dimanche 17 mars 2019

Musique pour Statues Menhirs



Le vent m'a mené ici. Berchère-La-Maingot. Des heures à arpenter les quelques rues. C'est un beau village de par chez moi posé sur un socle d’argile. Des pavillons fouettés par le recul. De grandes fermes, dont celle-ci bâtie de terre brûlée, comme une forteresse de briques à l'abri de toutes les bourrasques. Combien de briquettes pour ce corps de ferme comme un pouvoir ? Combien de chantignoles rouges cuites dans le four de Saint-Piat qui ne cuit plus, là, à quelques enjambées d'ici, un peu plus bas au creux de la vallée de l'Eure où je suis né.
Quelques bois se dessinent sur les douces collines qui mènent au canal Louis XIV. Je regarde perché sur ce plateau si de l'autre côté de la vallée je vois ma flèche. Il n'y a que les deux pointes de Chartres qui touchent le gris à peine, juste à ma droite.
Le vent se repend comme sur un littoral. Le ciel est pareil. Pourtant la mer est bien loin d'ici, de ces vastes plaines usées. Un drone ce vent, un son lancinant, quelque chose comme une musique ondulante qui s'étale. Pas vu l'ombre d'un être humain depuis quelques nuées. Les crucifères alentours guettent, une seule fleur de brassicacée fait sa merdeuse devant moi. Le colza s'impatiente et elle déjà danse. Les produits ont été déversés, les galettes du littoral vont bientôt s'échouer. Le même gris dans le ciel. Blé d'hiver frissonnant, colza à l'attaque, pour le moment c'est marée basse ici.

Le petit cimetière de Berchère-La-Maingot semble bien occupé, des corbeaux surveillent les silex. Le bec au vent, la plume lissée par le souffle du son des étendues. Les conifères de la colline d'en face offre le meilleur vert bouteille de la région.
Le vent m'a amené jusqu'ici. Il y avait des hommes à un moment donné dans ce beau village reculé, il y a encore des bulbes de boue séchée sur la rue Octave. Je n'ai pas vu les heures passer, juste ces grands peupliers tanguer comme une haie de genets craquants sur un littoral. Bien loin d'ici.

Musique pour Statues -Menhirs 2008 label : arbouse recordings


extrait de l'album "Black Sea" Fennesz 2008


5 commentaires:

TonTonMusik a dit…

Sympa j'avais oublié de m'acheter des cotons-tiges pour déboucher mes Zoreilles ... là on est prêt de l'acouphène assuré.

charlu a dit…

:D)) T'as écouté que d'une oreille ?? )))

DevantF a dit…

J'avoue que c'est inattendu. J'ai commencé mais au boulot avec le casque et c'était clairement pas le bon endroit.
La question que je me pose est: les lieux évoqués peuvent-ils eux être le/les bons endroits. Imagine, pas au casque mais camouflé pour que le son soit extérieur?

charlu a dit…

C'est des restes du jeu, le thème voyage .. j'avais 3 ou 4 billets. Un voyage près de chez moi, comme le bouquin de Jen Luc Muscat. Chaque sortie dans mes contrées me provoque un dépaysement total :)))
Alors le son.. c'est une fois chez moi, ce son à fond sur la chaine me renvoie qq plaines plus loin. Et dans les villages, le vent, les sons.. c'est des trucs comme ça qui résonnent.

Philippe Hiraga a dit…

Berchères-la-Maingot, beau village reculé où j'ai passé une partie de mon enfance. La mer est loin, mais le vent fou du printemps fait onduler les blés verts comme les vagues sur l'océan. Et la Rue Octave,en souvenir d'Octave Martin.

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