vendredi 30 juillet 2010

Micah P.Hinson


Le nom du groupe change à chaque album. La musique, ainsi que les pochettes romantico-pulpeuses en noir et blanc, est toujours callée sur un blues boisé (ou folk rugueux, au choix) cramoisi. Affublé d’une étiquette « artiste maudit », Micah P.Hinson chante sa douleur sur des complaintes à cordes venimeuses, touchantes et douloureuses. Son timbre est une blessure et sa voix de crooner dylanien un cri éraillé. Les violons épient les ténèbres et ne sont pas là par hasard.
Après un passage apparemment obligé et complètement inutile au disque hommage all dressed up and smelling of strangers » 2009 seule faute de goût dans sa discographie), « Micah P.Hinson & the pioneer saboteurs » ressemble à un couronnement. Après un minuscule passage à vide donc, les lauriers et la gloire, un chef d’œuvre. Les violons abondent plus que d’ordinaire, introduisent et terminent l’album comme une signature conceptuelle, un sceau de cohérence. Aussi, «the returning » est un morceaux tétanisant, où les archets viennent relever, comme si l’on passait de l’autre côté, les vrombissement drones des guitares électriques. Etalé sur 12 min, cet épilogue invite le deuxième genou à atterrir. Le premier étant tombé sur « the cross that stole this heart away », solennel et grave, encore salé du fantastique hymne marin qui le précède (« the striking before the storm »).
Micah Paul Hinson fait parti depuis quelques galettes des valeurs sûres, un compagnon des vagues à l’âme, un binôme des sentes en friche à chaque promenade. Et l’on fredonne à chaque errance solitaire ses mélopées mélancoliques de blues des temps modernes.
Micah P.Hinson "micah p.hinson & the pioneer saboteurs" 2010 label : full time hobby.
quand on aime : mattias hellberg; dylan; richard hawley; lambchop; 16horse power...

Blitzen Trapper


Des petits albums flottent faciles comme des ondes agréables sans payer de mine, et mine de rien deviennent fichtrement bons à force de réconfort et de poils dans le bon sens. L’Amérique des Blitzen Trapper colle au cerveau et à la peau avec un disque très seventies, complètement neutre et extrêmement efficace. Une collection de balades MacCa époque Wings, assez proches de Ron Sexsmith ou encore des frères Nourallah . Et en bonus, un petit cadeau est caché à la huitième piste, « the tree » en duo avec Alela Diane.
BLITZEN TRAPPER 2010 "destroyer of the void" label : sub pop
quand on aime : wings; nourallah brother, ron sexsmith...

mardi 27 juillet 2010

Olof Arnalds


Morr music est d'abord pour moi un label qui proposait des groupes comme Styrofoam; Lali Puna (et la branche The notwist).... et Mùm qui apportait toute la délicatesse d 'une pop électronique sirupeuse qui battait son plein à l'époque. Le catalogue morr devait alors s'étoffer de façon vertigineuse, abandonnant au passage ces islandais pour quelques disques chez Fat Cat records en intermittence, sans perdre de sa féérie romantico-mélancolique.
C'est au départ de la chanteuse en 2007, juste après le terrible « summer make good » (« hù hviss – a ship » est à lui seul un sommet bouleversant) , que le groupe sombrait dans une obsolescence pop. Ainsi, amputé de sa particularité, Mùm avec « go go smear the poison ivy », partait vers d'autres paysages, la magie en moins, l'amour perdu, les sentiments bafoués.
Olof Arnalds a déserté le collectif pour sa propre réalisation, s'attirant à elle tous les plus beaux paysages nocturnes. Et je devais alors retrouver ma catharsis qui fait chaque écoute du groupe entier. Les paysages sont les mêmes, mais la forêt plus dense et la mélodie plus belle encore. « Vid og vid » est posé sur le même socle boisé que Joanna Newsom, quand des nymphes folk prennent la peine de s'y attarder un moment; même pureté de voix et même féminitude, la harpe en Ukulélé , et même fantôme en chevelure de Kate Bush klara »)... Et si la guitare et le chant de la chanson éponyme penche vers Alela Diane, « vittu af mer » engourdit par sa beauté celtique dans son plus simple appareil (Emily Jane White; Marissa Nadler des débuts (the saga of mayflower)...). Cette œuvre un brin ancestrale, absolument intimiste est dénudée de tout. Il y a pourtant pas mal de musiciens sur la liste, mais chacun pointe le bout de son nez camouflé et discrets derrière ses cordes à la fin de chaque morceau (les violons de "nattsongur"). La présence lointaine d'un Sigur Ros peut aussi ajouter à l'élévation.
Le chant islandais quant à lui est loin d'être superfétatoire, une crânerie quelconque, voire un besoin d'isolation. C'est une embellie, un tout artistique dans ce coin du monde où il se passe beaucoup de choses musicales visibles depuis une décennie. Visible est tout de même un bien grand mot quand on pense que ce disque pourrait figurer en tète des classements du meilleur disque folk de tous les temps. La consolation est que ce chart n'existe pas.
Seul petit bémole à cette cohérence , la pochette !!!


OLOF ARNALDS 2009 "VID OG VID" label : one little indian
quand on aime : joanna newsom; emily jane white, mùm....

dimanche 25 juillet 2010

Land of Kush


De l 'autre côté du Tage, là où la morsure du soleil est une passion et où l'emprunte de l'occupation séculaire arabe a marqué l'histoire, une musique berce ma sieste abritée, le deuxième album de LAND OF KUSH. Deux labels jumeaux se percutent et deux douzaines de musiciens viennent partager les ondes torrides arabisantes d'un disque monumental. Aussi Constellation s'unit à Alien8recording et l'on retrouve Sam Shalabi et Elizabeth Anka Vagajic sur des morceaux expérimentaux envoutant. « Scars » est écrit et chanté par Elizabeth sur des flutes et des synthés que Ian Anderson explorait déjà sur « Roots to branches » il y a qq années. La voix est d'ailleurs assez proche. Des cuivres graves viennent étendre ce morceaux de bravoure en se mariant aux percussions entêtantes, laissant les vocalisent s'évader vers Marianne Faithfull ou Patti Smith. Violon et contrebasse achèvent ce quart d'heure de trans pop maghrébine. Ne restent que le grave des cuivres pour achever en expérimentation (« Boo ») le travail colossale de Scars. Puis, sur « Tunnels visions » viennent l'Oud de Shalabi en nappe répétitive et les oiseaux synthétiques, les mêmes qui venaient troubler les mondes psychédéliques d'Ummagumma et d'Acid Mother Temples. Et la voix Joni Mitchell de Katie Moore vient s'immiscer au milieu de cette vision hallucinée. A nouveau un saxo free jazz vient clore cet autre morceau progressif. Le rock progressif est sans nul doute l'art musico-social qui convient le mieux au label constellation: variations, contrastes, structures évolutives, sophistiqué, populaire, collégiale, égalitaire....utopique.
Les cordes sont familières de l'Hotel2tango et une pincée d'électronique vient discrètement accompagner cette marée acoustique.
Ce disque conceptuel est une prodigieuse montée vers des sommets musicaux extrêmement aboutis, puissants, beaux et extravagants.
LAND OF KUSH'S EGYPTIAN LIGHT ORCHESTRA : "Monogamy" 2010 label : constellation
quand on aime : acid mother temples; elizabeth anka vagajic; sam shalabi; ummagumma; roots to branches

Fourth Quartet ....Klang.....7 Year Rabbit Cycle






Un autre thème triangulaire avec trois albums sur la même longueur d’onde éparpillés dans le temps, et complètement disparus des bacs. Trois albums récurrents bien installés dans mes écoutes abrasives viennent proposer un free-rock minimal déconcertant de simplicité. Une onde jazzy apporte un petit côté arty à ce new-wave Lo-Fi-punk. Un Guitare/basse/batterie vient percuter les fantômes de Wire à Joy Division en passant par Young marble giants, ou plus récemment Xiu Xiu, Deerhoof, Electrelane
Un exercice de style pour poncer les anicroches.

Fourth Quartet : 2000 "How the swiss wrestle" ; label : words and rejected
Klang : 2004 "No sound is heard"; label : black first petite
Years Rabbit Cycle 2006 : "Ache hornes"; label : free porcupine society.

Si Klang parait être le plus modéré, le plus délicatement soft, 7 years rabbit cycle nage dans une turbidité brutale, surement alimenté par la présence toujours torturée de Jamie Stewart (Xiu Xiu). Au milieu flotte le minimalisme rugueux et maîtrisé de Fourth Quartet, avec peut être les plus belles mélodies de leur côté. C'est aussi celui qui revient le plus fréquemment sur ma platine, un espèce de coup de coeur, une fidélité pour un parfait équilibre musical.


http://m.billboard.com/album/fourth-quartet/how-the-swiss-wrestle/441300#/album/fourth-quartet/how-the-swiss-wrestle/441300

Thomas Köner 1993

  La croûte gelée se ramollit, ventre flasque et tiède respiration. Le ciel se charge de l’halènes des Steppes, le silence gronde. Notre ...