jeudi 31 octobre 2013

Burkhard Stangl



Une nouvelle bande son picturale vient d'être composée par Burkhard Stangl. Réverbérations, distorsions, résonance... les techniques nécessaires pour peindre la musique, pour noyer les notes de guitare claire dans la lumière et le contraste, le temps s'arrête sur la création.
« Unfinished » propose une vision sonore du peintre William Turner. Une fois encore, on pourrait choisir notre propre interprétation, notre intersection artistique entre peinture et musique, faire coïncider les ambiances et les textures via notre ressenti. Stangl égraine ses notes dans le silence, l'espace et les jeux de lumières. Un léger field recordings vient lier les couleurs, et pénètre le lin.
 
Hyper contemplatif, devant une toile de Turner, une lumière puissance d'un paysage calme et reculé, devant un processus créatif.
 
Il y a Fennesz aux manettes, ça se passe chez Touch.


Burkhal Stangl 2013 « Unfinished. For William Turner, painter. » label : touch


mercredi 30 octobre 2013

Food Pyramid



L'horizon me repose, je peux rester des heures à fixer ce trait net qui scinde.
Il suffit juste qu'il pleuve averse, ou qu'un rayon de soleil dégringole oblique et transperce les nuages pour aller frapper la ligne droite, pour que tout devienne spectacle, pause et pâmoison.
La musique de Food Pyramid est ainsi, une ligne horizontale fantomatique brouillée par une pluie synthétique, organique, pourpre soul et mollement apocalyptique. C'est moderne, syncopé, déshumanisé, un dancefloor de paysage en trombe psyché, délavé, cinglé de pluie, douché de lumière boréale.

« Ecstasy & refreshment » irradie en douceur, ou plutôt magnétise d'un son toxique, électro, moderne et expérimental qui vient d'en bas.
Il n'y a pas d'abri, comment se fait-il, qu'il pleuve et que l'on puisse regarder vers le haut ?
Cet album aux sonorités 90's est proposé chez Holy mountain (label mythique de Ben Chasny), il est un troublant voyage magnétique lascif.


Food Pyramid 2013  « Ecstasy & refreschment » label : holy mountain

mardi 29 octobre 2013

Jethro Tull 2013 (1969)



 
 
Avant...Après... « Living in the past ».



Je ne chronique jamais les ep, j'aime trop l'idée d'un album. Quelques vinyls, quand le rituel se fait sentir. Et je ne résiste pas ici, à vouloir parler pour la première fois d'un 45T (ou plutôt un 33T ep)... non pas sorti des bacs d'occas, d'un vide grenier ou d'un chapardage familiale... non, c'est une nouveauté, le nouveau 45T rétro de Jethro Tull.
En face A, le hit 69 « Living in the past » et « Witch's promise ». En face B, la version UK mix 2013 de « Teacher », puis « Life is a long song ».
Chrysalis le label, un petit trou au milieu de la rondelle vert tilleul avec le papillon rouge, une pochette extraordinaire...un 33T 4 titres format 45T, avec les rebords pliées à l'extérieur du verso, comme à l'époque. Dire que l'on retournait les galettes toutes les deux chansons, et même une seule !!
On s'y croirait.
Une nouveauté Jethro Tull, un petit plaisir.

 
 

lundi 28 octobre 2013

Julien Doré



Décidément, « Bichon » n'était pas un accident, un instant opportun éclairé. « Love » confirme. Julien Doré propose un nouveau grand disque de chansons d'ici, même si quelques une sont en anglais. Un toucher, un talent, une vision imparable de la chanson efficace bourrée de talents, à fredonner n'importe où et n'importe quand.
Ce troisième album va faire table rase des lourdeurs de CV qu'on lui afflige, et des baves médiatiques. Il était écrit qu'il serait facile, avec toujours ce petit décalage kitch cliché qu'on aime sans réellement pouvoir l'assumer. J'assume en bloc, cet album est grand, du calibre de « Vers les lueurs » de Dominique A, de quelques chansons de Christophe, des airs de Florent Marchet, un dandysme Sébastien Tellier, Julien Baer en simplicité.... y'a tant de choses chez Julien Doré qu'il en devient unique.
Et puis il y a «Platini », chanson déglingos façon Katerine, sulfureux, provoc avec un gros matos mélodieux derrière, hommage en substance.. à l'aube d'une grève footballistique, il serait bon de passer cette chanson juste pour rappeler ce qu'ils sont devenus, ce qu'ils deviennent, ce qu'ils vont devenir, ce qu'ils sont..même s'ils ont été, histoire de relativiser, et de rire aussi...ou de pleurer.


Je n'aurais jamais cru en « Love » aussi rapidement, si je n'avais pas accroché sur « Bichon ».. Un grand disque.



Julien Doré 2013 « Love » label : columbia





jeudi 24 octobre 2013

Nils Petter Molvaer & Moritz Von Oswald



Miles Davis vers un dub éclairé, planant.... un grand vaisseau spatial cuivré en partance vers le soleil. Polaire..solaire, peu importe, juste de tortueux paysages labyrinthiques doux, façon Harold Budd, à la recherche d'une planète outrageusement nuancée. Astral.
Seuls les crépitements du vinyl nous rappellent que nous sommes encore sur terre... un nouveau voyage immobile.
1/1 est un prodigieux jazz cosmique en équilibre vers des nébuleuses empiriques, une impro live qui happe et nous invite à expérimenter la liberté d'un duo électro-jazz.



Nils Petter Molvaer & Moritz Von Oswald 2013 « 1/1 »
 
 

mardi 22 octobre 2013

Keziah Jones 95




Complément d'enquête sur les guitaristes foudroyés par l'éclair : après le franc succès du premier album de Keziah Jones en 92, celui-ci s'est attelé à durcir, sur son album suivant, le son de ses riffs et de sa pédale, de la basse qui devient folle, et de la batterie qui s'alourdit plus encore.
Des morceaux épiques, de l'acier sur le génie guitaristique du nigérian. Sombrant dans la fusion « African space craft » aura des sonorités Red Hot des débuts (« Prodigal funk » ou encore « Funk'n'circumstance »), avec en plus la chaleur africaine de son écriture « rockysée » et poussant encore plus loin son jeu de guitare endiablé, génial (intro de « Million miles from home »), groove et hendrixien.
Chaque morceau est un brûlot, des intros qui ajoutent un aspect conceptuel, le morceau éponyme dure 8'12''..infernal et sévère. Faut pouvoir se le bouffer sur une heure sans repos cet opus. Comment ne pas devenir fou sur « Dear Mr Cooper »;
« Colorful world » sur un tempo hard;
« Cubic space division » à toute vitesse;
le dansant « Never gonna let you go » plus fidèle à son style ordinaire et terriblement contagieux...(l'intro directe me rend fou).
Funky, groovy, hard, métalleux, blues, endiablé, infernal, fusion, terriblement bon, je ne suis pas sûr que cet album là ait rencontré les suffrages, comparé au premier et aux suivants.. le syndrome du deuxième album comme ils disent, moi c'est mon favori.

Pour info, son dernier album date de 2008, il a inventé un style, le « Blufunk » qu'il veut mettre en pratique en créant un festival Paris-Lagos.... son nouvel album sort en ..novembre 2013 « Afro New Wave ». Bim.



Keziah Jones 1995 « African space craft » label : delabel

 
 


Black Joe Lewis 2013



Faut pas se trimbaler sous l'orage comme ça, avec sa gratte branchée sur le secteur.
L'a pris la foudre direct, une fulgurance dans l'échine. Du coup, les plombs soul ont sauté et le blues incandescent de Black Joe Lewis a été cramé, calciné en rock abrasif détonnant et musclé.
Le plein d'énergie, il va falloir attendre pas mal d'écoutes avant que la braise ne s'éteigne, avant de voir l'aiguille du compteur quitter le rouge, que l'effet joule redevienne soul. Moi je m'en fout, j'aime les deux, "Electric slave" est époustouflant, des corps vont se vider, des courbatures s'engluer sous la peau... putain que c'est bon.
Un jour, le sublissime guitariste Keziah Jones, m'avait fait la même impression, sans pour autant atteindre la même brûlure, avec son atypique « African space craft », il avait endurci son jeu en 1995, tout en gardant sa chaleur habituelle.
Canicule sous la chemise, carnaval dans le slip, cataclysme dans les haut parleur, le nouveau Black Joe Lewis est une bombe.



Black Joe Lewis 2013 « Electric slave » label : vagrant





 
 
 




dimanche 20 octobre 2013

Body / Head



Le corps et la tète, cette terrible frontière qui nous découpe la gorge. Comment y laisser passer nos sucs, la substance de nos noyaux à faire suer notre l'épiderme maussade.
Quelle transpiration accepter, quelle tolérance suis-je capable de m'offrir pour lutter contre l'égoïsme et l'autosuffisance, tout en acceptant la permission ? L'harmonie est un outil fourni sans notice.
 
Comment se libérer, glisser sur ce qui nous irrite, nous gâche. Il est nécessaire de phagocyter, pour déglutir, digérer et recracher quitte à perdre du temps sur la répartie, sur la violence des mots volcaniques. L'appareil digestif du cerveau est aussi lié à l'acidité des idées.
La carcasse a ses automatismes, la pensée feint, et quand les actes débordent, le cerveau se bleuit d'hématomes. La musique alors est une dose homéopathique d'arnica, la décontraction cérébrale est un lent processus à travers lequel je lis tout mon désarroi. Quel calmant, quelle punition s'affliger. Les dents serrées, je laisse la dérive contrôler et polir mes bosses, qu'il est bon de flotter...je laisse ces riffs oppressés me pénétrer en douleur, ces hurlements doux et syncopés me faire la leçon en douceur. J'ai toujours l'œil rivé sur ce coin de ciel bleu.
L'effet claustro est à son comble, pas beaucoup d'issue, une chape plombée anthracite de matière grise branle sous mon crane et mon corps en prend un coup.
 

Lee Ronaldo sort de son côté un nouvel album solo. Kim Gordon aussi, associée à Bill Nace, sous le nom de Body/Head. L'étiquette: « Experimental improv bass / Free noise guitarist ».



Body/Head 2013 « Coming apart » label : matador


samedi 19 octobre 2013

Lenny Kravitz 93



Keskekwakon en pense et n'importe kwakondiz, Lenny Kravitz a sorti un disque a placer sans hésitation dans l'histoire de la musique. J'ai commencé sa discographie avec « Are you gonna go my way ». Mais il est aussi celui avec lequel je l'ai terminée, plus rien d'autre après, impossible de me détacher de cet album là.
La chanson éponyme injecte un jerk endiablé avec un solo guitare/basse époustouflant. Du rock au dosage parfait, un son 70's, psychédélique juste ce qu'il faut, une voix, des singles à la pelle, du glamour et du groove.
Bref, une illumination qui lui aura surement brûlé la cervelle.
 

« Are you gonna go my way » est bourrée de références, se rattache à une époque, ça sent la vieille bagnole, l'urbanisme sexy, les riffs simples en gimmicks entêtants, ça sent le chaud sous le capot, ça ronronne, éclabousse et ça y va tout seul. On renifle le bill board à plein nez, le mégalo aussi, on dirait une compilation. Ça à l'air facile comme ça, c'est un grand disque rock des 90's, bien à lui.
« Just be a woman » sonne très Lennon, le disque sonnera très Beatles avec des allures d'Hendrix et de Prince. Surement a t-il été percuté par "There's a Riot going on" des Sly (qui ient aussi de ressortir en hyper deluxe edition).



C'est la période Vanessa Paradis, pour qui il vient d'écrire un album, un cliché de plus pour fuir à grande enjambée le produit. Eh bien que nenni, les bonus, ainsi que les « Vanessa Paradis demos » sont des bijoux à inclure directe dans l'album. Une muse ? Ce disque est tonitruant, excellent d'un bout à l'autre.

1993, pas grand chose dans les bacs au rayon nouveauté. « In utero »de Nirvana fait rage, il vient de sortir en réédition d'ailleurs, tout comme « Are you gonna go my way », en mode rétro, R'n'B pop rock de grande envergure. 20 ième anniversaire. 1993, pas souvenir de beaucoup d'album, celui-là en tout cas a fait chauffer la platine.




Lenny Kravitz 1993/2013 « Are you gonna go my way »
 label : virgin
http://www.lennykravitz.com/

jeudi 17 octobre 2013

Tindersticks 2013



 
Ceci n'est pas une compilation.

...enfin, pas tout à fait. Après une carrière de travail, d'expérimentations et de peaux burinées, les chansons de Tindersticks revisitées s'écoutent comme on explore une vieille boite à photos, quelques décennies ou années plus tard. Tellement différentes sur nos murs vieillis, et pourtant on connait, on y est encore..sous d'autres lumières.
Des années après, c'est plus beau encore, troublant. On revoit des visages, des couleurs, les émotions rejaillissent, celles qu'on maîtrise un peu plus. On palpe et croque la madeleine qui se voile de sépia et des saveurs d'alors.
Et en plus, lorsqu'il s'agit des meilleurs moments d'une vie, l'introspection vire à l'émoi.

Ceci est un grand grand disque.

Dépouillé, à portée d'âme, comme un huit clos acoustique, un live intra-muros, un événement comme une proximité que l'on aurait pu rêver. Si toutes les rétrospectives étaient ainsi, rejouées avec le poids d'une ardoisière, je me pencherais d'avantage sur les compilations.
Vingt ans de carrière, une vision deluxe, une vraie pour une fois. Il manque quelques années, on en redemande.


Ceci n'est pas un rêve.





Tindersticks 2013 « Across six leap years » label : lucky dogs/city slang
 

Sébastien Tellier 2013



Ailleurs la grandiloquence déiste, passée l'exubérance sexuelle ou l'excitation politique, c'est le retour à la ritournelle, affublée de l'immense tristesse de « L'incroyable vérité ». Le nouvel album de Sébastien Tellier prend à nouveau une autre direction gardant son touché pianistique et sa batterie molle de jazz ambiant. Il n'est pas très en verve sur « Confection » et j'y plonge comme on écoute une BO.. « Adieu mes amours » sonne comme un Polnareff des « folie des grandeurs » dans sa phase la plus douce, ou bien les espaces Moriconniens de "Rome", le fantastique album revisité de Danger Mouse et Daniele Luppi.
On le prend comme il vient, il fait ce qu'il veut, moi je le préfère comme cela, recroquevillé sur ses lueurs crépusculaires, mélancoliques, romantiques et classiques. Une nouvelle fois, Sébastien Tellier frôle les clichés, sans jamais y sombrer, un autre album concept, une autre couleur, de la musique décalée et sublime à l'image d' « Adieu » en ouverture.



Sébastien Tellier 2013 « Confection » label : record makers


lundi 14 octobre 2013

Arrowwood



 
Mazzy Star a grignoté des amanites et fumé du brun chamanique, avec dedans des limbes mous de fleurs fauves, faussement mauves avec des petits éclats de soleil au bout de la langue.
 
Une fois les ramures veineuses brûlées, le cerveau se dilate au bain-marie. L'incubation grimpe et liquéfie les peaux tendues. Je suis de plus en plus perméable.
Je laisse chaque cellule adsorber les sucs, je fais le plein de canicule avant l'hivernage.
La brume tronc et l'or au sol, je contemple la mutation avant qu'elle ne se couvre de givre.
 
Mon cerveau à l'envers n'est plus à niveau, je m'éloigne du caniveau et arpente les dunes marmelades des coteaux de terre verte recouverts.
 
Comme un chant de sirène forestier, je me suis dirigé aveuglément vers ce trouble acidulé, d'un breuil illimité, suffoquant sous l'infinie hygrométrique.



Engourdissant.



Arrowwood 2013 « Beautiful grave » label : merlins nose

 

dimanche 13 octobre 2013

Broderick & Broderick



Comme une belle éclaircie de fin de journée qui vient balayer des heures grises, « Broderick & Broderick » souffle sur les flans de quelques lourds nuages.
Une demi douzaine de chansons et pièces instrumentales suffisent a éclaircir le plafond. Ce mini 33T est une aubaine à ébrouer sur le visage, un petit air tiède de lumière tamisée, un air celtique frais néo-classique.
Peter Broderick et son père, se sont laissé aller au grès du vent à égrener des airs légers de cordes. Peter arrange, Steven aux notes, un peu de field recording, un chant, une histoire de famille. « The thunder dance » par exemple m'emmène sur les airs folkloriques et doux de Mike Oldfield.

Ce miracle blanc et turquoise injecte le printemps. Et pourquoi pas voir dans cette hécatombe chlorophyllienne annoncée, le cycle nourricier des prochains beaux jours à venir. C'est court, c'est trop beau pour se répandre, le son est sublime, il n'y a que des cordes, piano, banjo, nylon, basse, violon ….. Une nouvelle fois Peter Broderick affiche ses sentiments artistiques les plus tendres, les plus délicats.

Peter Broderick 2013 « Broderick & Broderick » label : team love
http://teamlove.myshopify.com/products/tl064
http://www.peterbroderick.net/
 

vendredi 11 octobre 2013

Piers Faccini




« ..mes mains touchent la rosée », quelques accords mineurs, le capo en 3, faut pas me faire des trucs pareil à moi, c'est pas réglo..les feuilles qui tombent à l'heure, la marée qui refoule nos humeurs, des âmes qu'on hurle en dedans, des mers à boire toujours assoiffé..et tout au bout, nos cellules qui explosent comme des bulles de savon, une à une, le desquame automnal des aldéhydes.

Piers Faccini a muselé sa gamme géographique comme si on lui avait enlevé quelque chose, comme s'il se retrouvait au pieds de ses ruines, des pierres qui font ses racines.
Il y a longtemps que je pense à écrire un billet sur ce baladin crooner, depuis « Tearing sky » en 2006 sans pouvoir me répandre sur cette évidence. A chaque fois, un album que l'on peut écouter tout le temps et n'importe quand. C'est assez rare des disques fidèles qu'on embarque partout. Il aura fallu attendre qu'il épure, qu'il se recroqueville dans sa profondeur, tout en gardant sa flexibilité vocale et son toucher musical chaleureux.
Il sort cet album sur un label qu'il vient de créer.
Il repartira un jour c'est sûr, en attendant, l'intimité et la proximité de ses lueurs terrestres sont poignantes, entre chiens et loups.
C'est un grand disque de troubadour qu'il nous ait donné d'écouter depuis quelques jours, un poète acoustique mélancolique.

Puis encore et toujours ces accords mineurs qui me foutent par terre, une mélodie aussi douce qui injecte une telle violence solitaire, accords-mélodie-harmonie, une beauté simple qui appelle à la démission, la contemplation d'un endormissement cyclique. « Reste la marée » naturellement me laisse avec une idée vague, la vague, le vague à l'âme.


Piers Faccini 2013 « Between dogs and wolves » label : beating drum


 

jeudi 10 octobre 2013

Agnes Obel 2013


J’ai mis quelques écoutes à pouvoir m’installer au sein des scénettes automnales d’ « Aventine », peut être a t-il fallu que je me débarrasse des prévisions appuyées et des éloges dithyrambiques avant même qu’il ne sorte, extraire les remugles Enya du clavier que j’eu préféré symphonique, ou encore retrouver l’effet de surprise qui avait fait de « Philharmonics » un des plus bel album de l’année 2010.


Au fil des écoutes, tout s’est dissipé et je suis resté avec ses notes, sa voix et la délicatesse de son acoustique sublimement composé. « Fuel to fire » est là, immédiatement pour happer de nouveau, avec cette petite nonchalance dans le timbre et ce murmure de folk néo-classique qui fait tout son charme. La suite est logique et divin, on s’amourache. J’ai eu peur un moment de ne pas pouvoir partager cette lumière orange tamisée, de ne pouvoir communier avec ses accords religieux.

« Aventine » est un grand disque.





Agnes Obel 2013 « Aventine » label : play it again sam

http://www.agnesobel.com/ 





samedi 5 octobre 2013

In Gowan Ring 2013



L'automne n'est pas encore dans ses morsures profondes et le mercure est resté figé à l'heure estivale. Tout est suspendu aux rameaux, la mobilisation a sonné, les animaux guettent et se chargent de patience. Les grandes chevelures s'enduisent de brumes, reluisent de brouillard, il fait tiède, il fait lourd et humide.

In Gowan Ring a su capter cette chaleur automnale, ce taux d'hygrométrie poussé jusqu'à son souffle le plus lourd. La terre exalte des parfums incandescents, la moisissure grouille et les champignons narguent.
In Gowan Ring, c'est Birch Book en plus acide, en version automne chaleureux, juste avant l'hécatombe des feuillages. Des plage noisy psyché ambiantes viennent s'incruster entre les chansons de folk lumineux de B'eirth.
Telles les rêveries d'un promeneur solitaire, cet album est la bande son d'une flânerie dans une forêt grasse, chaude et imbibée, enivré par milles parfums végétaux et les cordes médiévales de « The Glinting spade ». Le terreaux foulé est moelleux et sourd, il est prêt pour sa tendre couverture de couleurs chaudes.
En vinyle, l'écoute devient presque un rituel, religieuse.
Des chansons pour accompagner les clichés d'Echiré.
 


In Gowan Ring 2013 "The Glinting Spade" label : merlin's nose

vendredi 4 octobre 2013

About group



A propos de ce groupe là, une formidable excitation de jams expérimentaux se faufile dans le labyrinthe cérébral en toute liberté. Concassé puis étalé sur la palette, les couleurs s’entrechoquent, et sous la couche noire qui ondule, les teintes fauves psychédéliques jaillissent, éclaboussent. Ici viennent se percuter des membres de Hot Chip, This Eat et Spiritualized.

Jubilatoire.

Il y a du tangage dans cette sensualité burinée, du blues décalé, un esprit Prince. « All is not lost » est sexuel et contagieux, « Words » sur le "Sexuality" de Tellier. Les gammes sonores sont des textures en patchwork, cet album aurait pu être un recueil de pop blues jazzy ordinaire s’il n’y avait ce grain de folie bariolée et sophistiquée qui déplace la musique de « Between de walls » vers des architectures tarabiscotées et noisy. C’est moderne, rétro, improbable et accrocheur.

Excitant.

J’ai rêvé que je dansais un slow avec une fille à la coiffure astronomique et sauvage, la bouche violette et les yeux kaléidoscopique. Sa chrysalide collée sur ma cuisse comme une ventouse de poulpe caméléon, injectait une chaleur toxique faisant jaillir par les yeux des giclées de couleurs visqueuses et bariolée. Diabolique. Qui m'a réveillé, je veux retourner sur ce dance floor patchouli, injecté par la toxicité des sucs de fleurs acides de ma partenaire.


Inspiré.



About Group 2013 « Between the walls » label : domino
 
 
 

jeudi 3 octobre 2013

Cloud Control / Volcano Choir



A part peut être « Moon rabbit » qui ressemble en mieux à un mauvais Beach Boys, le nouvel album de Cloud Control est un bijou de pop élégiaque, collégiale, grandiloquente, aux mélodies planantes.
La son est spacieux, organique, électrique et moderne. Les australiens se classent parmi une pléthore de groupes « pop moderne », mais avec en plus, un charme dans l’écriture, jonglant avec voix neutres sous des effets de chorale saturée près à se jeter dans le vide pour glisser sur les convections. Les rythmiques et les idées musicales accrochent. Juvénile, frais, luxuriant et innocent, « Dream cave » est une belle surprise à extraire des trouvailles musicales de ces derniers temps.

Les nouveautés justement, avec quelques rapprochements de pochettes qui se croisent, le retour des Girls in Hawaii déjà chroniqué, et celui des Volcano Choir. Des effets de vagues sombres aux allures de montagnes, du bleu roi en pétrole dilué, la trinité océanique, une triangulaire géographique, Australe, Belgique, Amérique du nord.
Justin Vernon use de Volcano Choir pour s’exprimer à travers une pop électronique loin de son deuxième pseudo Bon Iver. Cette autre pop moderne évidente de Jagjaguwar, même si elle invoque une certaine monotonie à la première écoute, « Repave » nous transporte dans des espaces aux larges ordonnées, tout en gardant une certaines inertie dans les abysses. Il faut se laisser légèrement dériver par la houle pour adsorber les effets aériens de ce deuxième album, qui rappelle les belles heures de The Postal Service.
 
Volcano Choir ou Cloud Control ?? je choisis les australiens.


 
Cloud Control 2013 « Dream cave » label : infectious music
http://www.cloudcontrolband.com/


Volcano Choir 2013 Repave” label : jagjaguwar
http://volcanochoir.com/
http://www.youtube.com/watch?v=dp127U0EJoI&list=RD02AQVUiEWA1Pg


mardi 1 octobre 2013

TJ White



.....et se boire un excellent Guitares/basse/batterie, comme on laisse couler dans la gorge un bourbon 21 ans d'âge, ce blues a vieilli en fût de chêne, d'un malt qui a pris le soleil sévèrement, un goût de thé noir qui remonte et des odeurs de tabac corsé.
C'est pas fréquent de sortir un telle bouteille, Tony Joe White vient de poser sur la rambarde, une de ses meilleures, un cru à faire bramer le palais, un blues qui bande, le rocking chair qui chiale.
Les tempi sont chaloupés, les rythmiques cinglent et ronronnent, un discret clavier pour la lumière, une basse 16 soupapes, et les accords JJ Cale, un super putain de bon disque pour se foutre des alentours, juste là à rester savourer le boeuf de « Hooboo ».


Tony Joe White 2013 « Hooboo » label : Yep roc
http://www.tonyjoewhite.com/
http://www.yeproc.com/artists/tony-joe-white


Clogs 2003

  Près du Butin ensablé, la Seine s’emmanche. Du laiteux mou s’engouffre dans l’albâtre. La Manche n‘a que faire de l’océan, ici le bras l&...