lundi 16 décembre 2019

Rolling Stones 69



Jamais compris pourquoi il s'était entiché d'une princesse. Mon pote avait le charisme d'un tronc et une soif de mangrove. Fallait pas être dans les parages à marée haute, deux cuites par jour. Pourtant un soir de pleine lune, la grande Duduche comme on l'appelait dans le quartier, tout en haut de son chien-assis en zinc surplombant la cour miteuse qui donnait sur l'avenue luxuriante s'était éprise du grand con juste en bas, notre vieil ami à nous, le verre à la main hululant des histoires de grand déglingué que tout le monde écoutait.
Ses airs d'aristo à elle se sont dissous à son haleine avinée, lui a ralenti sec le gorgeon et s'est accroché à ses jupons comme à une bouée de sauvetage.
Il a quitté sa loge du rez-de-chaussée pour la suivre dans la grande maison de campagne. Le seul truc qu'il a emmené avec lui, c'est son carton de vinyles des Stones.
Il n’empêche, ils se sont mariés mon vieux pote alcoolo et la duchesse louchant sur le prolo, depuis on l'appel Trou-duc, et les soirées n'ont pas changé, à la campagne.

Les Stones, il le sait mon Trou-duc que j'aime bien ces gars là, sans pour autant me rouler par terre, « Let it be » etc etc..juste pour qu'on se chiffonne à peine le bec histoire qu'on se chiffonne..à peine. Obligé à chaque fois que je vais le voir souffler ses bougies je suis stone. Son rituel à lui est de passer en boucle « Let it bleed » le jour de son anniversaire, quelque soient les invités. Sur un rondin de grume, un vrai gâteau, un truc hyper saccharosé superposé de 33tours, d'horloges, de jantes et de crème avec dessus 5 bougies à éteindre .. 5 quelque-soit son age..Faut rien dire, et faut pas le titiller avec Taylor ou Jones, il aime plus tout cet album, et il rabâche juste que dans « Gimme Shelter » y a toute l'histoire de la musique. Nous on est d'accord, obligés, je vais même finir par croire qu'il à raison....un sacré branleur ce trou-duc.
Du coup, ma crédibilité dans le ravin, j'écoute très souvent « Let it Bleed », « Gimme Shelter » est une bouée de sauvetage.

Rolling Stones 1969 "Let it Bleed" label : decca

12 commentaires:

DevantF a dit…

Partir dans ta partie délirante, le disque à fond avec la tête bien imbibée. Je la vois l'image. Même bourré, surtout bourré, vient l'envie de danser la classe, d'être prêt à léviter quand la voix féminine reprend le refrain de "Gimme..." Ce titre me mets en transe et tu l'as joliment troussé la scène qui va avec.
La conclusion de l'album, forcément, incite à recommencer.

charlu a dit…

Tu sais quoi.. je fais écouter ça à on fissot, lui direct il envoie les accords sur sa gratte.. plus aucun respect :D
Pour moi les Stones, c'est 2 ou 3 titres par album qui me mettent en transe, ou en orbite, après, on plane. Sauf celui là ;D

King Lear a dit…

Quelle Bonheur cet album, un des rare que je peut écouter en entier sans me faire chier. La nuit, sur l'autoroute, a pleine bourre et le son à fond, quel pied !!

charlu a dit…

Mais oui c'est ça..à donf sans rouler vite.. un album en entier des Stones..c'est pas une habitude !! :))))

RanxZeVox a dit…

Après s'être montré concernés, sur Beggars banquet, par la rue (street fighting man) par la littérature (sympathy for the devil) par l'humain (salt of the earth), les Stones endossent leur nouvelle attitude avec Let it bleed, rien à foutre de rien. Terminé les allures de lords déchus, dorénavant ils seront sapés comme des brèles, exit Marianne Faithfull (sister morphine est mise au rebut, elle en sortira le coup d'après lorsque Ry Cooder lui taillera la parure qu'elle mérite). De l'élégance européenne il ne reste que You can't always get what you want, à mon avis le titre le plus dispensable de l'album.
Let it bleed, c'est le flirt avec l'héroïne qui commence à se faire sentir, c'est Gram Parsons qui fait sortir Keith Richards de l'ornière Blues en lui apprenant les délices de la galaxie Country. C'est aussi Jagger qui se découvre femme et noire (ça peut faire beaucoup d'un coup, mais c'est Jagger et donc il s'en sort))), sur la tournée à venir il cessera ses ridicules contorsions étriquées au profit d'une attitude arrogante de pute des bas fonds, d'inspiration Tina Turner, avec en point de mire l'apothéose Brown sugar.
Let it bleed est unique, pas forcément meilleur, les évènements d'Altamont forceront le groupe a se faire un lifting mainstream avec Sticky fingers. Trop de choses seront alors en jeu (leur label naissant, leur réputation aux states) pour jouer sans filet. Let it bleed se fout de ce genre de considérations. C'est aussi les Stones sans Brian Jones ni Mick Taylor pour coudre des dentelles. Les Stones comme Exile on main street tentera de les ressusciter, sans totalement y parvenir, faute de compositions à la hauteur de Gimme shelter, Live with me, Midnight rambler ou You can't always, et on ne transcende une reprise comme Love in vain qu'une seule fois (et c'est déjà beaucoup, les groupes dont une reprise a réinventé complétement l'originale au point de la surpasser se comptent sur les doigts de la main gauche de Django).
Let it bleed n'est pas le Stones que j'écoute le plus souvent, je préfère des Stones mineurs, Emotionnal rescue, Back and blue, Between the buttons, Goat's head soup, Still life, mais c'est assurément celui qui incarne le mieux ce qu'ils ont apporté d'essentiel à l'histoire.

DevantF a dit…

Je te rejoins bien sur les mineurs, et j'ajoute mon coup de coeur, mon premier vinyle IT'S ONLY ROCK & ROLL. M'a jamais plus quitté. Ce son creux dès le départ, ces morceaux qui partaient jamais à 100 à l'heure pour ensuite se coincer dans la tête. Les "anciens" le trouve juste imitation des albums passés, mais quand on n'a pas de références. Un peu comme Dr Feelgood

RanxZeVox a dit…

J'adore It's only r'n'r, j'aurai pu le citer aussi, incroyable face B avec fingerprint file tout au bout. C'est surement leur album le plus funky, aucun mauvais titres et quasiment que des classiques. Le délire des basses sur If you can't rock me, c'est dément. J'ai préféré Goat's head soup parce que je ne suis pas dingue du son de Mick Taylor et qu'il y est un peu moins omniprésent que sur It's only, mais je suis d'accord avec toi à 100%, c'est un fantastique album. Par contre, je ne vois pas quel album du passé il pourrait imiter, il est au contraire très frais. Ils sont cons ces anciens )))

RanxZeVox a dit…

Après réécoute, il n'est finalement pas omniprésent du tout, Mick Taylor, hormis sur If you really want to be my friend et Time waits for no one, son morceau de bravoure et cause de son départ. C'est même plutôt souvent Keith Richards qui œuvre en solo. Donc, même ça je ne peux plus le reprocher, c'est un must ))))

charlu a dit…

"Rien à foutre de rien".. je lis vos comm et je me place.. j'essaye de comprendre pourquoi celui là, ou d'autres ??
Moi au début (et un petit peu encore maintenant)..les Stones c'est "Black'n'Blue"..pour une période..et "Aftermath" pour une autre. Et puis et puis... je ricoche sur plein de morceaux.
Tiens, je me souviens même ado d'avoir été hyper déçu par le 33tours "Goat's head soup".. à tel point que je n'y suis jamais retourné.
"Black'n'blue" et "Steel Wheels".. c'est ma trilogie Stones avec devant "Let it Bleed".. je parle des disques que j'écoute d'eux en entier.

RanxZeVox a dit…

L'affect personnel de l'album par lequel on s'est approprié les Stones est à prendre en compte, c'est surement pourquoi je suis aussi tolérant envers Goat's Head Soup. C'est mon album à moi. Dancing with Mr D, Heartbreaker, tout ce funk sur la face A et ces morceaux bizarrement branlés sur la B encadrés par Silver train et Starfucker.
Steel Wheels j'avais eu du mal à sa sortie, surtout niveau prod (genre la batterie sur almost hear you sigh et un peu tout du long), je l'avais trouvé désincarné. Voodoo Lounge m'avait fait meilleure impression, même s'il était trop long du fait de sa durée calibrée pour le cd. Finalement, avec le temps, j'aime autant l'un que l'autre.
De la période Brian Jones, hormis Between the Buttons, j'aime surtout les singles.
Mon grand regret, c'est que Keith Richards ait fait foirer Undercover avec ses rocks poussifs, alors que Jagger était barré dans un super trip avec Undercover of the night et Too much blood (la version maxi est une tuerie), ils ont raté le rendez-vous avec les 80's à ce moment là, ils auraient pu leur donner un ton différent.
Bon, c'est vaste les Stones, un peu toujours pareil et plein de nuances en même temps. Comme le Blues, finalement, en ça ils lui sont restés fidèles.
Et pour conclure sur Let it bleed, je ne l'écoute pratiquement jamais, comme tous ceux de la période qui va de Beggars à Exile, j'ai conscience que ce sont les meilleurs, mais bof.
Ah, la face B de Tattoo You est fantastique et la A n'est pas si mal, je l'oublie toujours celui là parce que dans mon esprit Emotionnal Rescue lui fait de l'ombre, mais d'une certaine façon c'est leur dernier grand disque.

Keith Michards a dit…

Chef d'œuvre absolu ! Point final !!!

King Lear a dit…

Ce qui est bien avec les Stones, c'est que ça crée toujours le débat, même après toute ces années, et rien que pour ça, ça mérite le respect ^^

Thomas Köner 1993

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