jeudi 27 février 2025

Miossec 95

 


Je nage comme je peux au milieu des moutons. Plantés, les grands arbres à hélices ne sont pas des phares, ils donnent juste le sens du vent. Il y avait pourtant les moutons. Mais où sont les falaises ? Les poteaux de craie ont des reflets d’outremer, les abysses sont peut-être plus proches que la côte, j’ai pas mon tuba. Anémones à terre, éoliennes de mer, je suis à bout de souffle. Ventilons. Ces pâles pales qui tournent allument l’ampoule du phare que je n’arrive plus à voir. Quelle connerie, tourner en fond. Mon angoisse est palpable, dans quel sens nager ? Tranche de hasard définitif, mon front hagard sent les récifs, « étouffer les sirènes ».

Quel drôle de rêve avant d’aller à nouveau me plonger dans ce bain de fadaise d’entretemps. J’ai la trombine salée et mes draps sentent le varech. J’ai pas regardé le 7-0 on s'en foot, la rade ne prendra jamais l’eau. Quelques tempêtes seulement. Les rades en zinc. La troisième mi-temps dans la troisième dimension, une mise en bière animale avec les matins assassinés. « Miossec, tonnerre de Brest » invitation au voyage en ARTE, et voilà mon déclic citrate. Foutu terre du Finistère qui tangue sous mes quatre fers. « Boire » en boucle du coup, pour les souvenirs, l'album contagieux, ça m’apprendra, la prochaine fois j’écoute « Baiser ».



Miossec 1995 « Boire » sur Play it again Sam


mardi 25 février 2025

Pulp - 1997


 

Et Sheffield me tombe sur la peau. A force de me faire cracher dessus par ce ciel vérolé, l'idée d'être aspergé par moult giclées cellulaires m'est venue comme une averse. Tant que les ligneux ne suceront pas la terre, la boue nous collera toujours cette moue tenace. Bientôt le bourgeon, la pompe vers les cieux, débourrage et envies d'y ajouter sa gomme arabique, en attendant la peau duveteuse sur le velours du sofa, toujours l'espoir.

La ville est sale, les tronches sont dégueulasses, des fantômes font la marelle sur les auréoles mordorées d'hydrocarbure, bitume la grise, des yeux sur la rivière de caniveau, le gargouilles entendent tout. J'ai un chef d’œuvre dans la tète. Des cuivres graves, de la grave Brit bien lourde avec accent et chœurs, J.Cocker de Sheffield, pas Joe, mais Jarvis, la chaloupe timbrée, la pochette Roxy, l'idée de tanguer sur de la pop sensible bien bâtie, les violons sur des claviers crachins, 1997 en apothéose. Ma fille avait 2 ans, mon fils naissait, j'avais quand même le temps de bouffer de l'opus sonore dans sa plus belle texture, danser un slow sur « Dishes » et de me bouffer la « Sylvia » dans sa flotte. Quel disque !!

L'intro à la Arab Strap du titre éponyme a toujours tendance a faire vriller mon attitude et mes gestes dans mon huis clos qui passe du sérieux au sulfureux, cuivres zombies, Jarvis incarne au maximum, double pavé, monument.


Pulp 1997 « This is Hardcore » sur Island records

 

jeudi 20 février 2025

Ignatus - 2025

 


Toujours dans les gros films sensationnels, quand un zinc passe dehors au dessus, l'acteur dans son salon regarde le plafond. Il sait qu'il ne verra pas l'engin pourtant son regard suis la trajectoire suggérée. C'est un peu ce que j'ai vu quand les Victoires sont passées sur l'écran. Une charpente avec tuiles et cheminée comme écran. Opaque et pas que. Mes yeux éberlués. Au dedans de mon huis clos, Ignatus lui était bien là, histoire de retrouver la vue.


Tiens l'herbe grasse, 1997, « L'air est différent ». Se vautrer dans la grass dodue comme Perry Blake ou The Necks qui a déclenché quelques souvenirs gras minés.

Sa voix rassure et ricoche sur tous ses albums, la poésie où il y en a presque plus, saisissons. Sa danse en douce tranche du pastel embaume, rouflaquettes et de jolies choses chantées. Ma jeunesse aussi se réveille, avec des corps de murs en cailloux, des odeurs de silex et d'humus labouré. Torchis. Des chansons comme les siennes de terre me renvoient toujours à ce que je fus, ce que je suis à l'écoute de « Dans les virages », dedans ses croquis humains à travers lesquels il faut zigzaguer comme on empoigne sous les ombres.


La grimace aussi pour mon premier verre de vin. Ma première cuite accidentelle à cinq ans a dû imposer le processus de rejet. Un quart de siècle après pourtant, c'est devenu une découverte, un délice, tanin tannant mes mots retrouvés.

« Dans les Virages » m'apaise. Il est délicieux cet album, on est bien, sous un ciel taquin, avec un verre de vin et beaucoup de mots divins.

Dans la catégorie plus beau chansonnier... « L'ombre » plus que tout.

Ignatus 2025 « Dans les virages » sur Ignatub 

mardi 18 février 2025

Milan W. 2024



Dream pop enclenchée. En plus sombre, la guitare dépitée, 90's, j'avance en tâtonnant j'attends l'effet. Il n'a pas traîné. Il n'est plus question de flotter mais de surnager. C'est une pépite d'effondrement stoïque, l'angle est souffreteux, et la fuite visqueuse. « I wait » me tabasse. Tout me saigne. La lucarne empoignée, je cherche de l'air à respirer. Vasistas entrouvert la tasse à boire, et je reste accrocher, tant qu'on a de l'air on garde la mémoire.

C'est tellement beau, on dirait être un survivant de tout.L'épaisseur vrille la note, le Jack mou et le batteur torché et sans cesse ce héron qui me fixe. Milan Warmoeskerken entre dans mon obscurité. Et ça danse en apesanteur, ça tourne et défaille, autre sublime découverte.


Milan W. 2024 « Leave another day » sur Stroom

 

samedi 15 février 2025

Wallners 2025


 

Décidément, la nouveauté ne me lâche pas. Envie d'avancer encore un peu plus dans l'année histoire de fuir, d'aller fleurir.

Un appel au temps clément, une prière à la nuit paisible éclatante et dégagée, et je plane un peu sur cette gracieuse apparition.

Bucolique à rester figé devant un miracle de lumière lunaire chialant un ligneux nu. Il y a de l'écho dans cette pénombre immobile. Des chants suspendus, des notes flottantes, tout s'évapore. On en oublie cette air frais qui tombe sur les épaules. L'haleine en buée floutant cette prairie, duc en curiosité, brocard cloué, quelques branches craquent et les synthés s'allongent.

Une grande fratrie patauge dans la dream pop, berceuse contemplative, des murs palpitent et les teintes sont belles.

Sublime découverte 2025.


Wallners 2025 « End of Circles » sur Upstairs

mardi 11 février 2025

Tunng 2025


 

Pas humain cette flagellation glaciale sur la face, blizzard, frimât et rafales d'aiguilles en pleine poire. Qui va interdire d'aller au taff sous des températures négatives ? On n'est pas des pingouins !! Déjà les forceps au réveil, si on te jette dans l'eau glacée en plus, comment faire pour aimer les gens après.

De même, quand il fait beau et soleil, quand le ciel est clément avec des ondes tièdes à faire se balader les plus lourds canapés, on devrait rester dans son jardin et sur les chemins.


Et la pointeuse dans tout ça, cette bote noire de nos fatigues récurrentes, la fente vicieuse de nos acidités. Il fait cendre, le vent n'a aucune ambition, le mercure végète sans prendre de décision, mes pompes sont trempées alors qu'il ne pleut pas.. alors on bosse. À quoi se raccrocher, même pas envie d 'aller pisser, faire péter un troisième café, à quoi bon être énervé, de toute façon ça se saurait si là j'étais en train de créer des richesses. Assis sur mon steak je matte la mouscaille, je pavane mon ciboulot et regarde mes paluches automatisées gesticuler. Quoi écouter ? Il me faudrait un truc légèrement sucré avec une pointe de sel, léger en tout cas, pas gai, surtout pas, mais pas déglingué de la jovialité non plus, neutre comme cette absence de temps. On va pas sautiller, ni s’effondrer, juste se mettre bien dans ce cambouis ambiant.


C'est doux, ça plane, ça croustille dans la mélancolie, je me souviens des belles heures de Static Caravan Records, il y avait ce groupe délicieux qui faisait frétiller les paupières, from London. Tunng 2005. L'époque où je me vautrais dans ce style, l'auberge Morr Music, Fonal aussi et tant d'autres.

Tunng, tiens, j'ai lâché après la « Turbines ». Qu'est ce que j'ai aimé « Mother's Daughter and Other Songs ». « Love you all over again » 2025 est tout comme il faut, fidèle à cette douce électronica sur de belle mélodies folks. 20 ans en arrière, tout ce qu'il me fallait. Tiens, une éclaircie.


Tunng 2025 « Love You All Over Again » sur Full Time Hobby

vendredi 7 février 2025

Shannon Wright - 2025

 


On fait un tour de table. Je vais passer le micro pour que chacun se cause de lui. Oui on se connaît tous, et même votre tète me dit quelque chose, mais il faut qu'on tourne autour de la table ovale, c'est cyclique, c'est ainsi, elliptique comme la terre, il le faut je vous dis. On se croise, la tète droite et le regard oblique, peut-être on s'oublie des fois, alors tournons tordus elliptiques en toc. Et causons de nous nom d'un chien.


J'ai un doute sur toi, ton regard vide me dit quelque chose. Toi passons, je te connais, le doigt en l'air. Passe à ton voisin. Ah lui j'ai aucune idée de ce qu'il est ou ce qu'il fût, enfin si, ou plus, mais le son de sa voix et sa façon de prendre le micro avec sa photo sur la fiche signalétique scolaire m'embrouille. « Allez dikituhais et pourquoi téla, même si tu es invité..fais un effort merde, tu penses quoi du ciel ce matin ?». Tu ne diras rien ? il faudra bien que tu dises quelque chose. À toi. Calme-toi, j'ai pas demandé un CV non plus, l'A4 plié te colle à la paume ?!! détends-toi on voit d'ici ta feuille vierge avec ton nom en flou. Passe à ton voisin..le micro foutre dieu, le micro. Bonjour. Ok passe à ton voisin. Tu as déjà parlé toi, on a fait combien de tours ovales  ?? ah quand même..vous avez paraphé la feuille de présence, même avec le tour de table pas très rond, on ne sait jamais si vous êtes là avec vos yeux de limande ou pas..l'A4, elle est collé sur les paluches de l'ote fiac.. t'es qui toi au fait ?? bon, on refait un tour de table.

L'ordre du jour est reporté à la prochaine réunion... on se dit à demain matin 10h30 dans la salle « Rhododendron », on pourra organiser un groupe de travail pour la semaine 19 et voir comment on pourrait arrondir cette table ligneuse ovalée de réunion pour mieux finaliser l'ordre du jour prochain en optimisation circulaire pour bilan qui n'en finit pas de tourner à l'ovale. Qui rédige le compte rendu ?


Shannon, pas la peine de prendre le micro, tout le monde te connaît ici, « Honeybee », province et secret du sang, oranges in the wool .. un cercle vicieux. Tu te souviens de Yann TIERSEN Shannon ?? il prenait le micro comme personne. Et puis ses cordes et son souffle t'allaient si bien.

Je crois bien qu'on va te donner les clés de cette année qui démarre dans la vase pralinée qu'un glacier n'avait pas anticipé. Un gros caillou est tombé. Pas sur nos cranes, c'est déjà ça. Un bloc en pavé, Cat Power et Beth Gibbons peuvent se porter pâle.

Première importance de l'année, Shannon Wright, plus belle que jamais.

Et toi, comment tu t'appelles ?? et qui fait quoi au fait?? intitulé ? Amour si terne.


Shannon Wright 2025 « Reservoir of Love » sur Vicious Circle

Miossec 95

  Je nage comme je peux au milieu des moutons. Plantés, les grands arbres à hélices ne sont pas des phares, ils donnent juste le sens du ve...