Les giboulées vous plaquent dans un endroit insolite et impromptu. Eviter le lessivage, la dilution de moelle, le détrempage et fuir ainsi les contraintes d’envergure pour ne pas rester les fringues liquides pendant des heures. Une pluie torrentielle comme refuge obligé, une pause au trafic chaotique étourdissant, ce flot qui nous happe malgré nous. Ainsi, sous un store de magasin ; un porche ou une impasse étroite; un abri de bus ou un marronnier feuillu; un pignon de bâtiment faisant front aux vents de mars ; un zinc hospitalier, le mouvement s’arrête essoufflé mais rescapé.
Contemplatif et témoin du brouhaha, bien à l’abri, le cuir des chaussures et les ourlets qui sucent le flot du trottoir, le spectacle en observateur retiré commence dans le vacarme devenu étranger. D’acteur on devient alors spectateur et les sons défilent au bon vouloir du débit des gouttes qui cinglent alentours. On se recroqueville alors dans le flottement ralenti et détrempé. Les klaxons deviennent sourds et les vrombissements se confondent dans un bruit de ressasse pluvieux que les pneus, seuls objets en mouvement, diffusent inlassablement.
Quelques secondes interminables, le paysage maté surfe quelques instants sur un miroir urbain derrière lequel se dissimulent toutes les tètes encapuchonnées.
La pause qu’un déluge impose comme une pluie cinématographique est un peu l’impression qu’oblige l’extraordinaire « the rest, i leave to the poor » joliment filmé par l’association de Plinth et Textile Ranch. Sous un toit de fortune, les 41 minutes sur un seul morceau exige l’arrêt total, la concentration maximale, comme si une averse lumineuse offrait à chacun un moment de spectacle éphémère des plus émouvant :
Un doux déluge ambiant de mouettes mêlées aux cloches attend les chœurs religieux derrière des flots marins ; un gospel celtique ; un chant divin ; un orgue puis une machine à écrire gigote. Une nappe ambiante où il pleut averse rappelle Sheppard/Phelan et précède quelques cordes classiques et sèches. Comme des vagues successives les scènes défilent sans que l’on ne puisse bouger, implacablement figé par les trombes. Guitares et violon larmoient et le tonnerre gronde, une guitare claire proche des paysages de Rothko vient annoncer l’accalmie. Le clapot que pleurent les gouttières en zinc à nos pieds reprend ses esprits alors que les vocalises de Klima dissipent toute angoisse. Quelques xylophones et percussions dessinent le dernier rideau cinglant de l’épisode météorologique. Le vent siffle et chasse les gouttes, le déluge électro cesse pour des vagues ensoleillées d’une harpe enchanteresse.
Le corbeau tué ne change rien à l’affaire, le trafic peut reprendre, requinqué par cette pause revigorante, fraiche et inattendue. Faut-il attendre l’averse pour observer ? « The rest , i leave to the poor » est un disque paysage fantastique qui bouscule l’imagination. Libre à chacun à l’écoute d’y voir fleurir le rêve qui lui procure, il suffit juste de s’arrêter à l’abri de toute situation parasite, quelque part, dans un endroit retiré de tout…et se dire encore une fois que la musique procure des moments divins si l’on s’abandonne à ses sens généreux.
41 minutes de court métrage musical d’un bloc n’est pas une contrainte, c’est un refuge, une invitation : « A postal correspondance by way of her majesty’s royal mail service between Mr Tanner of Plinth and Mr G Johnson of Textile Ranch. Ms A David Guillou and Ms Autumn Grieve contributed other important voicings and instrumentation”.
Ce voyage cinématographique est l’oeuvre d’une association de deux multi-instrumentistes. Michael Tanner du groupe Plinth abrité chez foxy-digitalis, et Glen Johnson qui en présence à la voix de Klima ( A David-Guillou) fonde Textile Ranch, duo arraché au groupe mythique Piano Magic.
PLINTH / TEXTILE RANCH : the rest, i leave to the poor 2008
Contemplatif et témoin du brouhaha, bien à l’abri, le cuir des chaussures et les ourlets qui sucent le flot du trottoir, le spectacle en observateur retiré commence dans le vacarme devenu étranger. D’acteur on devient alors spectateur et les sons défilent au bon vouloir du débit des gouttes qui cinglent alentours. On se recroqueville alors dans le flottement ralenti et détrempé. Les klaxons deviennent sourds et les vrombissements se confondent dans un bruit de ressasse pluvieux que les pneus, seuls objets en mouvement, diffusent inlassablement.
Quelques secondes interminables, le paysage maté surfe quelques instants sur un miroir urbain derrière lequel se dissimulent toutes les tètes encapuchonnées.
La pause qu’un déluge impose comme une pluie cinématographique est un peu l’impression qu’oblige l’extraordinaire « the rest, i leave to the poor » joliment filmé par l’association de Plinth et Textile Ranch. Sous un toit de fortune, les 41 minutes sur un seul morceau exige l’arrêt total, la concentration maximale, comme si une averse lumineuse offrait à chacun un moment de spectacle éphémère des plus émouvant :
Un doux déluge ambiant de mouettes mêlées aux cloches attend les chœurs religieux derrière des flots marins ; un gospel celtique ; un chant divin ; un orgue puis une machine à écrire gigote. Une nappe ambiante où il pleut averse rappelle Sheppard/Phelan et précède quelques cordes classiques et sèches. Comme des vagues successives les scènes défilent sans que l’on ne puisse bouger, implacablement figé par les trombes. Guitares et violon larmoient et le tonnerre gronde, une guitare claire proche des paysages de Rothko vient annoncer l’accalmie. Le clapot que pleurent les gouttières en zinc à nos pieds reprend ses esprits alors que les vocalises de Klima dissipent toute angoisse. Quelques xylophones et percussions dessinent le dernier rideau cinglant de l’épisode météorologique. Le vent siffle et chasse les gouttes, le déluge électro cesse pour des vagues ensoleillées d’une harpe enchanteresse.
Le corbeau tué ne change rien à l’affaire, le trafic peut reprendre, requinqué par cette pause revigorante, fraiche et inattendue. Faut-il attendre l’averse pour observer ? « The rest , i leave to the poor » est un disque paysage fantastique qui bouscule l’imagination. Libre à chacun à l’écoute d’y voir fleurir le rêve qui lui procure, il suffit juste de s’arrêter à l’abri de toute situation parasite, quelque part, dans un endroit retiré de tout…et se dire encore une fois que la musique procure des moments divins si l’on s’abandonne à ses sens généreux.
41 minutes de court métrage musical d’un bloc n’est pas une contrainte, c’est un refuge, une invitation : « A postal correspondance by way of her majesty’s royal mail service between Mr Tanner of Plinth and Mr G Johnson of Textile Ranch. Ms A David Guillou and Ms Autumn Grieve contributed other important voicings and instrumentation”.
Ce voyage cinématographique est l’oeuvre d’une association de deux multi-instrumentistes. Michael Tanner du groupe Plinth abrité chez foxy-digitalis, et Glen Johnson qui en présence à la voix de Klima ( A David-Guillou) fonde Textile Ranch, duo arraché au groupe mythique Piano Magic.
PLINTH / TEXTILE RANCH : the rest, i leave to the poor 2008
label : make mine music
quand on aime : Keiron Phelan / David Sheppard
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