour tout le monde, seul le Quercus sait la lumière.
Notre histoire est bien vieille. Au retour, avant de remettre cet
album, je me suis posé sous la tronche oblique du soleil encore
taquin, il chatouille le prunus et me raye le profil. Le Tipoulet
partout est venu me chatouiller de ses fines pattes. Jeff a fauché
toute autre possibilité d'écoute. Époussetant, balayant, élaguant
les camarades de promontoire, il va me faire l'automne, déjà
quelques chansons en boucle, comment avancer.
Comment dire...
J'écoute approfondi avec
des émotions abyssales et beaucoup de légèreté dans le sourire.
Peu importe le poids politique, je ne sens que la lutte poétique à
sauver l'âme repue et l’œil fatigué, ce héro patenté.
L'opulence n'a rien à voir là-dedans, juste un peu bavard,
l'urgence à témoigner et l'automne a son remède. L'évidence
défile et les jaunes s'installent, pas une seule baisse de régime
et je respire à grand poumon. Les cordes de « Better day »
folâtrent, la belle journée, juste « Fell free »
pour quelques heures. Jeff Tweedy quand même.. « Love
is the king » ok, mais je lui préfère de loin « Love
is for love ».