vendredi 30 avril 2010

As We Fall / Caribou / Broken Bells







Quand les rythmiques sombres de Poni Hoax ont déjà injecté en nous un élixir pernicieux à tel point que l’on se sent à sa place dans cette coulée d’anonymes des couloirs de métro aux heures de pointes, et que le pas se règle au métronome des pas, alors on aime forcément le nouvel album de AS WE FALL, tout aussi lancinant, syncopé, venimeux, sombre et décadent, comme un Joy Division de night club. « Fun is dead », seule certitude, mais le fun n’est jamais fait pour durer.

AS WE FALL 2010 " fun is dead" label : isolering





Dans le labyrinthe complexe discographique de Danger Mouse, vient se mêler l’évidence pop tubesque de THE SHINS. L’opportunisme d’un break pour les deux artistes qui se croisent depuis longtemps, fait naître un album tonitruant extrêmement efficace. « The ghost inside » aurait pu figurer sur « Welcome to the monkey house » de Dandy Warhol.

BROKEN BELLS 2010 "broken bells" label : columbia



Un endroit musical où l’on puisse assouvir la frustration de n’avoir jamais eu de suite à « Melody A.M » de Röyksopp. Cette petite révolution de pop électronique à l’époque ne s’est jamais perpétuée. C’est chose faite avec ce deuxième album de Caribou, beaucoup moins orienté pop psyché que son prédécesseur. Radicalement électro dans la pure tradition, et totalement dance.

CARIBOU 2010 "swim" label : city slang

jeudi 29 avril 2010

John Grant


Un ticket de métro en guise de fil dentaire, cet individu qui semble avoir oublié sa présence au sein de la foule, se laboure les incisives quelques heures après le déjeuner. Pas nocif pour l’entourage, il n’empêche je préfère cohabiter avec un fumeur peu scrupuleux que d’assister à une telle vulgarité.
Contraste sidéral entre cette scène nauséabonde et le son qui coule dans la sphère de mes écouteurs. L’hyperclasse de John Grant me fait l’effet d’un grand whisky. Et je me dis que finalement l’insuccès de son groupe révolu peut s’apparenter à mon dentiste toc. Les quatre albums de THE CZARS restés aux oubliettes sont aussi une vulgarité innommable. « Queen of Denmark » décuple l’élégance qui fit la signature du groupe jadis. Aucun compromis dans cette grâce et le son gentleman sonne la perfection. John Grant, c’est aussi une intelligence d’écriture, et une voix de crooner, grave ou haute. Cette solitude en costard diffuse une excellence comme une sorte d’esprit vengeur à toutes les vulgarités, aux invisibilités injustes.


John Grant 2010 " queen of denmark" label : bella union


jeudi 8 avril 2010

Steve Nieve


Quelques petites tâches jaunes pointent leurs pétales dans cet océan de vert frais. Le tracteur arpente les sillons, c’est marée basse avant l’explosion des colzas. En attendant ces quelques fleurs timidement apparues en une nuit, annoncent bientôt l’immense coulée jaune. Tous les ans je trépigne de voir se sulfurer les champs en cadmium clair et, comme une fête de printemps je mets Steve Nieve sur la platine pour célébrer la libération. Quel disque plus frais pour entonner la douceur citron annoncée.
Steve Nieve " mumu" 2001 label : jive

Thomas Köner 1993

  La croûte gelée se ramollit, ventre flasque et tiède respiration. Le ciel se charge de l’halènes des Steppes, le silence gronde. Notre ...