jeudi 16 janvier 2025

The Groundhogs - 1970


 

J'ai dû encore me fracasser le crane sur un un vieux silex, à chaque rechute ça me fait ça, je butte et bug sur un brûlot blues british pas piqué des éperons. Tellement Taste ou Rory au choix avec un peu de crème et de vieux Tull par dessus, ça coule tout seul, ça passe poil. C'est souvent chez moi, je freine sec sur la nouveauté, et dans un crissement aigu de pneus hypers usées je fuse à reculons comme un dingue la tronche dans le rétroviseur et je stoppe net sur « Thank Christ for the Bomb ». C'est comme une vieille bouffée d'oxygène ancestral, quel son !! on refait le niveau d'huile avant de repartir de plus belle comme on revient de la guerre.

Requinqué, ébouriffé, cabossé mais rechargé à bloc, j'ai chu et chuté sur une pépite 70's, le sommet des Groundhogs. Je reste un peu par terre, je m'accorde un bout de convalescence, « Garden » est encore dans l'hématome, « Darkness is no Friend » dans la gueule et « Soldier » sur ma bosse.


Groundhogs 1970 « Thank Christ for the Bomb » 

 

mardi 14 janvier 2025

Kim Deal - 2024

 


Qu'on me cause de Kim, c'est quoi ce Deal, cet album fou qui revigore mes cellules. Et comment elle me parle !! des gros sax et un Flamand rose, quelle insolence avec ces contrastes, Liminanas en Ultra Orange avec … quoi ?? une Breeders ?? ah ok.. Pixies !!! mais nan, on entend effectivement.... mais c'est mille fois mieux nan ?? Rien à foutre..et qui'm'dit que Kim Deal n'est pas une autre ??


Dehors les brindilles craquent, il gèle à pierre fendre. J'ai remis une bûche, me suis recouché en regardant les flammes faire danser les fougères sur mon mur. Il fait encore nuit mais le pastel commence à grignoter l'horizon. J'ai lancé mes enceintes en sourdine avec Kim dedans, juste pour voir au lit ce que peut ajouter d'émotion l'écoute de « Nobody loves you more ». Et bin j'ai flotté, et les sporanges de ma fougère ont soupiré quand « Are you mine ? » est venu gigoter quelques remugles de peau moite dans mon suave demi-sommeil. Pour un peu, j'y dessinerais bien des flamands roses en plus à ce papier peint amazone sur lequel des fougères dansent à l'écoute des flammèches de ma bûche qui se délite sur les vieilles cendres de la veille, et à la vue de « Wish I was » qui me déborde.

« Summerland ».. bon, va falloir qu'il me lâche un peu cet oreiller tenace et un peu insistant sur les bords, même sur le ventre je vois une fougère qui danse, plus timide que les autres, mais quand même avec un léger déhanché qui laisse imaginé que le vent doux matinal s'est à peine levé.

« Come running »...eh oh.. calme, y'a pas la presse.. je remets « Nobody loves.. » et j'arrive. De toute façon, le café, il va pas venir à pied et il n'y a plus que des braises dans le foyer.

Il fait grand jour, le vent est tombé et la fougère s'est figée. Et Kim Deal d'ailleurs.


Kim Deal 2024 « Nobody Loves You More » 

 

mardi 7 janvier 2025

Gastr Del Sol 2024


 

Juste après la fièvre, j'ai goûté au jour ouateux. Claudiquant, des bruits de paysage et quelques voix ont ravivé ma tète. Mes pas ont crispé la neige et quelques guitares gelées ont flotté autour de moi.

Lourds mes bras, comme des rondins, j'ai marché partout pour voir si la Perce-neige était déjà là. J'ai hiberné comme un vieil ours, un quart de siècle terré et à nouveau cet acoustique nébuleux tout brouillé de drone et de boucles entêtantes. Le piano aussi revient à la vie dans son éveil engourdi.

Je descends la rue des Barbelettes et me dirige vers mon ruisseau. O'Rourke au désespoir de ne plus l'entendre un jour avec Grubbs, et un tourbillon Gastr Del Sol fait danser les Trembles du vallon. « The Serpentine Similar » dans la mémoire et tout dégringole liquide dans mes bottes de caoutchouc.


Je suis apaisé et bien réveillé, l'air me rentre par les pores, les combes sourient avec ses ravines herbeuses, la lumière nouvelle se teinte de jazz éthéré, elle chasse toutes les moisissures de automne engorgé. Je vais sûrement revenir par la rue du Moulin de Pont jusqu'à mon Épaule. La douzaine de morceaux peuvent bien repasser à nouveau et l'heure recommencer.

Gastr Del Sol 2024 « We have dozens of titles » sur Drag City

 

lundi 6 janvier 2025

Julien Clerc 1970


 

Je dors en bas, juste au dessus du lit de mes anges...des jours entiers à les aimer. Là-haut plus rien ne bouge. Cette nuit comme tant d'autres avec mes cent pas, je n'ai pas dormi. Il y a bien un moment dans la journée où tout se tait, le centre du silence, en plein milieu duquel le bipède ferme enfin son claque merde. Pales, moteurs, verve et micro-onde.. le point à choper, aphone.

Il est 4h du matin, je tourne en rond, une envie de vide et d'orgies. « L'instant le plus lourd », rien ni personne pour me soigner, tout le monde dort. La cogite, les choix, quelques horizons à peine, la nuque se penche et le front affronte le rien. Il va falloir sortir dans quelques heures et déjà la première voiture du village prend son chemin. Ils disent que le soleil va se lever, rien du tout.

La lueur première dans quelques heures, il est 4h du matin, et dire qu'à quelques ruisseaux d'ici, les menhirs ne dorment pas non plus. Je suis un Bernard l’Hermite au creux du canapé. Une pince dehors, le cerveau dans le vide sanitaire, et je bute les ouïes grandes ouvertes. « Nous sommes des gens parfois gais », question de météo.. mon tempérament s'effondre quand sonne l'heure vide. 4H du matin, toutes les âmes mortes ronflent.

Mon lendemain s'en va, hier gigote encore, tout remue, s'effondre et resurgit, c'est un beau merdier dans ce faux tri pour la bonne mine. Dans quelques heures le jour, et si la nuit revient, j'y s'rai pas pour grand chose. A qui dédier tout cet ennui quotidien ? Très souvent à l'heure creuse, je fredonne cette chanson qui me baigne et me rassure.

Julien Clerc 1970 « Des jours entiers à t’aimer » sur Pathé

 

samedi 4 janvier 2025

Mount Eerie 2024

 


Garder ce sol qui s'émeut, avec son ciel abyssal. J'ai des montagnes plein la tète et avec l'hiver toujours ce bleu hématome qui fige mes pas et mes trapèzes nacrés. Le halo autour de la lune m'hypnotise. Un ampli de gratte en écore d'if me démange la mâchoire. Brasero hypnotique en plein déluge de neige hypothétique, des flammèches voltigent et je happe n'importe quoi. Les mecs ont fait fort cette année, Wheeldon, Joyner et Elverum donc. Tiercé bouclé, trinité en furie, la trilogie en boucle des bandes sons cardinalo-séminales.

La colline est bleue, le ciel ciel, aucune eau n'a quitté le ravin depuis des mois, l'été n'a pas bu les creux, tout regorge et pourtant tout semble évidé. La bombe de brouillard a tout flouté les traits et les balades s’enchaînent, du bois, de l'écorce rugueuse, le vent du poète, les odes fantomatiques en suce, et en plus il nous chaloupe comme la nausée des fêtes et le remède qui va avec.

L'objet est sublime, pochette poster géant et des photos à s'y perdre. Totalement nature, saisissant, renversant touchant parfois au bouleversant, il abîme ou requinque..au choix. Je vis en pleine montagne, la nuit est un royaume, « Demolition » me terrasse et "Gleam.. " colle tellement à la réalité.



Mount Eerie 2024 « Night Palace »

dimanche 29 décembre 2024

Simon Joyner 2024

 


C'était déjà une riche année toute noyée de lymphe et de salive lacrymale, Mount Eerie, Nick Wheeldon.... ce Simon Joyner, c'est abuser.


Tout est gelé ce matin, le nacre appuyé du bleu pétrole me ravage. Ma plaine est un hématome. Sûrement je vais aller lui pommader la couenne quand j'en aurai fini avec mes œufs brouillés. Il faut aussi que je trouve mes grolles.

Je n'ai jamais vu autant de stries dans le ciel depuis qu'il est éclairé pas en-dessous, on pourrait flair des mots croisés dessus, va falloir ralentir sévère les enfants.. ouaih c'est vrai on s'en fout, c'est foutu, les carlingues sont déjà commandées.. crève.

Je suis chaussé, je vais aussi aller faire de la buée avec ma bouche en foulant ce limon violacé, puis j'irai me faufiler à travers le petits bois de bouleaux argentés.

Tout est devenu pastel en quelques minutes, rien n'a dégelé, les stries se sont aplanis comme des nuages d'altitude, c'est vachement bien foutu, on dirait un voile qui se gausse et toise ma brume des petits chemins qui a bouffé la vieille colline du village voisin. Ils sont beaux ces bouleaux pâles qui blanchissent les nuits étoilées, il ne manque plus que la neige pour les épouser. Ce petit givre fera l'affaire, il a talqué pour quelques instants ce fugace crépuscule qui chante le « Coyote Butterfly ». Quel nom d'album !!!

La terre brune commence à coller, il est tant de rentrer pour un café chaud. Simon Joyner de saison s'est fendu d'un opus de bois et d'écorces pour chanter les chatons qui se balancent à peine dans cet air vain sans vent, plombé par ecchymose d'un pâle mercure. Le soleil sent l'arnica, je fusionne avec cet artiste et ma bouilloire qui me siffle du bec.

Simon Joyner, après tous ces sanglots rageux de beauté ankylosée cette année ?? c'est abusé..ou pas.


Simon Joyner 2024 « Coyote Butterfly » sur BB*ISLAND

vendredi 27 décembre 2024

Vincent Liben 2015


 

Il chantait « Mademoiselle Liberté » avec Berry en 2011. J'avais ramené cet album sans rien connaître de Vincent Liben, pas même qu'il avait un groupe du nom de Mud Flow. En Belgique, il résonne quelques groupes comme ça qu'on a tendance à oublier un peu vite.. Venus, dEUS, Girls in Hawai, Sharko....

Pourquoi cet opus 2011 dans ma besace, juste parce que j'aime énormément ces albums francophones qui tranchent la vie avec la mélancolie dans le sillage, la promenade bucolique légèrement voûtée, heureux et abîmé. Et il m'avait transporté comme un Pierre Bondu, Julien Baer, Wladimir Anselme, un Frédéric Lo, voire même un Yves Simon.

C'est un coup direct dans l'affect, sans que je puisse décortiqué le processus, accords, timbre, ambiance.. c'est comme ça. Et si cet opus totalement disparu (même pas proposé par les plateformes de streaming), mes algorithmes m'ont chopé en pleine écoute, histoire de me dire.. «  eh pépère..le Vincent, il en a sorti un autre en 2015 ». Merci Algo.

« Animalé » me tombe dessus. Les mêmes références d'étiquettes énoncées plus haut, obligé j'y pense. Envergure, dimension, émotions décuplées, gros niveau au dessus. Le rasé blanc a laissé place au visage en collier buissonnier sous un vert tilleul, les yeux ouverts, mais toujours abaissés, à éviter comme par timidité et les chansons défilent et je tangue et danse sous un ciel plombé pluvieux de haute plaine comme les miennes en moins Cévennes. La géographie dans les chansons me mangent les amarres et le vent du Larsac chasse mes noirceurs. Pour voir la mer quand on est loin, faut prendre de la hauteur et l'âme sur les lichens danse avec l’accordéon.

« Animalé » est un refuge au bord d'une rivière, un huis clos sentimental dans les grandes plaines.


Vincent Liben 2015 « Animalé »

The Groundhogs - 1970

  J'ai dû encore me fracasser le crane sur un un vieux silex, à chaque rechute ça me fait ça, je butte et bug sur un brûlot blues briti...