samedi 18 janvier 2025

Hania Rani 2020 / 2023

 


L'eau qui flotte dans l'air a décidé de ne plus tomber. Ou alors la gravité s'est barrée. Nébuleux, vaporeux, les gris laiteux sont lourds. Ma plaine postillonne, plus rien de sec, ma pelure en serpillière j'avance et cherche le bleu dans mes poumons.

Et puis j'entends les notes du piano de Hania, celles qui planent comme les micro-gouttelettes suspendues. Il est travaillé comme Nils Frahm son piano, Olafur Arnalds, ces doux architectes qui veulent bien nous mettre en musique ces horizons ankylosés qui nous figent et nous brumisent les pommettes.

Et ça voltige la note, virevolte la brume, des gris intenses avec ce trait de ciel qui griffe la rétine, l'Outremer en plein soleil, bien loin au dessus de cette eau qui flotte, voltige sur nos fringues mouillées.

C'est un délice à apprivoiser, pour moi c'est fait, j'ai beau dire le gris, le plomb et la cendre, je suis quand même un peu d'ici, sur ces plateaux de calcaire couverte de blé permanent et de colza embellissant, j'ai beau pleurnicher je sais que c'est ce gris pesant qui fait le charme tarabiscoté des jours interminables d'ici. Hania n'a pas nié cette froide vapeur qui me perle les cils et m'écourte la respiration. Finalement, c'est de la rosée sur les fibres, des minuscules larmes pleines de pudeur, un flou baiser dispersé sur la belle haleine au parfum de poire mûre. La semence roupille, impatiente, au premier rayon de soleil, un jour, avec ce trait bleu intense qui raye le gris brûlé des plaines laiteuses, la graine sera. 


 

Hania Rani 2023 « On Giacometti » 2020 « Home » sur Gondwana Records

 

Aucun commentaire:

Hania Rani 2020 / 2023

  L'eau qui flotte dans l'air a décidé de ne plus tomber. Ou alors la gravité s'est barrée. Nébuleux, vaporeux, les gris laiteu...