Mon petit plaisir chaque année, en guise de bilan, c'est le coffret Nova. Tout ce que j'aime et que je n'ai pas est dedans, beau à pleurer. Une mine, une corne d'abondance zicale all over ze world .. surtout cette année. Cinq destinations ?? allez cinq compilations à mettre quand le gris nous mine, les transports restent au sol, ou quand festif il y a du monde à la maison.
Ce soir c'est Nova. Un pur régal, comme d'habitude. C'est au pied du box-sapin.
La nuit la plus longue fait danser les
chatons des noisetiers. L'hiver se pose, eux à peine sortis se
balancent guettant un rayon tiède du soleil qui commence sa course
dans l'autre sens.
Les immenses flaques des champs
ondulent, les plaines en marmelades sont balayées comme jamais. Au
chaud, un crooner revient comme j'aimais. Depuis « Friends of
Mine » je n'avais pas ressenti autant de plaisir à l'écoute
d'un album d'Adam Green.
Tout est bousculé dehors, les bûches
réchauffent l'échine, ça croone en sourdine à l'américaine,
quelques violons se moquent de la vitesse des nuages, « Engine
of Paradise » danse confortablement.
Adam Green 2019 « Engine of
Paradise » label : 30th century
Pas sûr que tous ils marchent pour des
raisons écologiques. En île-de-France il y a de plus en plus
d'Homos-à-pinces.
« Médiacrité » en 4G, la
concentration humaine attise les indifférences et l'agressivité.
Déshumanisation concentrée. Vivement la 5G que tout s'arrange.
Des wagons de miasmes, chenille humaine
en caveau défilant avalant la nuit, on avance tranquillement dans un
bruit sourd agonisant. « éloignez-vous de la bordure du cul »
nous dit une voix off. Des train mort-dorés.
Tsunami de valoches, les fuselages
traînent comme des chiens aux heures de pointes.
Bouchons à tire larigot mon bichon,
partance en permanence, les pointeux englués..mais c'est qui ces
besogneux dans cette fourmilière crasse.
Partir, se noyer, quitte à inonder
l'heure de pointe, se connecter, vilipender, avancer, challenger,
douce aigreur gratuite au teint désespéré, c'est qui tous ces cons
qui bossent et qui prennent le train aux heures d'exode. Véroler la
cambrousse.
Saturation, encombrement, espaces
confinés, empoussièrement, épuisement narratif, handicapés du
regard, figés du sourire, crispés des orifices, on s'acharne à ne pas se perdre de
vue.
Effondrement sur-populaire, goulag du
bonheur supposé, des hématomes sentimentaux sans cesse, sans qu'on
puisse se toucher.
Plus on est de pires moins on est.
La BO d'une fin programmée. La chanson
« il aurait fallu qu'on va faire quelques chose ». Tout
flotte, les flammes, la flotte et la molécule plastique, les
flottes. Des sourires fantômes, une haleine encore chaude..
lampadaire récalcitrant loin des creux métropolisés qui pompent
toute la lumière, il résonnera encore longtemps après le
« ..RIP ».. à perte de vue, bien après les
effondrements.
J'ai l'impression d'écouter ça depuis
que je connais la fragilité d'une composition, l'émotion des notes. Il existait avant.
Elle résonne cette chanson là.. pour mille ans encore.
Jamais compris pourquoi il s'était
entiché d'une princesse. Mon pote avait le charisme d'un tronc et
une soif de mangrove. Fallait pas être dans les parages à marée
haute, deux cuites par jour. Pourtant un soir de pleine lune, la
grande Duduche comme on l'appelait dans le quartier, tout en haut
de son chien-assis en zinc surplombant la cour miteuse qui donnait
sur l'avenue luxuriante s'était éprise du grand con juste en bas,
notre vieil ami à nous, le verre à la main hululant des histoires
de grand déglingué que tout le monde écoutait.
Ses airs d'aristo à elle se sont
dissous à son haleine avinée, lui a ralenti sec le gorgeon et s'est
accroché à ses jupons comme à une bouée de sauvetage.
Il a quitté sa loge du
rez-de-chaussée pour la suivre dans la grande maison de campagne. Le
seul truc qu'il a emmené avec lui, c'est son carton de vinyles des
Stones.
Il n’empêche, ils se sont mariés mon
vieux pote alcoolo et la duchesse louchant sur le prolo, depuis on
l'appel Trou-duc, et les soirées n'ont pas changé, à la campagne.
Les Stones, il le sait mon Trou-duc que
j'aime bien ces gars là, sans pour autant me rouler par terre, « Let
it be » etc etc..juste pour qu'on se chiffonne à peine le bec
histoire qu'on se chiffonne..à peine. Obligé à chaque fois que je vais le
voir souffler ses bougies je suis stone. Son rituel à lui est de
passer en boucle « Let it bleed » le jour de son
anniversaire, quelque soient les invités. Sur un rondin de grume, un vrai gâteau, un truc hyper saccharosé
superposé de 33tours, d'horloges, de jantes et de crème avec dessus 5 bougies à
éteindre .. 5 quelque-soit son age..Faut rien dire, et faut pas le titiller avec Taylor
ou Jones, il aime plus tout cet album, et il rabâche juste que dans « Gimme Shelter » y a
toute l'histoire de la musique. Nous on est
d'accord, obligés, je vais même finir par croire qu'il à raison....un
sacré branleur ce trou-duc.
Du coup, ma crédibilité dans le
ravin, j'écoute très souvent « Let it Bleed », « Gimme
Shelter » est une bouée de sauvetage.
De ma campagne balayée à l'agitation des rues asphaltées, pour aller ramasser le morlingue quotidien je chante sous le gris clair et le crachin froid des airs qui me plaisent. Rue "Froidevaux", de Montparnasse à mon boulot, des murs à pleurer.
Anne est grande.
Anne Sylvestre 1973 “Anne Sylvestre” label : A Sylvestre
Je cherche un mur pour pleurer ah ah ! Je cherche un mur pour pleurer ah ah ! On ne pleure plus, paraît-il En un vol, tout, c'est facile On ne dit plus rien
Lorsqu'on vous crache dessus On reste serein, la colère C'est mal vu On est poli, poli On tend son cul, merci merci
Je cherche un mur pour pleurer ah ah ! Je cherche un mur pour pleurer ah ah ! On ne s'aime plus, paraît-il On dit que l'amour est fragile On est très moderne On laisse sa liberté Mais on fait les poches Aussitôt le dos tourné On est copain, copain On ne se raconte rien, plus rien
Je cherche un mur pour pleurer ah ah ! Je cherche un mur pour pleurer ah ah ! On connaît tout par le journal Mais les mots, ça ne fait pas mal On est toujours plus ému Par ce qui est loin Mais on oublie la détresse De son voisin On est bistrot, bistrot On ne se connaît pas trop, pas trop
Je cherche un mur pour pleurer ah ah ! Je cherche un mur pour pleurer ah ah ! On mélange les accidents Les princesses et leurs prétendants On ne dit plus rien Lorsque des enfants ont faim Mais on ouvre sa bourse Pour sauver des chiens On est toutou, toutou On a bon cœur, c'est tout, c'est tout
Je cherche un mur pour pleurer ah ah ! Je cherche un mur pour pleurer ah ah ! On ne pleure plus, paraît-il On rigole, c'est plus facile On n'écoute plus Les poètes, les errants On leur dit "Taisez-vous Vous n'êtes pas marrants" On est télé, télé On est si fatigué de penser
Je cherche un mur pour pleurer ah ah ! Je cherche un mur pour pleurer ah ah ! On va à la messe, au caté Ou bien on bouffe du curé Mais on chante en chœur Il est né le divin enfant On va tous ensemble au muguet Quand il est blanc On est païen, païen Dieu reconnaîtra les siens, c'est bien
Je cherche un mur pour pleurer ah ah ! Je cherche un mur pour pleurer ah ah ! On est toujours comme on n'est pas Un jour c'est triste, un jour ça va On essaye bien Mais on n'a jamais le temps On croit tenir la fleur Et on meurt mécontent On est paumé, paumé Et si on pouvait s'aimer, s'aimer Etre ensemble pour pleurer ah ah ! Avoir le temps de pleurer ah ah !
Le temps se laisse couler, mes vieilles
idées en bois sur fond gris frôlent des récifs de carotène
calciné. Je suis parti errer ma carcasse à travers les ruelles de
Santeuil. On est pas emmerdé par le trafic dans ces contrées
beauceronnes. Une envie de folk, de danser avec le vent froid qui
balaye. Assis sur un banc en pierre à Saint-Léger-des-Aubées, j'ai
laissé tanguer mon vague à l'âme en fixant au loin la petite
flèche timide de Moinville-la-Jeulin. Entre les deux, Voise qui
fait naître la douce rivière qui passe en bas de chez moi
m’intimide, et je suis rentré en voguant sur ce ruisseau, avec
dans la tète les airs classiques d'acoustique médiéval d'Alasdair
Roberts.
Je erre par chez moi, j'encaisse, je
hume et flaire. Je dévore des yeux, j'entends Gaston Couté chanter
ma campagne ancestrale en écoutant précisément le Barde écossais
racontant des histoires et des terres.
Alasdair Roberts 2019 « The Fiery
Margin » label : drag city
L'automne étale ses fumigènes des
sentes en colère….. allez pleure pas Manu, les arbres se dessinent à peine, à poil à
travers la brume. Tilleuls argentés postillonnés, tortillards
boursouflés en têtards à demi-trognés.
De nébuleuses confusions un peu
partout.
Ramures squelettiques.
Des rameaux de charmes épousent les
graviers qui volent. La butte des petits cailloux est à l'abri des
émondes. Un petit verre "Aux Temps des Cerises". Par chez moi l'osier se dessine près de la mère aux
cailles. Pas mal de troncs. Pas âmes qui vivent, et je sais en
secret que le brouillard mouille les cils des Saules en larme.
Des rendez-vous partout à défaut
d'épancher nos tristesses et de saigner nos maux, le calme humain à
perte de vue. Des mots. Respirons, chantons.
« Savez-vous ce que c'est
qu'une vie pour rien? Une vie où tous les rendez-vous se sont
cassés la gueule sur des quiproquos, des erreurs de standartistes,
des faux horaires de trains... Vies impasses, Joyeux gogos du
cul de sac avec flics casqués qui barrent l'unique issue, entrées
d'immeubles bouclés et des bourgeois aux fenêtres qui bouffent des
biscuits. Vous gueulez tout au fond de vos têtes des appels de
vie, JE VEUX ETRE, regardez-moi J'EXISTE
Mais vous ne
savez rien de tout cela parce que sur vos agendas il y a des noms,
des épancheuses de mélancolie, et vous ne saurez jamais l'angoisse
d'être différent.
Fumez un cigare de Cuba et dites vous
bien que nos vies sont des cartes postales sans plus, cinq mots, Tout
Va Bien Baisers Salut.
Si un jour il n'y avait plus de mots
construits, que toutes les langues d'hommes pourrissent au fond des
bouches, derrière des baillons d'oppression, il faudrait bien
réinventer des langages de peau et des messages codés du regard.
Les yeux ne sont pas faits pour recevoir des arcs-en-ciel et
des bouts de pellicule en Eastman-Color, il faut dès à présent
leur apprendre à émettre de longues lettres de bienvenue.
Respirer, Chanter Respirer... Chanter »
Whouahh..le pieds, la trêve au trafic,
calme partout, le brouillard glacial semble avoir eu raison des
folies quotidiennes. Allez pleure pas Manu, même l'automne a sorti
ses gras fumigènes.
Si on se posait bordel. Relâche,
entracte, pause, temps suspendu, détendu du chibre..merci
qui ??
J'ai la gâchette facile. L'écoute bateau sur le seuil. Cherchez l'intrus ? y'en a pas, j'aime tout, enfin surtout Neil Young. Un peu de soleil est revenu .. pas à moi, le gris n'en a pas fini.
Neil Young & Crazy Horse 2019 "Colorado" Leonard Cohen 2019 "Thanks for the Dance" Coldplay 2019 "Everyday Life"