jeudi 8 mai 2008

Autistic Daughters


Allez, assez rigolé, si on revenait aux choses sérieuses, après cette pause « joviale », cette page de pub, revenons au film de la vie qui dégouline sur le quotidien inéluctablement, de son flot visqueux au débit mou qui coule dans les veines ou gicle de la terre. "Uneasy Flowers" d’Autistic Daughters happe par son mystère silencieux et terriblement dosé. L’ambiance planante est structurée autour d’une tension sourde qui n’explose jamais, même si quelques scratch électro et électriques s’échappent ponctuellement comme pour libérer un peu de pression. Les morceaux sont coincés entre l’expérimental et l’envie d’exprimer une pop abîmée par des dérives de nappes ambiantes. Le chant, à la pointe d’un Xiu Xiu endormi, épouse les brumes sonores à merveille et les chaos électro viennent nous secouer d’une torpeur épaisse, le coma n’est pas irréversible "Gin over sour milk". De cette douceur opiacée vient suer une angoisse soulagée, une bienséance perturbée par une vision légèrement étourdissante dont on ne sort qu’à la dernière note. De tendance « Xiu Xiuienne » donc, l’ambiance reste saumâtre malgré le flot bouillant d’une eau qui ne déborde jamais.
Le CV artistique des membres du groupe emmené par Dean Roberts n’enlève rien au pesant de l’atmosphère générale : Brandlmayr, Dafeldecker, Valerio Tricoli ( qui a lancé chez kranky le groupe Be mine tonight), Chris Abraham (membre des THE NECKS chez Rer records) et Martin Siewert (électroniquement hébergé chez Mosz records). Une alchimie en ébullition qui joue sans cesse avec le silence. Ce contraste sonore coincé entre pop minimale et disséquée, jazz anesthésié et expérimentation chantée a déjà été jouée du côté de Samadhisound de David Sylvian, ainsi que Bed période « the newton plum » ou encore Mark Hollis lors de sa seule escapade solo, et finalement lors des expérimentations jazz des sombres Crescent.
Sur "Rehana’s theme", des nappes organiques clairs viennent longuement ponctuer une intro folk de 2 minutes que Michael Gira aurait pu exécuter. De Gira à Bed l’ambiance nous perd sur un seul morceau. Comme il est bon de ne pas savoir où l’on est. Une électronica syncopée suit timidement avec "liquid and starch". La plénitude et la contemplation du jazz squelettique peuvent rappeler Trappist par moment. "Richest woman" in the world est tiraillée entre un piano qui peine à temporiser tandis que les guitares allergisantes viennent irriter la surface plane du morceau, on est alors dans les nimbes de Constellation. La pochette est une vitrine fidèle au contenu, une lumière arrière pâle qui pousse vers un chemin timide, une invitation à la pénombre.
L’album précédent de même accointance est sorti chez Kranky, Uneasy Flowers chez Kranky et Staubgold…Autistic Daughters est un groupe complet que beaucoup de collectifs auraient put héberger… des labels mystérieux et mythiques où l’on ne rigole pas des masses, mais chez lesquels la gaudriole n'est pas de mise.

Quand on aime : Constellation, Xiu Xiu, Gira, trappist, Bed (the newton plum ) , Crescent.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

un des meilleurs albums de l'année tout simplement

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