samedi 19 mai 2012

Hildur Gudnadottir 2012

Ce qui me pétrifie quand je suis au pieds de mon épaule, c'est qu'elle me toise. Les pierres nous observent depuis plus de six siècles, vestiges de fantômes.
C'est un peu la même chose pour la musique, c'est elle qui me jauge et m'embarque loin de moi. Je me perds de vue, j'absorbe et me nourris, remué.

La musique me toise et je suis à la merci de la création.

La nouvelle composition d'Hildur Gudnadottir est une formidable ascension édénique, comme on découvre un monument ancestral. D'expérimentation néo-classique, ce nouveau concept vertigineux nous dépose devant un vestige de pierres, un drone d'étagements d'âmes.
Les cordes graves d'Hildur annoncent en prélude, on voit la tour de loin, on approche. Puis des superpositions de voix viennent onduler sans rien d'autre autour, une naissance. Un enflement cellulaire durant lequel les cordes reviennent en nappes. Tout se dilate, se tend et se distend vers un drone solaire qui épouse la caillasse... l'élément vital vers le mouvement musical.

Le temps et l'espace.
Autoriser la lumière (« Leyfou Ljosinu »).

L'islandais n'en est pas à son premier monument, il est la voix, le violoncelle et l'électronique.
Ce chef d'œuvre classique ambiant a été enregistré live au Music research centre de l'Université de York.

Hildur Gudnadottir 2012 « Leyfou Ljosinu » label : touch
http://www.hildurness.com/
http://www.hildurness.com/
échelle de richter : 9
support cd
après 5 écoutes



3 commentaires:

La Rouge a dit…

Bordel! Faut que je trouve ça aussi. Bon week!

Mickael a dit…

Oui il est vraiment exceptionnel. Pour moi, il est au-dessus de ses précédentes productions. J'ai l'impression aussi qu'elle nous entraîne vers des territoires pas si éloignés de ceux de Grouper ou Julianna Barwick. Mais elle les surclasse ici, c'est certain!
Merci pour tes chroniques, je fais de nombreuses découvertes grâce à toi (pour Autistic Daughters, éternelle reconnaissance!). Quelle passion tu as pour la musique!

charlu a dit…

Vi Red... faut à tout prix, indispensable pour barbouiller :D

Mickael... merci pour ce beau comm.. et ce rappel à A.Daughters, vieille chronique !!! puis je suis complètement d'accord avec toi. J'avais été anéanti par le précédent d'Hildur ("without...."), mais là, c'est une progression édénique d'une pure beauté. Grouper.. génial.. tu sais qu'ils ont une grosse "actualité" (objets rares introuveblaes).. et y'a une tonne de disques avec la même palette...
Merci merci...BIZZZ

Clogs 2003

  Près du Butin ensablé, la Seine s’emmanche. Du laiteux mou s’engouffre dans l’albâtre. La Manche n‘a que faire de l’océan, ici le bras l&...