Le rendez-vous était pris, le 10 juin, coup d'envoi, le sifflet au taquet dans un stade bondé. L'arène des gazons ras, un terrain facile pour lui. Il en a connu des stades depuis le fameux Shea Stadium.
Le 10 juin j'étais là pour la sortie
de « Pure », comme un gamin, être le premier pour chiper
l'objet, pil poil à l'ouverture de Darty & Co.
Fier comme un poux, je suis allé
zigzaguer parmi le rayonnage terne de ma grande surface culturelle,
le jour même de la livraison du coffret.
Facile à trouver, facile aussi de
errer dans ces rayons dévidés, seulement après, il fallait
ressortir du gourbis, et là, c'est pas la même salade. Comment
s'extraire de ce merdier fnaqueux !!! j'vais quand même pas
appeler mes parents ..le p'tit charlu est attendu à la caisse numéro
4..dépéchez-vous..l'a pas l'air bien.
J'ai donc suivi les issues, j'ai
regardé la foule à la recherche du dernier Mika puis j'ai trouvé
les bandes bleues qui guident en trois zigzags désorientés vers les
caisses, l'issue fatale. Pupitre 4 je me suis arrimé sans sac, sans
carte de fidélité, sans envie aucune sauf celle de garder mon objet
à moi que si on me le pique j'envoie les bourre-pifs. Qu'est ce que je fout dans ce mouroir. Ah ouaih, c'est pour Paulo.
Mon code postale ?? mais nan je
veux pas un sac Lapin Crétin... ma carte ?? j'en ai pas...
laissez moi sortir.... j'ai pas pris la bonne caisse ?? pourtant
la voix off m'a guidée, c'était la 7 ??.. je sais que la 1
faut la carte « one ».. nan j'ai déjà un sac.....je la
veux pas la carte, suis là juste pour une seule fois.. 10 euros pour
3 ans ?? 3 ans !!?? 3 ans à revenir ici de
son plein gré???!!
j'ai suivi les bandes bleues comme on
m'a dit, j'en ai même le tourni, j'ai tout vu, des piles, des Musso,
des Levy, des « Mon voisin est un connard », ou « Ma
belle mère une truie violette »... des portes clés en forme de surf avec les initiales BB dessus, des jeux
carambar pour l'apéro, un crayon « les mignons », une triple
compile Sinatra que c'est même pas Noël, le dernier Pagny, Pancol,
Pignol, y'a aussi un bouquin pour élever ton gosse, "L'informatique pour les nuls"et des recharges
cafetières sans nanoparticule dedans, deux volumes sur « comment
gérer ton ado » juste à côté des DVD "Termnator"... et ça c'est après deux virages
seulement le long des promontoir-pailles.. le dernier, il faut juste attendre qu'on t'appelle, juste
le temps de regarder ce qu'ils ont dans les mains, les caprinés
d'avant et ceux d'après qui passent au pupitre numéroté. Zigzag
dans cette prairie d'acariens de moquette acariâtre. La prochaine
fois je viens avec un GPS...ah merde ils en vendent aussi.
Rien à battre, dans les paluches, j'ai
le dernier Paulo... une compile certes, mais le dernier Paulo. Jamais
une pochette comme celle-ci. Bubar Paul en clair-obscur qui observe, la période la plus
existante de l’histoire... celle que tout le monde décortique
comme une finale de coupe du monde perdue, the compile 4 CD sans
inédit aucun, mais peu importe, j'ai ramé, j'ai fait le parcours
et suivi les bandes bleues tendues en zigzaguant pour arriver devant
le guichet sans sac, sans carte, sans code postal, ni la taille de
mon slip, juste j'ai franchi le chemin des agneaux avec ses 5 virages
de vide grenier culturel, épié par cette chenille derrière moi qui
matent le truc que j'ai dans les mains eux aussi.
Y'a des gens cheloux qui me suivent,
ils achètent ce que personne ne veut, oups, ce que tout le monde
achète, mon tricot de laine me rassure, y'a même pas un bouquin sur le
tajine tellement ils sont mijotés ces visiteurs fidélisés.
J'ai payé, j'ai l'objet, je me
faufile, j'ai presque pas dit non à toutes les questions de la
caissière hyper gentille aux yeux vitreux... elle n'a même pas eu
un rictus labiale quand j'ai posé cette objet sur son tapis
démagnétiseur !! cette pochette magnifique.
Je suis sorti de cette grande surface
fouillé pour la 3ème fois, sans qu'on me dise... « eh man...
moi aussi j'adore Paulo Guy... » Yo... rien à battre, j'ai mon
parcours combattu, j'ai lâché de la caillasse à la fnac juste
parce que dans mes paluches sans sac j'ai la quadruple compile de
Paul McCartney 2016 et que lâcher de la fraîche là, c'est un
combat, une faiblesse, une douleur. Et là, tout craneux, comme un gamin, j'ai même pas mal.
67 morceaux, rien de neufs, juste le
fait que des morceaux de « Wild Life », « Press to
Play » ou « London Town » sont enfin dans une
compilation, 4 CD mérités, un superbe objet à faire stopper un
blog, un bouclage. Il fallait bien un tour à la fnac pour rentrer vidé en
guerrier, se poser pour déguster le son de « Pure ».
Paul McCartney 2016 « Pure »
label : mpl