La rencontre ponctuelle de Dan Matz et Michael Gira pour l’occasion d’un disque unique restera un évènement astronomique comme ceux qui n’ont lieu que plusieurs décennies après. A notre échelle terrestre, une éclipse pourrait résumer dans une contemplation silencieuse ce moment rare, non pas dans le fait qu’un astre en cache un autre, mais dans l’observation de leur alignement parfait.
Une union ponctuelle, deux astres artistiques se rencontrent le temps de quelques chansons. Deux institutions qui fusionnent pour un instant magique avant de se séparer à nouveau vers leurs carrières respectives. Les carrières justement, quelle autre rencontre divine pouvions nous mieux rêver que celle-ci ? Percevoir une synthèse de quatre groupes quasiment cultes pour deux cerveaux aux orientations similaires et se prendre de face la symbiose qui en découle.
La rencontre s’est amorcée lorsque le premier album de Windsor for the Derby « difference and repetition » fut hébergé par le label de Michael Gira, « young god records » en 1999. Tout naturellement, cet opportunisme devait aboutir à ce phénomène tellurique. Oeuvrant tous les deux dans un moyen d’expression basé sur la répétition, le songwriting lancinant sonne comme un compte à rebours implacable. Quelques notes jouées en boucle, manège glacial de chansons sans refrain. Comment avouer un attachement à de telles monotonies atmosphériques portées par des voix et des guitares ténébreuses sans passer pour un lugubre, car en prenant un peu de recul, ce disque est d’une désinvolture ensoleillée. Le même entêtement habite les deux hommes, comme des boucles entrelacées dans une osmose presque parfaite. Les voix s’entremêlent et se succèdent presque sans aucune distinction. Les visages de la pochette ont la même posture et peints sans ménagement. Une telle communion artistique avec autant d’harmonie et de perfection alignée s’écoute comme on regarde une éclipse totale. Quand les deux astres se confondent dans des nimbes de surdités, toutes les tensions tombent, le tumulte animalier cesse le temps d’une douce pénombre, d’un tamisage lumineux proche de l’intimité universelle. Tout devient contemplation, pause, accalmie éphémère.
Leur rupture respective semble se neutraliser, eux qui séparément offrent des tensions froides proches de la cassure. Débarrassée de toute oppression, cette pause régénératrice est un instant unique qu’il faut capter et observer avec les protections rétiniennes recommandées sans lesquelles le cerveau subirait des brûlures irréversibles. Il faut auparavant avoir pris de face et digéré la discographie des Windsor for the Derby ; Swans ; Birdwatcher ; et d’Angel of Light afin de comprendre de quelle manière la mise à nue conduit à l’essentiel et relativise toute émotion définitive. Comme après l’éclipse, la puissance phénoménale diffusée dans une atmosphère acouphène et inhibée n’est plus qu’une rumeur d’un fait miraculeux que nous ne revivrons peut être pas.
Les chansons défilent ainsi avec un effet de poison qui se diffuse, on se sent partir, happé par la mélancolie anesthésiante terriblement contagieuse.
Il est des osmoses qui se justifient par l’accumulation de talents et on se demande pourquoi finalement des groupes comme Architecture in Helsinki ou I’am from Barcelona ont besoin d’autant de superpositions d’artistes mono-tache pour accoucher de musique aussi inaudibles malgré la réputation de chacun. Elaguer, faire le tri, ne garder que l’essentiel, balayer le brouhaha qui alourdit gratuitement pour ne laisser que la fusion ponctuelle de deux évidences artistiques, deux longueurs d’onde similaires. Ne pas noyer l’émotion dans de bruyantes tromperies dans le simple but d’amuser, ne pas cacher la réalité dans de ludique chorale à la gaîté déguisée. Ne pas superposer trop de couleur qui tendent inévitablement à des gris, seul deux d’entre elles suffisent à faire des nuances. Deux cerveaux artistiques associés peuvent mettre en branle un univers musical.
Sans jamais hausser la voix, les deux hommes s’affirment dans un minimalisme austère. Chacun doit apporter sa nuance, il est inutile de décortiquer ces légères influences tellement on semble n’entendre qu’un seul homme. En dehors de deux participations éclaires (James Plotkin et Anna Neighbor), Dan Matz et Michael Gira assument la totalité des instruments, voix et écritures. L’intimité est telle qu’on semble voir la chair écarlate de chacun au travers d’une plaie ouverte sur les deux carrières respectives. Un moment rare et unique, une opportunité divine dans les souterrains musicaux de l’indépendance.
Une union ponctuelle, deux astres artistiques se rencontrent le temps de quelques chansons. Deux institutions qui fusionnent pour un instant magique avant de se séparer à nouveau vers leurs carrières respectives. Les carrières justement, quelle autre rencontre divine pouvions nous mieux rêver que celle-ci ? Percevoir une synthèse de quatre groupes quasiment cultes pour deux cerveaux aux orientations similaires et se prendre de face la symbiose qui en découle.
La rencontre s’est amorcée lorsque le premier album de Windsor for the Derby « difference and repetition » fut hébergé par le label de Michael Gira, « young god records » en 1999. Tout naturellement, cet opportunisme devait aboutir à ce phénomène tellurique. Oeuvrant tous les deux dans un moyen d’expression basé sur la répétition, le songwriting lancinant sonne comme un compte à rebours implacable. Quelques notes jouées en boucle, manège glacial de chansons sans refrain. Comment avouer un attachement à de telles monotonies atmosphériques portées par des voix et des guitares ténébreuses sans passer pour un lugubre, car en prenant un peu de recul, ce disque est d’une désinvolture ensoleillée. Le même entêtement habite les deux hommes, comme des boucles entrelacées dans une osmose presque parfaite. Les voix s’entremêlent et se succèdent presque sans aucune distinction. Les visages de la pochette ont la même posture et peints sans ménagement. Une telle communion artistique avec autant d’harmonie et de perfection alignée s’écoute comme on regarde une éclipse totale. Quand les deux astres se confondent dans des nimbes de surdités, toutes les tensions tombent, le tumulte animalier cesse le temps d’une douce pénombre, d’un tamisage lumineux proche de l’intimité universelle. Tout devient contemplation, pause, accalmie éphémère.
Leur rupture respective semble se neutraliser, eux qui séparément offrent des tensions froides proches de la cassure. Débarrassée de toute oppression, cette pause régénératrice est un instant unique qu’il faut capter et observer avec les protections rétiniennes recommandées sans lesquelles le cerveau subirait des brûlures irréversibles. Il faut auparavant avoir pris de face et digéré la discographie des Windsor for the Derby ; Swans ; Birdwatcher ; et d’Angel of Light afin de comprendre de quelle manière la mise à nue conduit à l’essentiel et relativise toute émotion définitive. Comme après l’éclipse, la puissance phénoménale diffusée dans une atmosphère acouphène et inhibée n’est plus qu’une rumeur d’un fait miraculeux que nous ne revivrons peut être pas.
Les chansons défilent ainsi avec un effet de poison qui se diffuse, on se sent partir, happé par la mélancolie anesthésiante terriblement contagieuse.
Il est des osmoses qui se justifient par l’accumulation de talents et on se demande pourquoi finalement des groupes comme Architecture in Helsinki ou I’am from Barcelona ont besoin d’autant de superpositions d’artistes mono-tache pour accoucher de musique aussi inaudibles malgré la réputation de chacun. Elaguer, faire le tri, ne garder que l’essentiel, balayer le brouhaha qui alourdit gratuitement pour ne laisser que la fusion ponctuelle de deux évidences artistiques, deux longueurs d’onde similaires. Ne pas noyer l’émotion dans de bruyantes tromperies dans le simple but d’amuser, ne pas cacher la réalité dans de ludique chorale à la gaîté déguisée. Ne pas superposer trop de couleur qui tendent inévitablement à des gris, seul deux d’entre elles suffisent à faire des nuances. Deux cerveaux artistiques associés peuvent mettre en branle un univers musical.
Sans jamais hausser la voix, les deux hommes s’affirment dans un minimalisme austère. Chacun doit apporter sa nuance, il est inutile de décortiquer ces légères influences tellement on semble n’entendre qu’un seul homme. En dehors de deux participations éclaires (James Plotkin et Anna Neighbor), Dan Matz et Michael Gira assument la totalité des instruments, voix et écritures. L’intimité est telle qu’on semble voir la chair écarlate de chacun au travers d’une plaie ouverte sur les deux carrières respectives. Un moment rare et unique, une opportunité divine dans les souterrains musicaux de l’indépendance.
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